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Elections primaires aux USA : Un "trublion" nommé Obama

Publié le jeudi 10 janvier 2008 à 11h16min

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Même s’il apparaît, après la tenue des primaires dans le New Hampshire qu’il ne gagnera pas l’investiture du Parti démocrate américain (même si tout est encore possible) Barak Obama aura contribué à redonner un sens à cette vision de l’Amérique égalitaire, où le mérite peut être source de la plus grande gloire. La bonne vieille Amérique des pionniers en somme.

Le "surgissement" de Barak Obama au devant de la scène politique américaine ne fut pas loin de constituer une problématique pour les occupants traditionnels de cette scène.
Atypique (le sénateur de l’Illinois est originaire du Kenya et a vécu une partie de sa vie hors des USA notamment en Indonésie) Obama est venu avec des idées qui tranchaient avec le discours habituel.
Un discours qui, sans être conservateur, n’en exaltait pas moins l’Amérique d’abord, les autres problèmes, notamment ceux des minorités du "deep South" (le Sud profond et des couches sociales en voie de décrépitude (ouvriers du secteur de l’automobile) venant après. Un discours si révolutionnaire, au point que ce "Negro" bon teint, quoique métissé, a été traité "d’étranger" par certains Africains-Américains.

Cela n’a point ému Barak Obama, d’autant que son discours patriotique avait le mérite de prendre au sein de toute la société et surtout de mettre en difficulté sa principale challenger à l’investiture du Parti démocrate, Hillary Clinton. L’ex First Lady, qui était jusque-là la madone des sondages, avait, on se rappelle, pris position en faveur de la campagne irakienne, entamée par Bush en mars 2003.
Une "erreur", et une option "antipatriotique", selon Obama aidé, il faut le dire, par la tournure désastreuse que prenait cette campagne. Et Hillary Clinton, qui lui rapprochait un certain "angelisme" et conséquemment une inaptitude à gouverner ce "grand pays" qu’est l’Amérique, a dû réviser sa position, pour prendre le "gamin" au sérieux. Un gamin au caractère bien trempé et qui est venu précocement à maturité du fait d’une vie de famille difficile.

Fils de divorcé, ballotté entre l’Amérique, l’Asie et accessoirement l’Afrique, Barak est un "enfant" de la mondialisation, dur comme ce système prédateur et encaisseur de tous les coups durs. Un profil qui ne semble pas suffisant pour franchir le goal des primaires, le vote du New Hampshire venant nous rappeler que l’Amérique n’est peut-être encore pas prête à tenter l’aventure avec un "black".
Alors que les sondages la donnait perdante, Hillary Clinton est revenue du diable vauvert pour s’imposer d’une courte tête devant son jeune rival.
C’est un pas important que la dame Clinton vient de faire vers la Maison-Blanche, en attendant le "super-mardi" au cours duquel 24 Etats organiseront leurs primaires.

La logique reprend le dessus car, en dehors des vieilles inhibitions du peuple américain, Hillary Clinton semble être la mieux à même de défendre les intérêts des démocrates lors de la présidentielle de novembre 2008.
Nonobstant son statut de First Lady, elle a en effet décliné un programme à même de sortir l’Amérique du spleen politique et moral dans lequel elle se trouve actuellement.
Diminution du colossal budget militaire au profit de secteurs plus sociaux retrait des troupes américaines d’Irak, remise au goût plus sociaux, crêt du jour du multilatéralisme, c’est le contre-pied de la politique néo-conservatrice de Bush, qui a contribué à fâcher une bonne partie du monde contre l’Amérique.

Avec le coût humain exorbitant de cette politique, Clinton boit du petit lait, même si son "pêché originel" (son soutien à Bush en 2003) l’a handicapé au départ. Si elle confirmait son résultat du New-Hampshire et écartait Obama, elle serait sur un boulevard pour la Maison-Blanche. Car, dans le camp républicain, les candidats ne pèsent pas lourd d’une part et ils sont handicapés par les mauvais résultats de Bush d’autre part. Sauf séisme donc, une femme accédera pour la première fois au "saint des saints", avec un "conseiller" qui a déjà l’expérience dans le "métier". Atout ou handicap, la suite nous le dira.

