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BUMIGEB : Que cherche-t-on en voulant coûte que coûte le privatiser ?

Publié le mercredi 6 février 2008 à 10h25min

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Après plusieurs rencontres dont celles du 22 juin 2006 à l’hôtel Kaziendé à Kaya et du 22 février 2007 à l’hôtel Splendid à Ouagadougou sur la privatisation partielle du BUMIGEB, la Direction générale, les représentants des travailleurs et les cadres de la société ont constamment montré que la privatisation même partielle du BUMIGEB était inopportune.

En rappel, ces rencontres ont examiné les premières conclusions des travaux du cabinet SOFIDEC relatives à la privatisation partielle du BUMIGEB.

Dans un de ses scénarii, le cabinet SOFIDEC avait proposé que seul le volet des forages d’eau soit privatisé avec la cession à une société privée du fond de terrain (environ 4500 m2) avec l’argument que cela serait un atout pour attirer d’éventuels acquéreurs. La portion à vendre devrait, selon le cabinet, faire face à la RN4 (route de Fada).

Ce scénario avait été rejeté par les travailleurs du BUMIGEB pour les raisons suivantes :

la recherche minière au Burkina Faso est en croissance et réduire l’aire actuelle du BUMIGEB constituerait à court terme un handicap ;
le manque de locaux à l’intérieur du BUMIGEB est reconnu et de nouveaux équipements sont à prévoir (cartothèques, aire de contrôle, salle de stockage d’échantillons, etc.) ;

la cession des équipements des forages n’est pas liée à la cession d’une partie de terrain du BUMIGEB ;

Finalement, l’option de la vente d’une portion de la cour a été abandonnée, mais le scénario de la cession d’actifs par l’abandon du volet forages d’eau et la transformation du BUMIGEB en EPA a été proposée par le cabinet.

Le 16 janvier 2008, lors d’une rencontre, les travailleurs ont été informés que le dossier avait passé en Conseil des ministres le 3 octobre 2007 ; le gouvernement ayant fait des observations et que le cabinet SOFIDEC doit reprendre certains points de son rapport sur la privatisation du BUMIGEB. Ce sont :

le coût social chiffré des scénarii proposés par le cabinet ;
les conflits pendants entre le BUMIGEB et les tiers ;
la nature juridique du BUMIGEB après la privatisation en établissement public à caractère administratif (EPA) ou établissement public à caractère scientifique, culturel et technique (EPSCT) comme le CNRST, l’université de Ouagadougou par exemple, les dettes du BUMIGEB envers la CNSS.

Un recul et une régression

Que suscitent en nous travailleurs ces nouvelles études complémentaires sur le dossier de privatisation partielle du BUMIGEB ?

Sur le statut juridique du BUMIGEB, il faut relever que le scénario de transformation du BUMIGEB en établissement public à caractère administratif (EPA) constituerait un recul, une régression par rapport à l’autonomie de gestion et à l’efficacité de l’établissement dans l’accomplissement de ses missions.

En effet, l’expérience des années 1970 de la Direction de la géologie et des mines (DGM) qui assurait les missions actuelles du BUMIGEB de même que l’expérience des pays voisins où des structures similaires au BUMIGEB devenues des EPA attestent de la lourdeur, de l’inefficacité d’une telle structure pour l’avancée de la recherche minière dans notre pays.

Si une telle option était retenue par le gouvernement, cela engendrerait un recul certain de la recherche dans le secteur minier pour les raisons essentielles suivantes :

une lourdeur administrative et de gestion évidente. Or, il y a lieu de renforcer les capacités et l’autonomie du fonctionnement et de la gestion du BUMIGEB en tant que service géologique national si l’on veut intensifier la recherche minière dans le pays. Il faut retenir que les compagnies minières n’entrent en action que quand le pays, par les travaux de son service géologique national, dispose d’informations géologiques et minières de base intéressantes (caries géologiques, anomalies minéralogiques et géochimiques, etc.) ;

Une démotivation du personnel technique, ce qui ralentirait de façon désastreuse les activités de service public du BUMIGEB, chose qui freinerait, sans aucun doute, l’élan de la recherche géologique et minière au Burkina Faso.

Aussi, vouloir le renforcement du BUMIGEB en tant que Service géologique national (SGN) et en même temps le transformer en EPA constitue, à notre avis, vouloir une chose et son contraire.

Aujourd’hui, on explore une autre piste, la transformation éventuelle du BUMIGEB en établissement public de l’Etat à caractère scientifique, culturel et technique (EPSCT). Certes, le BUMIGEB est une structure de recherche scientifique, mais il est différent de l’université et du CNRST, qui ont été érigés en EPSCT.

L’EPSCT, selon le décret n°2002-557-PRES/PM/MFB du 27/11/2002, est chargé de la culture, de l’enseignement supérieur et/ou de la recherche scientifique. Un EPSCT a, entre autres missions, la diffusion des connaissances et les résultats de la recherche et le développement de la culture. Des statuts de ce type de société, il n’y a pas de différence fondamentale entre l’EPA et l’EPSCT en ce qui concerne l’autonomie financière et de gestion.

Des inquiétudes justifiées

Les travailleurs du BUMIGEB sont inquiets et très mécontents quant à la non-prise en compte de leurs propositions, maintes fois réaffirmées, lors des différentes rencontres avec la commission de privatisation, en sus une note d’information sur le BUMIGEB a été envoyée aux autorités et institutions en février 2003. Nous le répétons, la privatisation même partielle du BUMIGEB signifie à terme l’agonie de la recherche minière au Burkina Faso.

Le regain des activités des sociétés minières étrangères dans notre pays, les ouvertures actuelles des mines sont une preuve palpable des bons résultats produits par le BUMIGEB en trois décennies de recherche. C’est pourquoi, nous insistons pour :

• le maintien du BUMIGEB dans son statut actuel en le renforçant en moyens humains, matériels et financiers suffisants pour lui permettre de mettre en œuvre son plan stratégique 2005 - 2014 et de relever les défis qui l’attendent dans la cartographie aux échelles moyennes et grandes et dans la recherche ; • le retrait du BUMIGEB de la liste des entreprises à privatiser, qui, du reste, a été érigé en société à caractère stratégique par le Gouvernement.

Au regard des perspectives sombres que constituerait la privatisation même partielle du BUMIGEB, notamment sa transformation en EPA ou en EPSCT, le Syndicat des travailleurs de la géologie des mines et des hydrocarbures (SYNTRAGMIH) et l’ensemble des travailleurs :

1. dénonce cette privatisation partielle du BUMIGEB qui aura des conséquences régressives sur le développement du secteur minier au Burkina Faso. Aucun pays n’a privatisé son service géologique national même partiellement. La tournée de la commission de privatisation dans certains pays africains et en France l’atteste ; 2. appelle les travailleurs du BUMIGEB à se mobiliser pour défendre leur outil de travail ;

3. invite l’ensemble du peuple à prendre conscience de l’erreur historique de cette privatisation partielle en cours du BUMIGEB qui est une voie d’asphyxie de la recherche minière au Burkina Faso.

Le Bureau exécutif national

L’Observateur

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