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Classement du PNUD 2007 : Le Burkina lance une contre-offensive

Publié le mercredi 26 décembre 2007 à 07h10min

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Le gouvernement du Burkina Faso prend acte de la publication du rapport mondial 2007 du Programme des Nations unies (PNUD) qui le classe à la 176e place sur 177 pays. Toutefois, le gouvernement tient à faire les commentaires suivants.

I. De la définition de l’Indicateur de développement humain (IDH)

Le gouvernement tient à insister sur la compréhension que l’on doit avoir de l’IDH. En effet, l’IDH n’est qu’un indicateur synthétique de développement et une mesure relative à un instant, c’est-à-dire qu’il mesure le chemin parcouru par un pays vers l’atteinte de certaines normes internationales en matière de développement humain : l’espérance de vie pour la santé ; les taux de scolarisation dans le primaire, le secondaire, le supérieur et aussi le taux d’alphabétisation des plus de 15 ans pour l’éducation ; et le

Produit intérieur brut (PIB) par tête (mesure en parité de pouvoir d’achat- PPA) pour le revenu.

Au regard de ce qui précède, le gouvernement estime que la publication sur le rang doit être complétée par une analyse des évolutions. Dans le cas du Burkina Faso, l’IDH est passé de 0,257 en 1975 à 0,370 en 2005, selon le rapport publié en 2007. L’IDH a donc régulièrement augmenté au Burkina Faso. Comparée à certains pays de l’UEMOA, le graphique ci-après montre que les efforts accomplis par le Burkina Faso ont permis de réduire significativement l’écart de développement humain entre notre pays et la Cote d’Ivoire depuis le début des années 90.

Graphique 1 :

Evolution de l’IDH au Burkina Faso comparée a celui du Népal et de la Côte d’Ivoire de 1975 à 2005. Le gouvernement estime par ailleurs que l’IDH devrait être complété par des indices intermédiaires permettant de mieux rendre compte de la chaîne de causalité qui va des moyens mis en œuvre aux résultats intermédiaires, puis aux résultats finaux et enfin a l’impact. La batterie d’indicateurs retenus pour suivre les OMD comporte de tels indicateurs. Par exemple, l’accès à l’eau potable à moyen terme a un impact sur l’espérance de vie. Le classement du Burkina Faso pour certains indicateurs OMD est encourageant :

- Accès à l’eau potable : 97e/125 ;

- Probabilité de survivre après 40 ans : 141e/173.

Enfin, le gouvernement constate que dans la définition actuelle de l’IDH, la composante revenu ne repose que sur le PIB moyen par tête et ne tient pas compte de l’inégalité de sa répartition. Les données publiées montrent que l’inégalité observée dans la distribution du revenu est relativement plus faible au Burkina Faso que dans d’autres pays : l’indice de Gini atteint 39,5 au Burina Faso contre 61,3 en République Centrafricaine par exemple.

II. Du traitement des informations statistiques

Suite à une revue des données pour mieux apprécier le classement du Burkina Faso dans le rapport mondial sur le développement humain durable, il ressort que les sources et l’actualité des données statistiques restent problématiques. En effet, on note des divergences flagrantes de statistiques sur les différentes dimensions du développement au niveau du pays, notamment celles prises en compte dans le calcul de l’IDH.

Les rapports mondiaux sur le développement humain publiés en 2004 et en 2005 comportaient une erreur manifeste sur le taux d’alphabétisation du Burkina Faso (10% contre 22,3 % selon les enquêtes auprès des ménages). Cependant, grâce à la collaboration entre le PNUD local et l’administration burkinabè, depuis 2006, le questionnaire de l’UNESCO est régulièrement rempli par l’INSD et les statistiques publiées par l’UNESCO et reprises par le PNUD sont conformes aux statistiques nationales.

Pour ce qui concerne le calcul de l’espérance de vie, le schéma de collecte ne fonctionne pas. Il existe un écart important entre les statistiques nationales et internationales sur l’espérance de vie : 51,4 ans selon le rapport de la Division de la population des Nations unies (projections réalisées en 2006 et publiées en avril 2007) contre 53,8 ans en 1996 selon le recensement de la population burkinabè de 1996. Ainsi, si l’IDH était calculée à partir de l’espérance de vie telle que mesurée par l’INSD à partir des données du recensement de 1996, le Burkina Faso aurait atteint la 171e position, a égalité avec la République Centrafricaine.

