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Bernadette Marie Véronique Ouattara/Nana, directrice du FAARF : "Les interventions du FAARF ont changé la vie de certaines femmes..."

Publié le mercredi 6 février 2008 à 10h33min

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Bernadette Marie Véronique Ouattara

Après avoir publié des articles sur l’accès des femmes au Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes (FAARF) en milieu rural, nous avons rencontré la directrice dudit fonds, Mme Bernadette Marie Véronique Ouattara/Nana. Elle fait la lumière sur la structure dont elle a la charge et donne tous les détails concernant les conditions d’accès.

Sidwaya (S.) : Qu’est-ce qui a motivé la création du FAARF ?

Bernadette Marie Véronique Ouattara/Nana (B.M.V.O) : Permettez-nous tout d’abord de vous remercier de l’opportunité que vous nous offrez pour mieux faire connaître le FAARF. Le FAARF a été créé en 1990 suite à une requête faite au Président du Faso par l’Union des femmes du Burkina (UFB) au vu des difficultés d’accès des femmes au crédit.

S. : Qui peut bénéficier de ce fonds ?

B.M.V.O : Les clientes du FAARF sont composées : des groupements/associations féminins ruraux et urbains ; des femmes exerçant dans le secteur informel réunies en groupes de solidarité de 3 à 6 membres ; des petites et moyennes entreprises (PME) issues des groupements, associations ou groupements de solidarité et les filles formées dans le Centre de production et de formation pour jeunes filles communément appelés 1000 jeunes filles.

S. : Y a-t-il d’autres conditions à remplir pour en bénéficier ?

B.M.V.O : Il faut exercer une activité génératrice de revenus légale, n’être pas endettée auprès d’une autre structure et introduire une demande de crédit.
Les groupements/associations doivent être légalement reconnus et à défaut, être encadrés par une structure (étatique, ONG, projets ou organisations faîtières).
Les montants octroyés de 5 000 à 500 000 FCFA pour les prêts individuels et de 50 000 à 2 000 000 FCFA pour les groupements/associations. Pour les montants plus importants, les dossiers sont traités par le comité externe de crédit. Le taux d’intérêt est de 10% l’an. Quant au fonds de garantie, il est de 10% du capital payable un mois après l’obtention du prêt. La durée du prêt est de 6 à 12 mois. Les frais du dossier varient de 500 à 10 000 FCFA. La périodicité de remboursement se fait en fonction du cycle de l’activité.

S. : Quelles sont les modalités de remboursement ?

B.M.V.O : Le jour où les clientes reçoivent les fonds, elles reçoivent en même temps un échéancier de remboursement précisant la périodicité et les montants à payer. L’animatrice en charge du dossier d’un commun accord avec les clientes fixe le rendez-vous (date précise, lieu) de la 1re échéance.
Le rendez-vous pour la 2e échéance est fixée le jour du paiement de la 1re échéance est ainsi de suite et cela pour des raisons évidentes de sécurité.
Si les clientes pour une raison qui leur incombe ne respectent pas le rendez-vous fixé, elles doivent rejoindre l’animatrice qui est basée au chef-lieu de la province. Pour les clientes qui sont dans les grands centres (chef-lieu de provinces et alentours) le remboursement se fait auprès de la représentation locale du FAARF.

S. : Est-ce que le remboursement se fait sans problème ?

B.M.V.O : Malheureusement non. Nous rencontrons d’énormes difficultés dont les principales sont, d’une part, les aléas climatiques : la majorité de nos clientes utilisent des produits agricoles comme matières premières et sont aussi responsables de l’alimentation familiale ; donc toute perturbation pluviométrique se ressent sur nos remboursements ; et d’autre part, les variations des prix sur le marché, ensuite les détournements des fonds des femmes par des tiers (mari, fils, fonctionnaires etc..).
Par ailleurs, il y a la mauvaise volonté de certaines clientes et le poids de la tradition (par exemple l’abandon d’activité pour assister un parent malade). Enfin, les épidémies, l’analphabétisme etc. ne facilitent pas le remboursement.
Au-delà des difficultés de remboursement nous rencontrons aussi d’autres difficultés dont les principales sont : les charges opérationnelles élevées, la faible organisation et l’analphabétisme des femmes, la dispersion de la population cible sur tout le territoire national, les risques très élevés du crédit de proximité, l’inaccessibilité de certains villages.

S. : A ce jour, les interventions du FAARF ont-ils changé la vie des femmes ?

B.M.V.O : Nous dirons, pour être objectif, que les interventions du FAARF ont changé la vie de certaines femmes ayant eu accès au crédit et ayant pu en tirer bénéfice. Une étude sur l’impact du crédit a été menée et les aspects suivants ont été retenus : d’une part, sur le plan économique, nous pouvons constater l’amélioration des revenus, la diversification des sources d’approvisionnement, l’épargne en nature, la constitution de stocks de matières premières et l’acquisition de matériel de production.
D’autre part, sur le plan social, il y a une nette amélioration des conditions de vie des familles (alimentation, santé, hygiène, scolarité etc.), le renforcement de la cohésion au sein des groupements, le changement de statut, la valorisation du rôle de la femme, le développement de l’esprit coopératif, l’acquisition de matériel ménager, de moyens de déplacement, etc. De plus, l’impact de la formation dont bénéficient les femmes pour la gestion de leur activité est qu’elles ont plus d’aptitude pour l’organisation de la gestion des financements reçus, le fonctionnement des organes du groupement, la fixation du prix de vente. Cela leur permet de mieux affronter la concurrence.

S. : Qu’avez-vous à dire à l’endroit des associations qui ne vous ont pas encore approché ?

B.M.V.O : Suite à l’article paru à la "une" du Sidwaya n°6086 du 9 janvier 2008, nous avons approché l’association Teêdbeogo de Tenkodogo dans le souci de lui permettre d’accéder enfin au crédit FAARF mais nous avons été étonné, voire choqué de constater que ladite association n’a jamais introduit une demande de crédit au FAARF.
Nous nous demandons donc comment peut-elle vouloir un assouplissement des conditions d’accès qu’elle ne connaît pas ?

Propos recueillis par Aimée Florentine KABORE

Sidwaya

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