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Réouverture du ciné Sanyon : La salle est prête, il reste les films

Publié le vendredi 11 janvier 2008 à 10h38min

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Le ciné Sanyon a rouvert ses portes « pour le bonheur des Bobolais », avions-nous titré lors de sa réouverture officielle le mardi 23 octobre 2007. Plus de deux mois après, la « galère » des amoureux du cinéma n’est pour autant pas terminée : la salle est relookée, mais les programmations ne sont pas au rendez-vous.

A part quelques projections sporadiques d’initiatives privées, le joyau profite pour l’instant aux organisateurs de séminaires et autres spectacles.

Une conférence ou un concert organisé dans une salle de cinéma, cela n’a rien d’étonnant. Mais lorsque la seule salle de projection d’une ville comme Bobo-Dioulasso se tourne vers d’autres activités que le cinéma, cela devient difficile à expliquer. En attendant de remettre le ciné Sanyon aux exploitants privés, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) qui n’a pas pour vocation de promouvoir le cinéma, fait ce qu’elle peut pour rentabiliser ses investissements. Elle loue donc la salle à hauteur de 150 000 à 300 000 F CFA (selon que le locataire l’occupe pour une demi ou une journée pleine, avec son propre matériel cinématographique ou bien avec celui existant sur place). Ce sont des promoteurs de spectacles venus de Ouagadougou qui ont offert des séances de cinéma, évitant aux Bobolais de passer une fin d’année 2007 morose. Ainsi du 9 au 19 décembre 2007, à l’initiative de Mahamadou Gnanou, producteurs de l’émission Arts d’Afrique qui passait à la télévision nationale, les cinéphiles de Bobo-Dioulasso ont pu enfin ainsi suivre « Mogo puissant » le 7e long-métrage du réalisateur Aboubacar Diallo sorti en juillet dernier.

Du 24 décembre 2007 au 1er janvier 2008, les films tels « L’histoire des copines », « Un homme pour deux sœurs » ont fait salle comble et le promoteur qui assure être « entré dans ses fonds » promet de revenir avec d’autres films. Mais depuis, les cinéphiles de la cité de Sya scrutent de nouveau et vainement l’horizon. Pour l’instant la seule bouée de sauvetage pour ceux qui veulent meubler leur week-end ou leur insomnie reste le Centre culturel français (CCF) Henri-Matisse. Et là encore, les films étrangers pour la plupart ne satisfont pas les desiderata de la majorité du public qui de plus en plus, a pris goût aux productions africaines et burkinabé. Dans la programmation cinématographique du mois de janvier 2008 au CCF par exemple, il n’y a pas de films de chez nous à l’exception d’un film étranger portant sur Thomas Sankara.

Selon la chargée de communication du CCF/HM, Amandine Grundwald, « lorsqu’il y a un film burkinabé au programme, la salle est pleine et nous sommes obligés de le reprogrammer une seconde fois. Mais pour les films d’auteurs français, nous n’avons pas plus de 10 à 15 cinéphiles par séance ». Néanmoins, il n’y a pas de statistiques disponibles attestant que l’augmentation de la fréquentation de la salle de cinéma du CCF est le fait de la fermeture des autres salles de la ville. Le ciné Burkina à Ouagadougou (racheté avec le ciné Sanyon par la CNSS) a été à son tour réceptionné officiellement le vendredi 28 décembre 2007. Si c’est la fin des travaux que la Caisse attend pour lancer les appels d’offre de cession, il n’y a donc plus d’obstacles à présent.

Les repreneurs potentiels sont déjà sur le départ avec leurs offres. C’est le cas par exemple de l’Association des gérants et exploitants de salles de cinéma ( AECB) qui a formé ses membres dans cette perspective.Son président, Rakis Rodrigue Kaboré, gérant du ciné Nerwaya et coordonnateur du groupe éponyme prévient : « Nous souhaitons un appel d’offres restreint avec des garde-fous pour éviter que les erreurs passées qui ont conduit à la fermeture des mêmes salles ne se répètent ». Il s’est félicité de l’engagement de certains opérateurs économiques, comme à Kaya, dans la gestion des salles de cinéma et surtout du fait que selon lui, les autorités ont compris qu’on ne pouvait pas faire du cinéma sans salles de projection. Pour l’instant, si l’on convient avec l’inscription sur le fronton du ciné Sanyon stipulant que « Le cinéma est l’âme de ceux qui savent rêver », alors les cinéphiles bobolais sont à la recherche de leur âme.

Mahamadi TIEGNA

camerlingue78@yahoo.fr

Sidwaya

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