Enfin, l’harmonisation méthodologique au niveau régional reste insuffisante. Même si l’UEMOA et la CEDEAO ont lancé des programmes statistiques pour harmoniser la mesure du PIB ou celle de l’indice des prix à la consommation, de tels programmes n’ont pas encore été lancés dans le domaine des statistiques sociales (éducation, santé). Ils sont nécessaires pour faciliter les comparaisons internationales. Aussi ressort-il parfois que les statistiques recueillies auprès des instituts nationaux ne reflètent pas toujours la hiérarchie "visuelle" :

en 2005, la Guinée aurait eu un taux de scolarisation moyen dans le primaire, le secondaire et le supérieur (45,1 %) supérieur à celui de la Côte d’Ivoire (39,6%) ;

en 2004 (année académique 2003/2004), le taux de scolarisation dans le primaire est au Burkina Faso de 53%, selon l’UNESCO, contre 52,2% selon les statistiques nationales. La même année académique, le taux de scolarisation dans le primaire aurait été de 71 % au Tchad.

III. Comment expliquer le mauvais classement du Burkina Faso ?

Selon la méthodologie de calcul de l’IDH, le mauvais classement du Burkina Faso s’explique essentiellement par la composante "capital humain". Le taux d’alphabétisation reste encore faible ainsi que les taux brut de scolarisation au secondaire et au supérieur. Ce sont les maillons faibles de la chaîne. En effet, dans le calcul de l’indicateur de connaissance, le taux d’alphabétisation compte pour 2/3 et les taux brut de scolarisation au primaire, secondaire et supérieur pour 1/3.

Au regard de ce qui précède, le gouvernement estime que la composante "capital humain" de l’IDH pourrait être redéfinie pour être mise en cohérence avec les Objectifs du millénaire pour le

développement : (i) retenir le taux d’alphabétisation des 15-24 ans plutôt que le taux d’alphabétisation des plus de 15 ans ; (ii) se limiter à la composante « éducation primaire » plutôt qu’au taux combiné primaire, secondaire, et supérieur.

IV. Que compte faire le gouvernement pour améliorer le classement du Burkina Faso les années à venir ?

Il faut rappeler que le Burkina Faso affiche, depuis plus d’une décennie, une croissance économique moyenne de 6%, soit une amélioration du PIB réel par tête de 3,5% par an (pour un objectif de 4% retenu dans le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté). Le rapport montre fort bien que les bons résultats macro-économiques sont une condition nécessaire. Mais ce potentiel de croissance doit être accompagné par des actions vigoureuses et immédiates en termes d’amélioration de l’offre et de la qualité d’éducation, mais surtout de développement des infrastructures marchandes et productives à même de répondre à la problématique de l’emploi et la création de richesses.

Pour une meilleure visibilité des progrès accomplis par notre pays en matière de développement humain, le gouvernement entend mener des actions dans quatre directions :

Renforcer la collaboration avec les Agences spécialisées du Système des Nations unies et le PNUD au niveau local. Dans ce sens, il entend organiser une vidéoconférence avec la Division population des Nations unies sur les résultats du recensement et les projections démographiques dans le but d’intégrer les résultats du RGPH 2006 dans les publications internationales de 2009 ;

Réaliser une enquête spéciale sur l’alphabétisation pour mieux évaluer le taux. En effet, le taux d’alphabétisation compte pour 2/3 dans la mesure de l’indicateur de connaissance. Son amélioration fera gagner des points au niveau de l’IDH. Ensuite, il entend développer la coopération avec le Conseiller régional de l’institut de la statistique de l’Unesco basé à Dakar pour mieux comprendre les différences méthodologiques et les hypothèses nécessaires au calcul du taux d’alphabétisation, l’objectif étant d’arriver à une convergence des statistiques nationales et internationales ;

Lancer une étude sur la pertinence de l’IDH, l’objectif étant de compléter l’IDH par l’analyse de tous les indicateurs OMD ;

Mettre en place une équipe nationale sous la conduite de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) par exemple pour la coordination du processus de collecte, de traitement et de transmission de l’information aux institutions internationales.

Le gouvernement burkinabè reste ouvert à toute critique et suggestion constructives pouvant contribuer à renforcer les acquis en matière de développement humain durable et assurer une meilleure visibilité des progrès accomplis par notre pays.

Le ministre de l’Economie et des Finances

Jean Baptiste M.P.Compaoré Commandeur de l’Ordre national

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Vos commentaires

  • Le 27 décembre 2007 à 05:45, par alassane En réponse à : Classement du PNUD 2007 : Le Burkina lance une contre-offensive

    chercher a justifier ou denoncer par ts les moyens le classement PNUD nest pas veritablement indique e ne resoud concretement rien. cest 1 politik du mauvais eleve

    on gagnerait bocou a convaincre avec d veritables plans directeurs de developpement realistes e realisables et durables pr le seul bonheur de la masse populaire.

    pourkoi pas investir cette energie debordante k nos autorites ont, a convaincre l PNUD et Associes(y compris nationaux) a investir chez nous ?
    Alassane , Californie

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