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Comment gérer nos traditions dans ce monde de modernisme ?

Publié le vendredi 4 juin 2004 à 08h00min

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C’est le chef coutumier, Paul Tennoaga Ouédraogo qui a animé la 8e conférence du Médiateur du Faso sur les traditions. Ce fut vendredi 28 mai 2004 à la Caisse générale de péréquation (CGP).

La campagne de sensibilisation du Médiateur du Faso sur le respect et la protection du patrimoine national, continue son bonhomme de chemin avec cette fois-ci, un regard sur les traditions. La problématique des traditions dans ce monde de modernisme et des mentalités de plus en plus "globalisées" par la société de consommation nous interpellent à une introspective profonde. "Faut-il respecter les traditions parce qu’on les aime ou à cause de la peur ?", a déclaré le conférencier.

Autre interrogation, faut-il parler de respect des traditions ou la façon dont les traditions participent au respect du patrimoine national ? Quoiqu’il en soit, toutes les interrogations sont intéressantes à plus d’un titre. L’idée de tradition chez bon nombre de personnes est confinée à leur conception géographique : les Samo ont leurs traditions qui se révèlent à travers le LUMASSAN, les Bwaba (FESTIMA, danse traditionnelle) ; les Mossi (Festival liwaga), etc.

Ces manifestations qui révèlent la particularité de chaque ethnie participent donc à la vulgarisation d’un pan de nos traditions et cela parce que certains esprits bien éclairés ont eu l’idée de les pérenniser. Le souci majeur cependant, c’est de pouvoir amener les jeunes à s’intéresser à de tels spectacles. Dans un milieu frappé de frénésie juvénile, l’intérêt à fredonner des airs d’une Hakarafa Bicaba ou d’une Habiba Nana ne fait pas le poids devant celui d’un Eminen ou d’une Lorrie.

Tout commence en famille par l’éducation

L’on dit souvent que pour savoir où l’on va, il faut connaître d’où l’on vient. Le retour aux sources est toujours capital. Selon le conférencier, le patrimoine dans le milieu traditionnel, c’est d’abord, la mère, le père, en somme la patrie. Parler donc de respect du patrimoine, c’est faire cas de ces vertus que l’on cultive en famille : l’obéissance et la considération pour ses propres parents.

Mais de nos jours, le constat est amer. Certaines familles comme celles des forgerons ou des griots auparavant connues pour leurs pouvoirs magiques ne font plus l’objet de grande considération. D’autre part, le patrimoine national dans le milieu traditionnel, ce sont les terres, les eaux, les routes, etc. Dans la plupart des régions, ces richesses faisaient l’objet d’une sacralité en des endroits. Ce qui favorisait la protection de l’environnement. De nos jours, ces lieux sont violés et même détruits au mépris de nos traditions.

Enfin, les traditions en tant qu’institutions nous renvoient à la chefferie traditionnelle, son rôle et son fonctionnement dans la société. Les chefs traditionnels sont ceux-là qui ont toujours imposé un mode de vie conforme aux bonnes mœurs dans la société. Ils ont beaucoup contribué à l’apaisement grâce à leur rôle de médiateurs. Dans le souci de pouvoir continuer à jouer ce rôle de stabilisateurs dans la société, certains citoyens pensent que les chefs traditionnels devraient se démarquer de la politique pour ne pas servir de pont aux intérêts égoïstes de certains.

Le conférencier, Paul Tennoaga Ouédraogo, a fait remarquer que tout est question d’éducation. Le citoyen, lui-même patrimoine, est le géniteur des traditions. De ce fait, de la considération qu’il a de sa propre personne dépendront du respect qu’il aura de la chose publique et son élan de protection pour celle-ci.

Ismaël BICABA (bicabari@yahoo.fr)
Sidwaya

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