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Discours sur l’état de l’Union : L’adieu aux armes de Bush

Publié le mercredi 30 janvier 2008 à 10h26min

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Lundi 28 janvier 2008, le président américain George Walker Bush, a prononcé son dernier discours sur l’état de l’Union dans lequel il a appelé ses compatriotes à "garder confiance" dans l’avenir et le Congrès, à ne pas "mettre en péril par un retrait, la réussite de la mission américaine en Irak".

Le dernier discours du président américain sur l’état des USA intervient comme à l’accoutumée, en pleine campagne électorale dont l’un des enjeux est la définition de la politique internationale post-Bush. Ceci entraîne-t-il cela, le discours bushien a été essentiellement bâti sur l’Irak, le président enjoignant au Congrès de ne pas entériner un retrait des troupes américaines de ce pays après son départ. "Cela compromettrait la réussite de la mission des militaires américains en Irak", a-t-il souligné, s’appesantissant au passage, sur les "acquis" de la campagne américaine en Irak. Des gains à "capitaliser et à consolider" selon Bush qui sera ainsi resté fidèle à ses convictions jusqu’au bout. Car, et Bush l’a rappelé, un retrait entraînerait "un regain de violence et un renouvellement d’Al Qaïda" avec de nombreux morts à la clé. Bush tel qu’en lui-même donc, même si l’analyse des propos de campagne d’une part et la récession économique qui pend au nez des USA d’autre part, autorisent à dire que son héritage sera bientôt jeté aux orties.

Sauf par extraordinaire en effet, il apparaît de plus en plus probable que c’est un président démocrate qui succédera à George Bush à la Maison-Blanche. Cela parce que la politique du cow-boy texan qui est de moins en moins goûtée par ses compatriotes (moins de 30% d’opinions favorables) n’a jusque-là pas été condamnée par les impétrants de son camp, plus par solidarité que par conviction. Lesquels candidats ont en plus de ce handicap, un profil mièvre au point que les électeurs hésitent à choisir entre eux. A contrario, dans le camp démocrate, il y a non seulement de fortes personnalisés (Barak Obama et Hillary Clinton) mais on ne fait pas mystère de la volonté de passer par pertes et profits "l’héritage irakien" de Bush. Barak Obama qui a, dès mars 2003 condamné la guerre en Irak a laissé, clairement, entendre qu’il n’était pas prêt à gérer un "second Viêt-nam".

En agitant cet épouvantail qui fait si peur aux Américains, Obama s’est rallié la sympathie de bon nombre d’entre eux, au point de créer des insomnies à Hillary Clinton. C’est qu’au contraire d’Obama, la dame Clinton n’a pas condamné de prime abord, la croisade contre l’Irak en vertu d’une "sainte alliance" républicaine contre le terrorisme qui venait de frapper l’Amérique au cœur le 11 septembre 2001. Une erreur stratégique qu’elle tente de rattraper tactiquement par des déclarations "enflammées" contre cette guerre "ruineuse" tant humainement qu’économiquement pour les Etats-Unis. On touche là , l’autre volet du contentieux qui oppose Bush à ses compatriotes et qui, par ricochet, hypothèque les chances des républicains d’accéder à la Maison-Blanche.

Cette guerre si chère...

Il s’agit de cette "période d’incertitude" dans laquelle l’économie américaine voire mondiale se trouve actuellement et dont les causes sont à rechercher dans la politique de défense offensive de Bush. Le baril de pétrole à 100 dollars US, le fait était peut-être prévisible mais il ne serait pas advenu si vite, si la désagrégation sociopolitique de l’Irak n’avait eu lieu. Faut-il le rappeler, du temps de la splendeur de Saddam Hussein, l’Irak était le deuxième producteur mondial de pétrole juste dernière l’Arabie Saoudite. Aujourd’hui, c’est à peine si on arrive à exploiter l’or noir irakien, ce qui ajouté aux "incartades" de Téhéran, ne pouvait que renchérir le cours du pétrole.

L’économie américaine qui était la première bénéficiaire du pétrole irakien a dû chercher d’autres sources d’approvisionnement avec les incertitudes que cela comportait. Avec la résistance effectuée par la Russie sur le pétrole de la Mer noire et de la Crimée et la montée en puissance des économies chinoise et indienne, les boursicoteurs de Londres et NewYork pouvaient appuyer sur le champignon et "exploser" les prix. Autre difficulté conjoncturelle à laquelle l’économie américaine s’est trouvée confrontée, le marasme du secteur de l’automobile (Général Motors n’est plus numéro un) et des services, le pouvoir d’achat des classes moyennes s’étant fortement érodé.

Les crédits de guerre votés par le Sénat (à l’époque dominée par les républicains) ont fini de ruiner l’Etat américain qui ne pouvait plus jouer son rôle de "pompier" en cas de crise. Autant de facteurs qui font planer la menace d’une récession de l’économie américaine, menace qui a semé la panique sur les places boursières mondiales il y a une décade. Bush effectue donc son adieu aux armes à l’heure où l’Amérique est plongée dans une introspection profonde avec son devenir comme questionnement principal. Dans cette occurrence, l’expérience montre que les peuples brûlent leurs idoles d’hier pour en sacrer de nouvelles. Rendez-vous en novembre 2008 pour savoir ce que les Américains auront fait de l’héritage de Bush.

Boubacar SY (magnansy@yahoo.fr)

Sidwaya

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