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<I>Droit dans les yeux</I> : A propos des sorcières et de l’excision

Publié le mardi 4 décembre 2007 à 10h32min

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Je viens d’une province française, la Lorraine, qui fut un pays indépendant pendant longtemps. Il y a 400, 500 ans, on commença à y désigner, puis brûler des sorcières tant les malheurs qui frappaient le pays étaient grands.

Guerres, famines, épidémies, invasions, sécheresses ou inondations, mauvaises récoltes…

Pendant des années, des femmes furent accusées d’être à l’origine de ces malheurs trop grands et engendrant trop de souffrances pour rester sans explications.

Accuser des "femmes-sorcières" a permis pendant 300 ans environ de canaliser la violence des foules vers des "boucs émissaires" à qui on faisait endosser tous les malheurs et qui permirent aux princes d’échapper à leurs responsabilités dans les catastrophes qui s’abattaient sur leur pays.

Mais un jour, un prince décida que, dorénavant, c’était fini. Plus de sorcières, ni d’exécutions, plus de boucs émissaires ni de faux procès… et ce fut fini !

Alors parfois je me prends à rêver que le Moogo Naaba s’asseoie solennellement avec tous les princes de son royaume et décide, lui aussi, qu’il n’est plus besoin aujourd’hui de désigner de vieilles femmes tristes, seules et sans défense et souvent elles-mêmes accablées par le malheur, qu’il n’est nul besoin de les désigner comme "responsables" (boucs émissaires) des épreuves que traverse inévitablement toute société humaine .

Ayant aujourd’hui mieux compris l’origine, la genèse, les causes de la plupart des évènements difficiles qui nous touchent, ayant aujourd’hui mieux compris les solutions appropriées qui doivent être déployées, ayant aujourd’hui mieux compris que les "boucs émissaires" n’étaient pas vraiment la solution, ils pourraient ensemble décréter que dorénavant, sur tout le territoire du Moogo, il n’est plus nécessaire de désigner nide chasser les "mangeuses d’âmes" et autres "sorcières" et qu’il est préférable de mobiliser toutes les énergies positives pour lutter contre les malheurs quotidiens, pour lesquels aujourd’hui nous connaissons mieux les solutions appropriées.

Je me prends à rêver que le même jour, le Moogo Naaba, avec toute la cour des princes et des princesses réunie autour de lui, décrète aussi la fin de l’excision, non pas parce que quelques Blancs lui auraient soufflé que c’est contraire aux droits de l’homme des Blancs, mais parce que dorénavant, il souhaiterait que ses femmes et celles de tous ses sujets puissent, elles aussi, goûter à la plénitude du plaisir sexuel, ce merveilleux lien fort d’amour entre l’homme et la femme, cadeau admirable que Dieu a fait à l’humanité pour le bonheur de tous. Et que cesse enfin cette blessure originelle, reproduite sans fin, qui prive nos si chères femmes de cet épanouissement dont elles ne cessent de rêver… et nous avec elles.

Père Jacques Lacour
B.P. 332 Koudougou
jacqueslacourbf@yahoo.fr

Notes pour ceux que la question intéresse :

Bref résumé tiré de : http://www.robert-weinland.org/sorc.php

Les bûchers de sorciers et sorcières allumés dans l’Occident chrétien, du XVe au XVIIIe siècles, ont fait environ 50 000 victimes, d’après les historiens. Les femmes représentaient environ les 3/4 des accusés dans des procès en sorcellerie tout à fait légaux qui s’appuyaient sur des traités de "démonologie". Pendant quatre siècles, la chasse aux sorcières s’est répandue dans toute l’Europe, mais avec une intensité particulière dans le Saint Empire romain germanique et les régions voisines. Suisse, Pays-Bas, Flandre, Luxembourg, Lorraine et Franche-Comté sont, après l’Allemagne actuelle, les régions qui ont compté le plus grand nombre de bûchers de sorcières et de sorciers.

Comment s’est arrêtée la chasse aux sorcières ? (d’après : http://geneahist-goupil.over-blog.com/article-331082.html )

En France, un édit de Louis XIV et Colbert, en 1682, interdit de poursuivre les sorcières. La Pologne, la Suisse, l’Autriche, brûlent encore au XVIIIe siècle. En vérité, les bûchers ont réellement cessé avec le siècle des Lumières, l’arrivée d’idées nouvelles... et de la raison.

Le Pays

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