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M. Célestin T. Tiendrébéogo, directeur général de la SOFITEX : “ Travaillons à redresser la situation, en jouant sur la productivité ”

Publié le lundi 24 décembre 2007 à 08h40min

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Aussitôt après la signature de la convention de financement partiel de la campagne 2007/2008 avec le pool bancaire international dans les locaux de l’ambassade du Burkina Faso à Paris le 18 décembre dernier, le directeur général de la Société burkinabè de fibres textiles (SOFITEX), M. Célestin T. Tiendrebéogo, nous a accordé un entretien à chaud. C’est un fonds de 65 millions d’euros, soit plus de 42 milliards de francs CFA dont a bénéficié la SOFITEX, preuve que malgré les difficultés auxquelles fait face l’ensemble de la filière cotonnière africaine, ses partenaires lui font toujours confiance et croient qu’elle est en mesure de relever les défis.

Sidwaya (S). : Monsieur le directeur général, avec cette contribution importante de vos partenaires financiers, quelles sont les dispositions prises au niveau de la SOFITEX ?

Célestin T. Tiendrébéogo (C.T.T.). : Je pense que la mobilisation a été effective à 99,5%. L’Etat aussi a fourni un grand effort ; il y a des dispositions prises au sein de la société pour réduire les coûts de fonctionnement et qui vont se poursuivre au cours de la campagne actuelle. Au plan organisationnel, nous prenons également des mesures. A ce niveau, nous devrions pouvoir atteindre un équilibre pour cette campagne avec le redressement des cours qui s’annonce.

Et avec la grâce de Dieu, nous pourrons même être bénéficiaires. Mais cela ne doit pas cacher qu’il y a toujours des difficultés qui sont là, à savoir qu’il y a le dollar qui est bas par rapport à l’euro, et comme notre monnaie est adossée à l’euro, vous comprenez bien les difficultés. Il y a aussi les subventions qui sont toujours là au niveau des pays du Nord, et les coûts des intrants qui sont de plus en plus élevés et qui amènent les cotonculteurs à pratiquer des sous-dosages ; si l’Etat n’était pas intervenu pour la subvention des intrants, il va sans dire que cela aurait été une catastrophe.

S. : Mais à quoi doivent s’attendre les cotonculteurs concrètement ? Qu’est-ce qui va changer dans leurs conditions de vie ?

C.T.T. : Ils pourront obtenir le règlement de leur coton. Dès la semaine prochaine déjà, nous allons avoir la mobilisation de ces fonds. Ce qui veut dire qu’il n’y aura pas de retard de paiement au niveau du coton qui est en train d’être enlevé et égrené actuellement.

S. : A propos du fonds de lissage, qu’est-ce qui vous fait dire, depuis trois ans qu’on en parle, que l’année prochaine, il pourrait être effectif ?

C.T.T. : Parce que l’Agence française de développement (AFD) a déjà, par son conseil, autorisé le financement de ce fonds à concurrence de 18 millions d’euros. Ce qui veut dire que ces 18 millions d’euros sont déjà disponibles, il reste maintenant les conditions de mise en œuvre pour nous permettre de les mobiliser en fin mars 2008. A partir du moment où l’AFD a donné son accord, ces fonds sont déjà disponibles. Maintenant, il y a la mise en œuvre du côté burkinabè, parce que vous savez bien que l’aide est accordée à l’Etat qui la rétrocède aux sociétés cotonnières. Il ne reste donc que des procédures et des conditions juridiques à mettre en œuvre. Nous avons du reste déjà défini ensemble un chronogramme de mise en œuvre de ces mesures pour qu’en fin mars nous puissions consommer ces fonds.

S. : Mais M. le directeur général, au vu des difficultés qui entourent la filière cotonnière, êtes-vous sûr d’être en mesure de rembourser tous ces fonds ?

C.T.T. : On va bel et bien les rembourser. C’est adossé sur des contrats de fibres et de ce point de vue, ça ne pose aucun problème. Avec la consolidation aussi, nous avons commencé à rembourser les 44 milliards de Francs CFA et il nous reste 35 milliards. Les perspectives pour l’année 2008-2009 étant bonnes, je pense que si il n’y a pas de catastrophe majeure, il n’y a pas de raison que nous ne soyons pas en mesure de rembourser ces fonds.

S. : Quel message avez-vous à lancer aux producteurs de coton ?

C.T.T. : Je dis aux producteurs de coton de persévérer, d’avancer. C’est par l’effort que nous allons sortir notre filière de la situation difficile qu’elle vit et comme vous le savez, toutes les filières cotonnières d’Afrique connaissent une baisse de 40% de leur production. Au Burkina Faso, nous avons près de 30% de baisse. Il faut que nous travaillions malgré les difficultés, à redresser la situation, en jouant sur la productivité.

S. : Vous êtes le président de l’Association cotonnière africaine (ACA). Quel message lancez-vous à l’adresse des sociétés cotonnières d’Afrique ?

C.T.T. : Je les encourage à persévérer également. Nous mettons tout en œuvre au niveau de l’ACA pour trouver des solutions aux difficultés de notre filière, en rencontrant les bailleurs de fonds, les chefs d’Etat et de gouvernement, les ministres, pour pouvoir trouver des solutions aux problèmes de la filière cotonnière.

S. : Dites-nous enfin M. le directeur général, ce que représente pour vous réellement “ SOFITEX 17 ”.

C.T.T. : Le montant de “ SOFITEX 17 ” pourrait paraître inférieur à ce que nous avons signé jusque-là ; la production ayant baissé, les besoins aussi vont baisser par rapport aux conventions précédentes. En fait, nous avons fusionné deux conventions, intrants et coton-fibre, pour pouvoir faire une seule convention.
C’est une bonne chose que parmi les sociétés cotonnières, nous soyons une des rares à pouvoir encore signer des conventions de financement, en parvenant même à attirer dans le pool, de nouveaux partenaires, malgré les difficultés. Cela montre qu’il y a une confiance de la part des banques qui croient que la SOFITEX est en mesure de relever les défis.

Propos recueillis par Jean-Paul KONSEIBO

Envoyé spécial à Paris


La SOFITEX en bref
Créée le 20 juin 1979, la Société burkinabè des fibres textiles (SOFITEX) est une société anomyme au capital de 38 800 000 000 de francs CFA de nos jours. Son siège social est à Bobo-Dioulasso. M. Célestin Tiendrébéogo est le directeur général.

Les missions de la SOFITEX :
 Achat, transport, égrenage du coton graine ;
 Commercialisation de la fibre et des sous-produits ;
 Approvisionnement des agriculteurs en intrants agricoles ;
 Aide au développement de la culture cotonnière et des cultures associées par son appui technique, ses services et sa participation au financement des mesures nécessaires à la recherche et au développement ;
 Promotion directe des fibres textiles.

La SOFITEX compte sept régions cotonnières :
 Bobo-Dioulasso
 Banfora
 Dédougou
 Diébougou
 Houndé
 Koudougou
 N’Dorola.

Usines :
 Treize (13) usines d’égrenage
 Deux (2) unités de traitement de semences.

Perspectives :
 Une usine d’égrenage à Bondokuy (province du Mouhoun).

Sidwaya

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