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Développement humain durable : La mauvaise querelle des autorités burkinabè

Publié le samedi 22 décembre 2007 à 08h04min

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Le Rapport mondial sur le développement durable 2007- 2008 vient d’être rendu public. Cette année encore, le pays des Hommes intègres tient la queue. Les années passent, mais le Faso fait du surplace, pour ne pas dire qu’il recule, du moins dans le classement établi par le Programme des nations unies pour le développement. Sur les 177 Etats du monde concernés par le classement, il occupe le 176e rang, ne dépassant que la seule Sierra Leone, qui sort à peine d’une décennie de guerre fratricide.

Naturellement, le rapport a donné lieu à des débats parfois surréalistes au Faso. Les contempteurs du pouvoir en place s’en frottent les mains et sont aux anges quand une institution aussi crédible que le Programme des nations unies pour le développement apporte de l’eau à leur moulin. Pour eux, les statistiques onusiennes sont la preuve que le Burkina va mal. Les bons résultats dont se glorifie le gouvernement dans tous ses discours ne sont que du bluff, juste sortis pour endormir les populations.

Il faut effectivement reconnaître que les autorités du Faso sont passées maîtresses dans l’art de tout présenter en rose. Pas plus tard que le 10 décembre, et alors que le classement du développement humain durable était déjà connu, des Burkinabè osaient encore affirmer, sans rire, que le « Burkina Faso est un pays qui avance ». Sans blague ! Cependant, le rang du pays dans ce classement intrigue tout de même. Certes, on ne peut pas emboucher la même trompette que les dirigeants pour faire porter le chapeau de cette mauvaise place aux statistiques utilisées par le Pnud pour son classement.

En effet, ce pays, classé à la queue, a été vanté plus d’une fois par d’autres institutions onusiennes pour les gros efforts qu’il fournit pour améliorer les offres éducatives et sanitaires. Les partenaires techniques et financiers issus de ces mêmes institutions ont justifié les nombreux crédits et subventions accordés au pays des Hommes intègres par le fait que les efforts de toujours mieux faire étaient visibles et profitables aux populations. Les Burkinabè ont bien droit à une explication cohérente pour comprendre l’écart kilométrique entre ce que des experts leur chantent tous les jours et les statistiques contenues dans le rapport du Pnud. Et puisque c’est le même scénario, il y a lieu effectivement de faire toute la lumière sur cette contradiction.

A la vérité, le Faso ne doit pas rougir de son rang au point de baisser les bras. Il existe en effet un paradoxe, si on compare les résultats sur papier présentés par le rapport et le vécu quotidien dans les pays. Plus d’une fois, le Burkina, 176e, donc en principe dépourvu du minimum vital pour assurer le bien-être de sa population, a volé au secours de nations pourtant mieux cotées que lui dans ce classement. Certains pays africains notamment, qui occupent le peloton de tête, en arrivent à envier le Burkina malgré sa situation d’avant-dernier des Etats du monde. Du reste, la persistance du mauvais rang du pays pourrait s’expliquer par le fait que nos gouvernants mènent le mauvais combat.

Ils semblent concentrer leurs énergies à refuser le droit aux autres d’opiner sur ce classement plutôt que d’attaquer le mal à la racine. C’est cela qui explique qu’ils sont toujours surpris par le rapport suivant. Or, si le pays conteste les statistiques utilisées par le Pnud, la logique voudrait qu’il cherche à bien comprendre le mécanisme de calculs afin de faire un meilleur usage des chiffres l’année suivante, sauf si l’évocation sans cesse de l’utilisation des mauvaises statistiques pour le calcul de l’indice du développement humain durable n’est qu’un alibi pour se donner bonne conscience.

Adam Igor

Journal du jeudi

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