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Armées françaises : Des choix cornéliens en 2008

Publié le mardi 15 janvier 2008 à 10h25min

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L’année qui commence verra les autorités militaires françaises devoir adopter des décisions majeures : nouvelle Loi de programmation militaire, réforme du régime de retraite des soldats, poursuite ou non du projet d’un nouveau porte-avions… La présidence française de l’Union européenne, à partir du 1er juillet, imposera aussi de nouvelles responsabilités. Ces décisions sont à prendre alors que les finances publiques se portent mal.

Si 2007 aura été, pour le monde de la défense en France, l’année du bilan, 2008 sera celle des grands choix : plusieurs décisions devront être prises, auxquelles il sera impossible d’échapper. En effet, le nouveau gouvernement français a hérité, en juin dernier, d’un outil militaire globalement en ordre de marche, et même partiellement réhabilité sur le plan de l’état des matériels, un domaine que les socialistes avaient quelque peu négligé en leur temps. Mais aujourd’hui, les autorités doivent faire face à une série d’échéances : le financement des grands programmes d’équipement, mais aussi celui des retraites des personnels de la défense, et les salaires que les militaires – notamment les gendarmes – souhaitent voir alignés sur ceux des policiers. Ces derniers bénéficient en outre d’heures supplémentaires sur lesquelles les malheureux militaires lorgneraient bien. Même si "leur" ministre leur a promptement rappelé que, dans leur cas, la question ne se posait pas, à moins de vouloir abandonner la fonction militaire : elle a certes ses servitudes, mais aussi quelques "grandeurs matérielles", comme la possibilité de mener une seconde carrière.

Réviser les budgets

Mais revenons aux futures décisions d’importance. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, devra cette année trancher dans le vif : si on devait mener à leur terme les programmes qui ont été prévus – voire engagés – par la précédente ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, entre 2002 et 2007, il faudrait reporter les échéances jusqu’en 2020 et trouver 70 milliards d’euros supplémentaires. C’est du moins ce qu’expliquait le général Copel quelques semaines après la nomination du nouveau ministre de la Défense, Hervé Morin. Il faudra donc probablement trancher dans le vif.

2008 sera également l’année de la nouvelle Loi de programmation militaire (2008-2015), préparée à la lumière d’un nouveau Livre blanc de la défense pour les 12 ou 15 ans à venir. Se profilent encore d’autres échéances plus immédiates : la présidence française de l’Union européenne à partir du 1er juillet, et le budget de la défense pour 2009. Or le contexte économique est peu favorable, la période est plutôt aux restrictions budgétaires.

Des programmes d’armement peut-être abandonnés

Dans le cadre de la réforme des politiques publiques, Hervé Morin, soucieux de "bonne gouvernance", a identifié une série de domaines où des économies sont possibles – même si ce n’est pas encore prouvé – grâce à une "externalisation" de certaines activités au secteur privé (achat et maintenance du parc automobile, gestion des cantines) ou par "l’inter-armisation" de certains services comme l’entretien des aéronefs. De même, on peut sans doute économiser quelques sous dans les garnisons outre-mer, dans les "forces de présence" en Afrique ou dans les opérations extérieures, au risque d’écorner la bonne image qu’ont aujourd’hui les forces françaises.

Mais pour parvenir à de véritables économies, il faudra tailler dans le vif : renoncer à une partie des futures commandes des chasseurs Rafale ? Eviter de se lancer dans une coûteuse modernisation de certains sous-marins stratégiques lanceurs d’engins ? Abandonner le projet d’un second porte-avions, alors que le premier – et seul – est sur cale à fin de révision encore pour une bonne année ?

A côté de ces choix cornéliens, les éventuelles retouches aux chapitres militaires de la Constitution, comme l’autorisation par le Parlement d’une opération extérieure si elle se prolonge plus de six mois, apparaîtraient comme bien cosmétiques.

Philippe Leymarie

Le Pays

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