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George W. Bush : Un dictateur à la tête d’une grande démocratie

Publié le mardi 15 janvier 2008 à 10h30min

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George W. Bush

L’opinion mondiale devrait octroyer des palmes de l’intégration raciale à titre d’encouragement au président Bush des Etats-Unis. L’histoire retiendra, en effet, que l’actuel locataire de la Maison blanche est bien celui-là qui aura osé propulser Noirs et autres minorités à l’avant-scène de la politique nord-américaine.

Par contre, il demeure incontestablement celui qui aura le plus nui à la réputation des Etats-Unis. Ne vient-il pas à nouveau de s’illustrer négativement en lançant un appel au soulèvement du peuple iranien ? Comment un chef d’Etat étranger peut-il appeler à la révolte dans un pays souverain ? A ce titre, et à défaut du Nobel de la paix qu’il n’obtiendra jamais, Bush fils devrait pouvoir bénéficier du Prix d’excellence en guerre. Un prix à attribuer annuellement aux dirigeants belliqueux de la planète et qui s’apparenterait, en réalité, à un bonnet d’âne.

Curieusemement, le dirigeant américain a lancé son appel pathétique à partir de terres monarchiques, feignant d’ignorer l’existence dans ces contrées de sérieux problèmes de démocratie, de droits humains et surtout de non-respect des droits élémentaires de la femme. L’Iran qui est son adversaire favori, fonctionne pourtant sur la base d’un modèle démocratique qui, sans être conforme à l’orthodoxie occidentale, n’en est pas moins une forme de consultation électorale qui se distingue nettement des formules moyenâgeuses en cours dans les monarchies adulées par Washington.

A force de le harceler et de chercher à l’isoler, Bush a fini par faire de l’Iran un pays martyr, une référence pour les peuples musulmans ou non, avides de justice sociale et de liberté. En dépit de tout ce qu’on peut lui reprocher, l’Iran incarne de plus en plus le rôle d’un pays résolument engagé dans la défense des pauvres et des opprimés.

Le peuple américain avait pourtant redonné confiance à Bush lors des dernières présidentielles. Il se retrouve aujourd’hui dépité par une gestion non conforme à ses aspirations. Que de boys sacrifiés, et que de familles endeuillées et marquées pour la vie dans des pays qui ont tort d’avoir osé affirmer leur dégoût pour une politique aventuriste, n’ayant rien en commun avec les intérêts du peuple américain et ceux d’autres continents !

Et pourtant, Bush fils semblait avoir compris la leçon. Dans un geste qu’on n’attendait pas, il avait entrepris une reconversion, allant jusqu’à enclencher la machine devant assurer une juste promotion des Noirs. A la suite de son père, il a ainsi eu le courage de nommer à des postes de prestige des personnalités noires qui se sont montrées d’envergure et dignes de sa confiance : Collin Powell et Candolezza Rice en sont des références. Son opiniâtreté seule pouvait lui permettre cela. On peut donc concéder à Bush d’avoir sorti les Noirs et les différentes minorités de leur torpeur. En outre, Bush a parfois réussi à donner un sérieux coup de pouce au développement international en impulsant des programmes comme le Millenium challenge corporation et en soutenant la lutte contre des fléaux tels le SIDA.

Certes, ce ne fut pas chose facile et les enjeux mondiaux demeurent les mêmes sous sa gestion, notamment au plan environnemental. Mais Bush n’étonne plus personne dans son obsession à trouver des boucs émissaires et à faire cavalier seul dans un monde qui évolue…sans lui.

Voilà un président qui passe le plus clair de son temps à s’attaquer outrageusement aux peuples qui aspirent à davantage de libertés démocratiques et rame à contre-courant de ses propres services de renseignement. Autant les pays du Sud apprécient le système démocratique américain, autant ils déplorent le comportement de l’actuel occupant de la Maison Blanche. Bush fils excelle dans la destruction de tout le capital bâti depuis les pères fondateurs des Etats –Unis

En politique internationale, il s’illustre comme un pourfendeur des acquis du monde libre et s’érige plutôt en intrépide cow-boy avide de puits de pétrole et de prairies imaginaires. Dans une économie qui se voudrait planétaire et basée sur un marché libre et mondialisé, il a le mérite d’avoir contribué à sa façon à délocaliser…la torture pour extorquer des renseignements à des prisonniers.

Bush demeurera le président américain le plus antipathique. Longtemps, son image de destructeur lui survivra, lui qui a toujours donné l’impression de ne vouloir en faire qu’à sa tête. Quand on se croit au summum du développement, lorsque l’on dispose de la force, il faut se montrer apte à la gérer, c’est-à-dire savoir positiver et assister autrui et faire preuve de magnanimité. Malheureusement, Bush gère suivant ses pulsions. D’où les dérives, les abus et les bavures qui ont émaillé sa gestion de la Maison blanche.

A la veille des élections présidentielles américaines, chercherait-il à faire oublier son fiasco en Irak ? N’oeuvre-t-il pas de manière à préparer un contexte de guerre et de répression qui permette encore au Parti républicain d’exploiter dans quelques mois le sentiment de peur des Américains, la litanie sur le terrorisme pour détourner la voix des électeurs au profit de son parti ? Il appartiendra alors aux démocrates avisés de soigner la répartie pour ne pas s’enliser dans des diatribes qui les éloignent des préoccupations d’un électorat avide de programmes politiques cohérents et efficaces.

Bush s’en va bientôt en léguant à ses successeurs un héritage lourd, fait de désastres difficiles à gérer, puisque fait d’injustices, de ruines et donc susceptible d’engendrer la tension, la répression et la révolte en permanence. Finalement, il aura réussi à faire reculer l’image de l’Amérique dans l’opinion mondiale. Qu’elle est lointaine, cette Amérique des George Washington, Abraham Lincoln, des Eisenhower, Franklin Roosevelt, Martin Luther King, Louis Armstrong, Duke Ellington et Cassius Clay, etc...

En même temps qu’il frise le ridicule, l’appel pressant de Bush au peuple iranien, interpelle donc la conscience de tout démocrate sincère. A-t-on simplement le droit, fût-on le dirigeant le plus puissant du monde, d’inciter à la subversion dans un autre pays souverain de surcroît ? Bush, est bien ce dictateur qui dirige aujourd’hui la plus grande des démocraties occidentales au monde.

"Le Pays"

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