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Corruption en Afrique sub-saharienne : Les USA veulent voir clair

Publié le mercredi 2 juin 2004 à 09h12min

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"La corruption, en Afrique subsaharienne, est toujours fréquente
et elle nuit gravement à la croissance à long terme de la région
et à son développement...". C’est l’un des constats qui se
dégage d’un récent rapport commandité par le congrès
américain sur l’Afrique subsaharienne et que propose le
Washington files.

Le REN-LAC constate que le diagnostic établi
par le rapport américain rejoint les analyses qu’il fait sur l’état de
la corruption au Burkina Faso et en Afrique. Les Etats-Unis
considèrent en effet la lutte anti-corruption comme un des piliers
de leur politique étrangère.

"Selon un rapport récemment publié par le Bureau de la
comptabilité générale (U.S. General Accounting Office, GAO), la
corruption, en Afrique subsaharienne, est toujours fréquente et
elle nuit gravement à la croissance à long terme de la région et
à son développement. En effet, des fonds qui devraient être
utilisés pour l’enseignement, l’investissement et l’infrastructure
publique sont bien souvent détournés par des responsables
corrompus.
Le rapport fait état des projets mis en oeuvre par les Etats-Unis
dans le cadre de leurs programmes d’aide à l’Afrique
subsaharienne afin de lutter contre la corruption. Il prévient
aussi que, bien que la corruption soit généralisée dans la
région, il est extrêmement difficile d’en mesurer la portée.
L’index de la Banque mondiale et l’Index de "Transparency
International" placent un grand nombre des pays d’Afrique
subsaharienne parmi les plus corrompus du monde, mais,
souligne le rapport, leurs données reposent sur des
perceptions plutôt que sur des cas de corruption quantifiables,
et les deux institutions admettent que leurs évaluations
manquent de précision.
Se basant sur des enquêtes menées localement et sur d’autres
sources d’information, le rapport, qui a été préparé à la
demande du Congrès des Etats-Unis, souligne le fait que les
foyers estiment que la corruption est enracinée dans la police,
dans l’appareil judiciaire et dans les services de santé, bien que
l’appréciation du niveau de corruption au sein de chacune des
institutions varie.

Les facteurs de corruption

Pour leur part les donateurs internationaux estiment que la
corruption constitue un défi à la stabilité politique, qu’elle entrave
une croissance régulière, fausse les prix, mine les appareils
juridiques et judiciaires et empêche que les services publics
n’atteignent ceux qui en ont le plus besoin. Le rapport énumère
plusieurs facteurs qui, en Afrique subsaharienne, peuvent
contribuer à instaurer un climat de corruption :
- Le bas salaire des fonctionnaires pousse souvent ces
derniers à demander des pots-de-vin ou à détourner des fonds
à leur profit (...). Le manque de transparence lié aux activités
gouvernementales et le fait que les gouvernements ne sont pas
tenus de rendre des comptes créent un climat propice à la
corruption.
- L’inefficacité des cadres juridiques et le non-respect des lois
entravent les tentatives d’enquêtes et de poursuites, et la plupart
des pays n’ont pas un appareil judiciaire suffisamment efficace
pour traduire en justice les fonctionnaires corrompus et les
punir.
- Le public tolère la corruption et, dans certains pays, la
corruption est un fait et on s’y accommode.
Les fonds consacrés aux programmes de lutte contre la
corruption par l’Agence des Etats-Unis pour le développement
international (USAID) et par le département d’Etat, les ministères
des Finances, de la Justice et du Commerce ont représenté
environ 2,4% de l’aide à l’Afrique subsaharienne pour l’année
budgétaire 2001-2002. En général, ces programmes ont ciblé la
corruption, directement et indirectement, en s’efforçant de créer
un climat peu propice à la corruption et en se concentrant sur
les projets visant la promotion de la société civile, la réforme aux
plans légal, judiciaire et réglementaire, la privatisation des
activités du gouvernement, la responsabilisation du
gouvernement, la tenue d’élections, la création d’organes de
lutte contre la corruption et l’assistance aux services chargés de
faire respecter les lois.

