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Air Burkina : LA tête du directeur général sur le billot ?

Publié le lundi 28 janvier 2008 à 09h41min

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« Mohamed Ghelala, le Directeur général d’Air Burkina, va-t-il faire ses valises et quitter le Burkina à l’instar de ses deux prédécesseurs depuis la privatisation de la compagnie ? En tout cas, il est actuellement sous le coup d’une « fatwa » du personnel, en représailles, dit-il, à sa « gestion gabégique et opaque ». Toute la question est de savoir si le Groupe Agha Khan (actionnaire majoritaire de la compagnie) accèdera à une telle exigence.

L’année 2008 semble avoir débuté sous les pires auspices pour Mr Ghelala, le DG tunisien d’Air Burkina. En effet, alors qu’il croyait bien faire en couplant la cérémonie des vœux et la célébration du 40 ème anniversaire de la compagnie, Monsieur le Directeur a certainement connu l’un des moments les plus pénibles de son existence le 18 janvier dernier, à l’hôtel Indépendance. Les cérémonies de vœux au Burkina Faso sont en général les seules occasions de bombance dont raffolent les travailleurs qui, il faut le signaler, se frottent en toute convivialité aux plus grands manitous de leurs boîtes respectives. Le patron est tout ouï à la lecture du message aimable et louangeur des employés, teinté quelquefois de doléances présentées sous des formes suffisamment enrobées. C’est cela la tradition des vœux, et Mr Ghelala voulait certainement faire fort en conviant les partenaires les plus importants de la compagnie. Il est vrai qu’officiellement, il s’agissait aussi de célébrer le 40 ème anniversaire d’Air Burkina pour lequel un pagne a été confectionné et distribué gracieusement.

C’est donc à la surprise générale que la cérémonie a pris les allures d’un avant-goût de 1er Mai quand le délégué du personnel a prononcé un pamphlet particulièrement virulent contre la gestion du Directeur général. En vérité, c’est ce message qui a motivé la présence des responsables syndicaux à la manifestation. Autrement, ils auraient lancé un ordre de boycott aux travailleurs comme ils l’ont fait pour le pagne d’anniversaire dont se sont vêtus uniquement les responsables de l’administration de la compagnie.

Avec la verdeur qui caractérise habituellement les messages syndicaux, tous les griefs ont été publiquement exprimés : gabegie, opacité dans la gestion et discrimination fondée sur la race… ont été entre autres les pratiques peu orthodoxes retenues à la charge de Mr Mohamed Ghelala dont le loyer mensuel (au passage) excéderait le million de nos francs. Les consommations privées dans les hôtels et restaurants de la ville seraient transformées en déjeuners d’affaires aux frais d’Air Burkina.

On lui reproche également sa propension à tout commander dans son pays même pour des produits qui peuvent être obtenus sur place, et à des coûts moins élevés et de bonne qualité. Le calendrier 2008 de la compagnie est cité en exemple.
A la représentation d’Air Burkina en France, ainsi qu’à l’escale, les agents sont à 90 % tunisiens, à ce que l’on dit. Quant aux pilotes blancs tunisiens et sud-africains, leurs salaires seraient largement supérieurs à ceux de leurs collègues burkinabé à fonctions égales.

Le minicar assurant le transport des équipages à Ouagadougou serait la propriété du Directeur général qui l’a loué à la compagnie.

En tout cas, les travailleurs, qui ont vu leurs avantages considérablement réduits depuis la privatisation d’Air Burkina (alors qu’ils travaillent beaucoup plus) ne sont plus prêts à accepter certaines pratiques des premiers responsables qui hypothèquent leur outil de travail. La dette de la compagnie se chiffrerait actuellement à au moins trois milliards de nos francs.

C’est pour ces raisons qu’une semaine après la cérémonie de vœux, les employés se sont retrouvés en assemblée générale pour passer au crible les problèmes de la maison.
En conclusion, ils réclament la tête du DG dont le départ serait la condition préalable à toute relance des activités. Ils ne s’expliquent pas qu’avec un seul aéronef dans sa flotte avant la privatisation (le Fokker 28), la compagnie puisse mieux se porter qu’actuellement.

D’aucuns se demandent si la nomination d’un DG expatrié, que le groupe Agha Khan s’évertue à imposer dans le cas du Burkina, est vraiment la panacée alors qu’au Mali, cela n’a pas été possible.

Les représentants de l’Etat burkinabé au sein du conseil d’administration paraissent peu regardant sur la situation à moins qu’on ne leur présente des statistiques maquillées.

Une chose est sûre : la détermination des travailleurs dans le bras de fer avec le DG, qui a voyagé juste après la cérémonie cocasse de vœux, s’apparente à une mutinerie. Même au sein des responsables, des collaborateurs directs de Mr Ghelala, le message est unanime : il faut le changement pour aussi mettre fin aux modifications intempestives de l’organigramme de la compagnie : « Vous pouvez arriver un matin et découvrir que vous êtes désormais directeur de tel secteur don les attributions ne sont même pas déterminées », grommelle un cadre de la compagnie ! ».

Martin Congo

San Finna

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