LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Union africaine : Rendez-vous au Caire pour les propositions de l’audit

Publié le lundi 4 février 2008 à 12h51min

PARTAGER :                          

Depuis le vendredi 1er février, le Gabonais Jean Ping préside la Commission de l’Union africaine. Pendant que la veille, le président tanzanien Jakaya Kweketé en est le président en exercice. Le président du Faso, Blaise Compaoré, qui a pris part activement à cette Xe session est rentré d’Addis Abeba vendredi en début de soirée.

Cette Xe session avait pour thème principal "Développement industriel en Afrique". Mais à la vérité, les élections à la tête de la Commission et le choix des huit commissaires se présentaient comme le véritable enjeu de cette session. Au départ, ils étaient six candidats en lice : une Zambienne Inongem Mbikusita-Lewanika, une Burundaise, Antoinette Batumubwira, un Swazi, Barnabas Sibusiso Dlamini, le Gabonais Jean Ping, l’ancien président mauricien et le Sierra leonais. Ils n’en étaient plus que trois à l’arrivée, puis quatre avec la candidature tardive et hors-delai du ministre libyen en charge des Affaires africaines, Ali Triki. Du reste, sentant que cette candidature serait un os en travers de la gorge, Kadhafi dès le mercredi dans la soirée, convoque une rencontre, un mini-sommet en somme, avec les Etats membres de la CEN-SAD. Une source bien introduite indiquera plus tard que "le guide voulait une forme de consensus autour du candidat Triki dans une candidature quasi-illégale".

De toute évidence, le guide n’aurait pas été suivi par ses pairs de la CEN-SAD. Toujours est-il que ce jeudi 31 janvier, le guide qui a fait une "entrée remarquée" dans la salle de réunions de la Commission économique africaine, n’y restera pas jusqu’à la fin de la cérémonie officielle d’ouverture de la session. Vendredi, tout se passe bien jusqu’à l’après-midi. Il fallait maintenant voter. Réunis à huis clos, rien ne filtrait de ce conclave des chefs d’Etat. Seulement des brides d’informations donnaient le candidat Jean Ping, vice-Premier ministre gabonais favori. A 17h, il ne fait plus de doute, Jean Ping remplace Alpha Omar Konaré. Le Gabonais est passé presque haut les mains à 31 voix sur 46 votants. Le score, son score en dit long sur le capital de confiance que les chefs d’Etat et de gouvernement africains placent en lui.

"Tous accourent vers le nouvel élu". Certains n’hésitent plus à affirmer que "la fumée blanche" est sortie avec le nom de Ping. Les journalistes tentent vainement d’arracher des mots à celui qui, quelques instants, était le ministre des Affaires étrangères du Gabon. M. Ping a juste le temps de lancer : "Permettez-moi d’abord de m’adresser aux chefs d’Etat et de gouvernement" qu’il est étreint par des amis et connaissances qui tous, tel le Premier ministre guinéen affirment que "Ping était le meilleur candidat, il a été le meilleur choix".

Pour autant, la bataille n’est pas finie. Il faut élire le vice-président. Deux candidats sont en lice. Un Egyptien et un Kenyan. Le premier passera au second tour alors qu’au premier, ils étaient au coude-à-coude de 23 voix chacun. Avec un président en exercice issu de l’Afrique de l’Est, le président tanzanien, un président de la Commission (Afrique centrale) Jean Ping et un vice-président de l’Afrique du Nord, on peut dire que la répartition géographique même linguistique est sauve. Même si vraiment ce n’est pas un critère de premier choix.

Autrement, la candidate sierra leonaise au poste de président de la Commission n’aurait pas eu que deux voix. En tous les cas, Jean Ping est conscient que le mandat ne sera pas de tout repos. Le thème central qui met l’accent sur l’industrialisation semble seulement avoir été effleuré. Tant les crises à répétition dans certains pays sont là, comme pour rappeler le cortège de malheurs que vivent les populations dans certains pays.

Sans renier le travail d’audit commandité depuis Accra en juillet dernier, les chefs d’Etat ont demandé à la nouvelle équipe de le mieux prendre en compte. Le sommet d’Egypte dans six mois verra donc des solutions ou à tout le moins des propositions de solution dont la plus attendue est le gouvernement de l’Union. Douze personnalités ont été commises à la tache "de hâter l’émergence du gouverneur de l’Union".
Addis 2008 aura été le sommet de moins de "turbulence".

Tout a paru si "soft" que les regards ne sont plus tournés que vers la rencontre du Caire où le futur gouvernement pourra alors se dessiner nettement. Ce qui aura pour conséquence de marquer un pas de géant vers les Etats-Unis d’Afrique.
Addis 2008 également semble avoir "officialisé" une forme de "ras-le-bol" de certains dirigeants à l’égard du chantre de l’Union africaine. Alors, un échec pour le guide libyen ? Pas forcément. Même si de plus en plus ses méthodes ne confinent plus au silence. Si les Etats peuvent "aller où ils veulent" pour tisser des relations commerciales, dans ce contexte de mondialisation, il se fait de plus en plus clair qu’ils peuvent aussi franchir la soumission. Ainsi de sources autorisées, le guide aurait suggéré que le poste de président de la Commission revienne à M. Ali Triki. Et les autres candidats alors pourraient se voir échoir les postes de vice-président et de commissaire. "Don’t act".

Jean Philippe TOUGOUMA


Les coulisses

Le Soudan qui souhaitait voir sa candidature à la présidence de l’Union africaine s’est vu refuser par ses pairs de l’Afrique de l’Est qui lui auraient préféré la Tanzanie.
. Un document libyen assez pamphlétaire aurait été distribué durant cette Xe session notamment au cours du mini-sommet de la CEN-SAD

. Alors que le représentant de la Ligue arabe livrait son message, le guide quittait la salle de conférences. Motif ! personne ne l’a su.

. Sécurité oblige, le président soudanais est arrivé à Addis- Abeba avec sept voitures blindées et identiques.

. La salle de réunions a connu une coupure d’électricité de quelque trente secondes. Même si ce n’était pas l’obscurité totale, certains confrères ont dû reprendre leur "texte perdu" comme on dit dans le jargon des TIC.

. Les confrères des médias audiovisuels notamment la télévision du Gabon sont venus en masse et ont couvert en direct la cérémonie d’ouverture de même que les résultats du vote du président de la Commission.

. Fair-play, le candidat libyen Ali Triki discutait avec les journalistes a affirmé que la Libye n’avait pas de candidat pour le poste de président.

J.P.T


Le regard de hauts cadres

Amara Essy, ancien secrétaire général de l’OUA : Je suis très content que M. Jean Ping soit élu. Il a toutes les compétences. Il a eu un parcours merveilleux. Je crois que c’est le meilleur candidat qu’on ait choisi. Il faut qu’on aménage les structures pour qu’il puisse réussir.
M. Ping est un homme d’expérience, il est capable de s’adapter à toutes les situations. Il a toutes les qualités pour réussir.
Ibn Chambas, président de la Commission de la CEDEAO : Je pense que c’est une très bonne décision. Monsieur Ping est un homme que je connais bien. C’est un homme d’expérience qui a des relations au sein de la communauté internationale. J’ai travaillé avec lui, c’est un homme qui va travailler en faveur des communautés régionales.

Lassana Kouyaté, Premier ministre de la Guinée : M. Ping est un homme de grand talent, d’une très grande valeur. Il a fait ses preuves au Gabon, aux Nations unies. Je crois que l’Afrique a choisi un des meilleurs de ses fils. Je lui souhaite bon vent. J’espère qu’il fera très bien le travail.

J.P.T

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique