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Fraude et lenteur dans l’inspection des marchandises : Le ministre de l’Economie tente de calmer la colère des commerçants

Publié le lundi 11 février 2008 à 10h34min

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Au cours d’une rencontre d’échange le vendredi 8 février 2008, le ministre de l’Economie et des Finances, Jean-Baptiste Compaoré a tenté d’apaiser la grogne des milieux commerçants avec la douane et le Conseil technique appliqué (COTECNA) au sujet des nouvelles mesures d’inspection des marchandises.

Les commerçants ne sont pas du tout contents du nouvel arrêté pris par le ministère de l’Economie et des Finances en janvier dernier pour mieux surveiller les marchandises.

En effet, cette nouvelle disposition stipule que toute marchandise d’une valeur égale ou supérieure à 3 millions de F CFA doit faire l’objet d’une inspection avant embarquement. Mais si ce n’est pas le cas, elle doit faire l’objet d’une inspection à destination moyennant une amende de 20% de sa valeur de départ. Une mesure que contestent les commerçants estimant qu’elle va diminuer le volume de leurs importations dans les bureaux de dédouanement. "Ça va beaucoup ralentir le travail en transit, ceux qui font des commandes groupées ne pourront plus travailler, de même que ceux qui ont des fonds de roulement en-deçà de 3 millions de F CFA", commente un transitaire. Faux, répliquent les autorités douanières qui pensent qu’elle permettra de mieux combattre la fraude.

Depuis le lundi passé, des camions sont bloqués à Ouaga Inter suite aux menaces proférées par certains responsables douaniers de retirer les agréements d’une catégorie de transitaires, a-t-on appris. "Ça fait plus de 10 jours que mon véhicule attend l’inspection", fustige un commerçant. Outre la lenteur qui les pénalise, les opérateurs économiques dénoncent la fraude, le mauvais magasinage des marchandises. Une situation que relativise le directeur général de COTECNA indexé et accusé par certains hommes d’affaires de favoritisme au détriment de la majorité.

Selon Sébastien Dayama, sa structure n’a pas connaissance ni de ces longs retards ni des cas de prétendus faveurs accordées à certains commerçants pour sortir leurs marchandises.
Il ajoute que les blocages sont dus au refus de collaborer de certains commerçants. Il a expliqué que ces derniers n’acceptent pas fournir les documents (facture finale, LTA, frêt…) devant permettre à COTECNA de valoriser leurs marchandises. Si les opérateurs économiques accusent l’administration financière de vouloir freiner leurs affaires, celle-ci par contre, fonde sa décision par le souci de contrecarrer ceux qui manœuvrent pour échapper aux inspections.

Pour le directeur général des douanes, Ousmane Guiro, des commerçants importent des marchandises d’une valeur supérieure à 3 millions et en déclarent moins en vue de contourner à l’inspection. Et le ministre Jean-Baptiste Compaoré d’ajouter qu’il faut mettre un holà à ces déclarations injustes.
"Il faut un temps à tout, ça ne peut plus continuer. La fraude grandissante n’est pas une bonne chose. Car elle tue les entreprises respectueuses des lois et les emplois décents", a martelé M. Compaoré. Démentant que le présent arrêté ne vise pas à ralentir les importations, il a expliqué que l’objet de la rencontre du vendredi 8 février était d’expliquer la portée de l’arrêté "contesté" aux transitaires et aux commerçants.

Le face-à-face de deux heures 30 minutes a ainsi permis à chaque camp d’exprimer ses préoccupations même si par moments le ton est monté d’un cran de part et d’autre. "Nous avons trouvé un terrain d’entente grâce au dialogue", a déclaré Ousmane Guiro, directeur général de la douane à l’issue de la rencontre. Niant l’application de nouvelles valeurs en douane, M. Guiro a rassuré que la douane applique le tarif extérieur commun de l’UEMOA. "A ma connaissance, ce tarif n’a jamais été modifié, ce sont les mêmes taux". Concernant la flambée des prix des denrées de première nécessité que les commerçants lie à l’application de nouvelles valeurs en douane, le ministre Compaoré dément toute responsabilité du gouvernement.

"Nous n’avons pas augmenté l’impôt, ni les frais de douane. C’est une situation générale, les prix ont grimpé au plan mondial et à cause de la hausse des cours du pétrole", a-t-il conclu. Dans l’ensemble, les deux parties ont convenu de mettre sur pied un observatoire pour résoudre les difficultés liées à l’application de l’arrêté. De plus, COTECNA a promis de mettre un numéro vert à la disposition des commerçants afin qu’ils puissent répercuter les cas de désagréments constatés et véçus dans l’inspection de leurs marchandises.

S. Nadoun COULIBALY

Sidwaya

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