La volonté politique d’abord

Grâce à ces initiatives visant la lutte contre la corruption, les
institutions locales et les organismes d’aide comprennent
mieux les conditions et les éléments qui sous-tendent la
réussite de leurs programmes.
* "Premièrement, il est essentiel que les chefs de file des pays
manifestent la volonté politique et l’engagement nécessaire
* Deuxièmement, l’appui du public est indispensable.
* Troisièmement, les programmes doivent correspondre aux
conditions propres à un pays aux plans historique et
économique.
* Quatrièmement, les programmes doivent adopter une
stratégie comportant plusieurs volets, soulignant la prévention,
l’éducation et le respect des lois.
* Cinquièmement, la transparence et l’accès du public à
l’information sont importants pour garantir une surveillance
adéquate du gouvernement. Finalement, la corruption ne
pouvant être éradiquée rapidement et simplement, la lutte contre
la corruption exige un engagement à long terme pour que le
public lui accorde sa confiance", souligne le rapport.
En octobre 2000, le Congrès des Etats-Unis a adopté une loi
sur la lutte contre la corruption internationale et la bonne
gouvernance. Cette loi fait de la lutte contre la corruption l’un des
cinq principaux objectifs des Etats-Unis en matière de politique
étrangère mais elle ne prévoit pas de nouveaux financements
pour appuyer les initiatives dans ce domaine.
Les avantages conférés par le nouveau compte du millénaire
(Millennium Challenge Account, MCA) ciblent les pays faisant
preuve de bonne gouvernance, et la mesure de la corruption,
dans un pays en particulier, sera l’un des indicateurs clés pour
qu’il reçoive une aide. Financé à hauteur d’un milliard de dollars
pour l’année budgétaire 2004, le MCA, pour lequel d’importantes
augmentations ont été proposées pour 2006, a attiré l’ attention
sur les critères imposés au pays pour bénéficier de ces fonds,
sur les mesures prises par les gouvernements des pays
d’Afrique subsaharienne pour faire face à la corruption et sur les
mesures prises par les Etats-Unis afin d’aider ces pays.

"Les milliards de la corruption"

La rapport fait état de nombreux exemples d’allégations de
corruption, notamment dans les pays ayant des industries
d’extraction : pétrole, gaz naturel, pierres précieuses, etc.
Au Nigeria, par exemple, une affaire de corruption implique
l’ancien dirigeant militaire Sani Abacha qui aurait transféré des
dizaines de milliards de dollars hors du pays lorsqu’il était au
pouvoir, de 1993 à 1998. En Angola la mauvaise gestion des
revenus du pétrole a été rapportée par la presse et 4,2 milliards
de dollars auraient disparu entre 1997 et 2002. Au Bénin, le
ministre des Finances a indiqué en 2001 que la corruption
faisait perdre 68 millions de dollars tous les trois ans.
Il a été démontré que même une corruption sur une plus petite
échelle a des conséquences néfastes sur les pauvres en
entraînant une augmentation des prix et en limitant l’accès aux
services publics. Selon une analyse faite par le gouvernement
sierra-léonais, par exemple, les pauvres, en Sierra Leone,
consacreraient une plus forte proportion de leurs revenus que
les riches à des pots-de-vin afin d’avoir accès au système de
santé, à l’éducation et aux tribunaux.
Les initiatives des Etats-Unis visant à lutter contre la corruption
ont commencé entre 1960 et 1980 par des projets de l’Agence
des Etats-Unis pour le développement international (USAID) qui
visaient une réforme gouvernementale au Liberia, dans la
région du Sahel et au Niger. Au cours des années 1990, l’USAID
a commencé à incorporer des activités visant la lutte contre la
corruption à ses projets en vigueur et à ses nouveaux projets et,
à l’ heure actuelle, les programmes qui encouragent la
transparence comprennent aussi la conduite d’enquêtes, la
mise en oeuvre de campagnes médiatiques, la création de
commissions anti-corruption et l’appui aux législatures du
gouvernement d’accueil."

Le pays
Source : REN-LAC

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