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5e forum pharmaceutique international : Des participants apprécient

Publié le lundi 7 juin 2004 à 07h39min

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Ouagadougou abrite du 2 au 4 juin 2004 le 5e forum pharmaceutique international. Sidwaya a rencontré des participants tant nationaux qu’étrangers qui se prononcent sur la rencontre.

Sidwaya (S.) : Faites-nous le point de la rencontre au 2e jour des travaux ?

Victoire Benao (V. B.) président de l’Ordre national des pharmaciens du Burkina  :

Les travaux se déroulent bien. A l’ouverture, nous avons pu traiter de la conférence inaugurale sur le cadre stratégique de la lutte contre la pauvreté, laquelle a vraiment intéressé les participants. Aujourd’hui (NDLR 3 juin 2004) nous sommes en train de parler de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida par les pharmaciens. A l’heure actuelle, ce sont les pharmaciens hospitaliers qui le font. Mais les pharmaciens des officines privées veulent aussi s’impliquer pour apporter leur contribution à la lutte contre la pandémie du Sida. Nous sommes en train de suivre les expériences de chaque pays en la matière.

S. : L’appui des pharmaciens dans l’accessibilité aux antirétroviraux (ARV) se fera comment ?

V. B. : Quand on parle d’accessibilité, il s’agit surtout de l’accessibilité financière. Au niveau de l’Inter-ordre des pharmaciens d’Afrique (IOPA), depuis le forum de Dakar en 2001, nous avons décidé que les pharmaciens renoncent à la marge bénéficiaire afin que les officines privées puissent disposer d’ARV au prix-coûtant, c’est-à-dire le prix auquel on nous dira de les vendre. Maintenant, il reste aux décideurs d’impliquer les pharmaciens pour qu’ils apportent leurs contributions à la lutte contre la Sida.

Justement, les communications du forum nous montrent comment le pharmacien peut être vraiment utile. Au niveau de l’observance, il est le mieux placé pour suivre le malade, voir s’il suit bien le traitement, le mettre en contact avec le médecin, etc. Par ailleurs, actuellement, beaucoup de villes du Burkina disposent de pharmaciens privés. Cela permet aux malades de s’adresser directement à eux afin d’avoir leurs médicaments.

Il faut aussi souligner que les gens préfèrent aller vers les pharmacies que de se rendre à l’hôpital où tout le monde se voit. Au niveau du Burkina Faso nous sommes bien partis pour notre rôle dans la lutte contre le Sida. Avec le Conseil national de lutte contre le Sida nous sommes déjà impliqués. Nous n’attendons que des formations pour commencer à jouer notre rôle.

Lazare Bancé, DG de la CAMEG (Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques)

S. : Quelle sera la contribution de la CAMEG dans la lutte contre la pauvreté ?

Il faut souligner déjà, pour ce qui est des ARV, la CAMEG procède actuellement à leur approvisionnement puis à leur distribution au niveau des hôpitaux et au niveau également des cliniques pour la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida (PVVIH). Dans le contexte de la lutte contre la pauvreté, nous nous efforçons de toujours trouver les meilleurs prix possibles sur le marché international, de procéder à des baisses de prix pour que le maximum de malades puisse avoir accès aux soins.

S. : Accepteriez-vous que les pharmaciens vendent les ARV ?

L. B. : A la CAMEG, il y a déjà des pharmaciens qui participent grandement à la dispensation des ARV. Maintenant, pour ce qui est des pharmacies privées, il y a une stratégie qui est prévue, proposée par le Conseil national de lutte contre le Sida. Très bientôt, si les choses s’organisent comme il se doit, les pharmaciens privés pourront distribuer des ARV.

Mme Djita Cissé Dem (D. C. D.), présidente de l’Ordre des pharmaciens du Mali et président de l’Inter-ordre des pharmaciens d’Afrique (IOPA)

S. : Qu’entendez-vous par "Place du pharmacien dans le contexte de la lutte contre la pauvreté" ?

Le pharmacien a beaucoup à faire et à plusieurs niveaux. Nous devons considérer d’ailleurs comme slogans : "rendre les médicaments à bas prix" "soigner mieux le maximum de personnes en dépensant moins". J’ai eu à le dire lors de l’ouverture, c’est une solution difficile mais pas impossible. Nous demandons surtout l’appui de nos gouvernements. Ils peuvent déjà faire reprendre les négociations des prix hors taxes grossites des médicaments au niveau des firmes pharmaceutiques.

Les gouvernants et les pharmaciens africains doivent importer des produits génériques de qualité.

Toute chose qui permettra aux pays africains d’avoir une accessibilité géographique et financière des produits pharmaceutiques.

S. : Parlez-nous de la prise en charge par les ARV au Mali.

D. C. D. : Nous avons une chance. Avant toute chose, le patient passe premièrement à la pharmacie. Nous sommes son premier contact. Même les personnes infectées découvrent leur séropositivité sur recommandations d’un pharmacien. Le constat est que dans tous les pays africains, les pharmaciens sont mis un peu de côté par rapport à la prise en charge par les ARV. Nous demandons présentement à tous nos gouvernements une implication des pharmaciens dans la prise en charge des PVVIH en ce qui concerne les ARV. On ne peut pas parler de médicaments sans parler de pharmaciens. Il est sur toute la chaîne du médicament.

Mme Généviève Mengué Akong (GMA), présidente du syndicat des pharmaciens du Cameroun et présidente de l’Inter-syndical des pharmaciens d’Afrique

S. : Comment voyez-vous cette rencontre ?

Nous avons longtemps rêvé à une rencontre interafricaine. Nous voulions que l’Afrique centrale d’où je suis ressortissante, vienne prendre l’exemple de l’Afrique de l’Ouest. Nous avons beaucoup rêvé à cette rencontre au moment où au lendemain de la dévaluation la communauté internationale nous réunissait pour nous aider à régler le problème du prix du médicament. Les propositions qu’on faisait à l’époque, à savoir mettre le générique dans l’officine pour le rendre plus proche du malade, n’étaient pas bien accueillies.

C’est pour cela que nous avons senti le besoin de créer des rencontres interafricaines. Cette idée a vu le jour à Cotonou au Bénin en 2000. C’est ainsi que sont nés les fora pharmaceutiques où nous voudrions réunir les ordres, les syndicats, les centrales d’achat, les directeurs en charge des politiques de santé. Nous nous enrichissons mutuellement des exemples des pays participants.

S. : Relatez-nous l’exemple du Cameroun quant à l’accessibilité des ARV ?

G. M. A. : Le Cameroun est à l’exemple de beaucoup de pays africains. Les ARV sont plutôt centralisés. Au Cameroun ils sont disponibles dans les hôpitaux publics. Nous sommes en train de nous battre pour qu’on les disponibilise dans les officines. Le pharmacien d’officine est plus accessible, il y a également la confidentialité dont le malade a besoin qui lui est garantie, il y a surtout la connaissance du médicament par le pharmacien.

Interview réalisée par Charles OUEDRAOGO
Sidwaya

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