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Plein la vue : 4 x (4 x 4) : Ca roule chez les élus

Publié le vendredi 30 novembre 2007 à 13h50min

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Et on en reparle, de l’Assemblée nationale, et plus précisément des élus du peuple ! Ils attendent leur « grippe aviaire ». Une jolie formule pour parler de leur probable nouveau type de véhicule de ... fonction. Une sorte de rituel depuis le retour à la vie constitutionnelle normale et la réouverture de l’hémicycle en 1992.

Pour ceux des élus qui rempilent pour la quatrième fois le bail, ce sera donc la quatrième fois aussi que ceux-ci vont faire le choix d’un quatrième bolide pour affronter à nouveau les routes cabossées des campagnes afin de retrouver leurs électeurs.

Acquérir un véhicule est a priori une chose ordinaire, mais les bruits, consciemment ou inconsciemment faits autour de la dotation des élus du peuple en véhicules, empêchent les paisibles citoyens de dormir. Pourtant, il ne s’agit pas d’une dotation, mais bien d’achats effectués par les honorables dont les émoluments sont ensuite mensuellement charcutés jusqu’à apurement des créances. Du moins en principe, car il semble qu’ils ne soient pas très nombreux, les honorables, qui ont honoré dans les délais leurs traites.

Face à la situation, l’exécutif, pour cette législature, préconiserait que chacun ait recours à son banquier à qui il devra désormais devoir pour solder le coût du bolide de fonction comme n’importe quel citoyen. Comme ça, la représentation nationale, malgré sa souveraineté, cessera d’être une maison de crédits. Voilà qui couperait l’herbe sous les pieds de ceux qui seraient tentés de contracter deux crédits : un auprès du questeur et un autre auprès d’une banque où les émoluments sont régulièrement virés.
Cette facilité d’acquisition de véhicules régulièrement donnée aux élus n’aurait en rien été matière à réflexion si dans certains cas on ne se demandait pas si c’était vraiment la peine.

C’est comme s’il s’agissait de renouveler pour renouveler dans un pays où la voiture reste un luxe malgré l’envahissement des « au revoir l’Europe ». En fait, s’ils se contentaient de jouir de leurs privilèges en silence comme l’on prend l’hostie, les députés auraient évité les feux de rampe. Hélas, certains se sont transformés en véritables locataires de véhicules 4x4 au point de concurrencer les professionnels dans le domaine. Sur les parkings de certains grands hôtels, ces grands véhicules de grands proprios y trônent nuit et jour en quête de clients de luxe.

Aux grandes manifestations nationales et internationales, ces locataires de luxe offrent leurs services aux organisateurs, histoire de ne pas garer pour rien. Un argument de service qui cache souvent la difficulté qu’éprouvent certains propriétaires à faire face aux frais d’entretien.
Dans ce type d’affaires, il faudra cependant reconnaître que les locataires de l’hémicycle n’ont pas le monopole car des membres de l’exécutif ou des patrons de certaines grandes boîtes ne résistent pas non plus à la tentation de joindre l’utile à l’agréable. Tout est bon au pays des Hommes intègres pour arrondir les fins de mois.

Les véhicules de certains députés (pas tous les députés) ne sont que l’arbre qui cache la forêt de la débrouille. S’il y avait possibilité de sous-louer temporairement des maisons de fonction, certains Hommes intègres tenteraient volontiers l’expérience. Le commerce c’est le propre des populations sahéliennes. Ce n’est pas un hasard si tous les riverains des principales artères des villes construisent des boutiques qu’ils occupent ou qu’ils louent. C’est ce qu’il y a en bas qu’il y a en haut

Journal du jeudi

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