Boubacar SY


Election présidentielle aux Etats-Unis : Le rendez-vous des coups tordus

Tous les quatre ans, en janvier, les citoyens américains participent au long rituel politique qui débouche en novembre sur l’élection de leur président.
Une période pleine d’invectives, de pratiques diffamatoires et des piques que les candidats se jettent à merci. C’est à croire que la campagne vise autre chose que le ralliement de voix. Tous les moyens sont bons, du moins tant que cela profite à l’un ou l’autre (c’est selon), pour mettre les bâtons dans les roues de l’adversaire. On l’a vu lors des élections locales, même étant dans le même camp, on ne se fait pas de cadeaux. Hillary Clinton, épouse de l’ancien président Bill Clinton et prétendante à l’investiture démocrate, a déjà sorti les griffes, accusant son challenger Barack Obama d’être un beau parleur, histoire de contrer son bon départ.

Des accusations les plus bouffonnes aux plus scandaleuses, tout y passe. On a beau être irréprochable, il faut trouver des casseroles, quitte à les inventer. Les pourfendeurs républicains de Franklin Delano Roosevelt (le 32e président démocrate des Etats-Unis de 1932 à 1945, le seul à avoir enchaîné quatre mandats), las de ne rien trouver contre lui, sont allés jusqu’à s’en prendre à son chien.
Ce à quoi il a répondu : “ Vous ne vous contentez pas d’attaquer ma personne et ma famille, mais vous incluez maintenant mon petit chien Fala.Vos attaques ne m’offensent pas, mais par contre Fala y est très sensible.

J’ai le droit d’exprimer mon indignation et mon opposition à l’encontre de vos propos diffamatoires sur mon chien ”.
Abraham Lincoln, le premier président républicain et 16e président des USA de 1861 à 1865 à l’initiative de l’abolition de l’esclavage, quant à lui, était taxé de politicien de bas étage et de juriste de quatrième catégorie.
D’autres encore ont été traités de racistes.

Gravissime accusation ! Peu importe la véracité des allégations, elles visent à désarçonner l’adversaire, à le pousser à des explications difficiles à suivre par la masse.
Il est même admis de plus en plus que des gens sont payés dans les états-majors des partis pour monter des “ coups fourrés ” à l’effet de déstabiliser le candidat de l’autre camp.

Ainsi Karl Rove, ex-conseiller politique du président actuel George Walker Bush, qui a démissionné en 2007, est présenté comme un expert des coups bas électoraux (l’Express du 31/10 /2002).
Il aurait révélé le nom de la compagne agent secret d’un ambassadeur, parce que celle-ci avait découvert que certains arguments de Bush en faveur de la guerre en Irak étaient faux. Une révélation en violation des lois fédérales, mais puisque ça sert les intérêts de l’administration Bush… Les manigances les plus courantes sont : la fabrication de faux témoins à charge, les fouilles dans les états de service de l’adversaire, la révélation de l’irrégularité d’un voyage effectué au frais du Trésor, et nous en oublions.

Les “ bushistes ” ont porté sur la place publique les incohérences supposées de John Kerry, adversaire démocrate de George Bush à l’élection présidentielle de 2004. Il avait été accusé d’avoir voté pour la guerre avant de la qualifier par la suite d’erreur grossière.
A son tour, Kerry fustigera le manque de patriotisme de Bush pour n’avoir pas fait son service militaire pendant que ses partisans le montraient en tenue de combat sur une vedette dans le delta du Mékong durant la guerre du Vietnam. Un héroïsme, bien entendu, contesté.

Le fort de ces coups tordus est qu’ils sont permis et attendus à la limite par les citoyens et les médias qui en font leurs choux gras. Ils ne sont pas déterminants sur l’issue du scrutin, puisque le Congrès ne perçoit pas la nécessité de les réglementer.
D’ailleurs,les effets de tels acharnements ont souvent été d’attirer au contraire la sympathie de
l’électorat.

C’est l’exemple du Watergate, cette affaire de tentative d’écoute téléphonique au siège du Parti démocrate durant la campagne de 1972. Un scandale qui s’est retourné contre ses initiateurs républicains en occasionnant la démission sans précédent du président Richard Nixon.
Ce jeu démocratique, au sens premier du terme, pourrait être expérimenté sur le terrain politique au Burkina Faso où il y a déjà un moule : la parenté à plaisanterie. Mais on se rappelle qu’un opposant a été accusé de manquement aux obligations découlant de son statut pour avoir parlé “ du luxe insultant du palais de Ziniaré ”. Cela aurait pu peut -être passer s’il était Samo.
Mahamadi TIEGNA
camerlingue78@yahoo.fr
Sources

Les élections présidentielles aux Etats-Unis,
de Nelson W. Polsby et Aaron Wildavsky,
Editions Londreys, 1988
L’EXPRESS n°2678 du 31/10/2000

Sidwaya

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