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Désenclavement de la région de la Boucle du Mouhoun : "Le chef de l’Etat n’a pas tenu parole"

Publié le mardi 27 novembre 2007 à 10h54min

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Dans cette adresse datée de septembre 2007, la Coalition des organisations de la société civile de la région de la Boucle du Mouhoun, s’indigne des promesses non tenues sur le ésenclavement routier de la région.

"Une fois de plus, les organisations de la société civile de la région de la Boucle du Mouhoun et les populations sont profondément déçues.

Le désenclavement de la région de la Boucle du Mouhoun est une préoccupation majeure des populations. A toutes les occasions, le sujet est évoqué. Toutes les autorités du pays ont été interpellées par la plupart des organisations de la société civile. Le chef de l’Etat a promis, lors de la campagne présidentielle de 2005 à Dédougou, de désenclaver la région au cours du 1er trimestre de l’année 2006.

Mais à la surprise générale, l’ex-Premier ministre, M. Paramanga Ernest Yonli, déclare à l’Assemblée nationale le 30 mars 2006, date butoir de la promesse du chef de l’Etat, ce qui suit et en ces termes : "... les efforts déployés dans le cadre du PST2 seront poursuivis durant la période 2006-2010 avec notamment, (...)

- le bitumage de 641 kilomètres des axes routiers Bobo Dioulasso-Tougan, Kaya-Dori (y compris la construction des barrages de Tougouri et de Yalgo), Ouagadougou-Kongoussi, Dori-Seytenga-Frontière du Niger et Yéguérésso-Diébougou, plus la bretelle de Hamelé pour un montant total de 92,6 milliards de francs CFA ;

- En outre, le gouvernement ambitionne, avant la fin de l’année 2010, de mobiliser les financements en vue du bitumage des routes :

- Koudougou-Dédougou ;

- Kongoussi-Djibo-Frontière du Mali ;

- Dédougou-Nouna-Frontière du Mali ;

- Tougan-Ouahigouya ;

- Kantchari-Tansarga-Frontière du Bénin ;

- Koudougou-Réo-Tougan ;

- Ouéssa-Léo ;

- Ouahigouya-Thiou-Frontière du Mali..."

Populations de la Boucle du Mouhoun, c’est avec juste raison que vous avez accueilli, stupéfaites, décontenancées, avec le sentiment d’avoir été grugées, cette déclaration. Les populations se demandent pourquoi les autorités de notre pays continuent de marginaliser cette région.

En décembre 2005, la Coalition faisait paraître une déclaration largement diffusée et commentée à travers le pays et dans le monde, au sujet de l’état des routes dans la région de la Boucle du Mouhoun, en insistant sur les promesses faites par le candidat président devenu président élu. En substance, on pouvait y lire ce qui suit : "Le Président candidat Blaise Compaoré reviendra à la charge en pleine campagne électorale, lors de son passage à Dédougou le 5 novembre 2005, en promettant le démarrage effectif, dès le premier trimestre 2006, du bitumage de l’axe Koudougou-Dédougou-Nouna-Bomborokuy-Djibasso-Frontière du Mali et de l’axe Dédougou-Tougan-Ouahigouya-Frontière du Mali.

Tous les yeux sont donc tournés vers l’échéance fixée par le président élu Blaise Compaoré. Simple promesse électorale ou volonté réelle de désenclaver la région ? L’avenir nous dira si le président tiendra ses promesses devant les vaillantes populations de notre région.

Cette fois-ci en tout cas, personne n’ose croire que le président ne tiendra pas parole."

Nous sommes en septembre 2007 et le chef de l’Etat n’a pas tenu parole. Ça fait froid au dos. Les populations sont déçues et elles le font savoir. C’est aussi l’une des raisons qui font dire aux populations que les hommes politiques ne disent jamais la vérité, que la politique, c’est l’art de mentir. Très souvent, on se pose la question de savoir quelle image et quels repères moraux et éthiques nos hommes politiques entendent laisser aux générations futures. Difficile de répondre à la place de ceux qui sont censés incarner la morale, l’équité, la justice sociale et l’égalité. Les populations de la Boucle du Mouhoun sont frustrées, et par rapport aux écrits des OSC/RBM on constate, une fois de plus, que le gouvernement joue au dilatoire en attendant de nouvelles échéances électorales.

"Manque de rigueur et fuite de responsabilité"

Les travaux qui devaient démarrer dès le premier trimestre de 2006 ont été réduits à des ambitions de mobilisations de fonds (Koudougou-Dédougou-Nouna, Dédougou-Tougan-Ouahigouya-Frontière du Mali, Koudougou-Réo-Tougan).

Des tronçons dont le bitumage a démarré depuis trois (3) ans et qui ne finissent pas sont réintroduits dans les efforts que le gouvernement entend poursuivre : cas du tronçon Bobo-Dédougou. Compte-t-on abandonner ce bitumage, comme d’habitude ?

Dans tous les cas, les OSC/RBM sont déçues du manque de rigueur et de la fuite de responsabilité des autorités concernant la réalisation du bitumage de la route Dédougou-Bobo et de quelques artères dans la ville de Dédougou.

Tous les délais contractuels fixés au départ et reportés par la suite n’ont pas été respectés par la Compagnie sahélienne d’entreprise (CSE). De délai en délai, finalement c’est le laisser-aller et les populations de la région se retrouvent sans une seule route carrossable en cette période hivernale 2007. Dédougou et son hinterland sont presque coupés du reste du pays.

Pour se rendre à Ouagadougou, les plus nantis roulent sur le bitume jusqu’à Sara pour rejoindre la nationale n°1 à Houndé. Certains font le trajet Toma-Yako. Pour se rendre à Sanaba et à Solenzo, c’est un calvaire pour les usagers. La route qui mène à Nouna est impraticable. Le pont de Bagala sur le tronçon Nouna-Sanaba a cédé sous la pression des eaux. La route Boromo-Dédougou qui était considérée comme une voie de secours est aujourd’hui impraticable, avec plus loin le pont de Baporo qui se retrouve dans un état de délabrement avancé, ainsi que la route reliant Poura à la RN1.

C’est triste, mais c’est la réalité !

Les 5 kilomètres de bitume prévus dans la ville de Dédougou ont finalement été ramenés à 1,8 kilomètre. Confiés à l’entreprise Oumarou Kanozoé (OK), les travaux ont traîné et les ponts réalisés sans caniveaux pour l’écoulement des eaux ressemblent fort à un bon débarras. Tout le monde est inquiet des désagréments ou dommages que cela pourrait créer en cas de fortes pluies. Il est bon de préciser que des 10 villes moyennes programmées dans ce cadre, la ville de Dédougou est la dernière à avoir un semblant de bitume. Une fois de plus, c’est le chef-lieu de la région de la Boucle du Mouhoun qui subit l’incurie des pouvoirs publics.

"La supercherie continue"

La supercherie continue avec le fractionnement des ambitions sur les tronçons, pour faire comprendre que ce n’est pas demain la veille et on oublie que dans la Boucle du Mouhoun, les populations ont une mémoire d’éléphant : la supercherie n’a que trop duré !

Les OSC/RBM ont coutume de dire, avec de nombreux observateurs et spécialistes, que la route du développement passe par le développement de la route. Elles ont affirmé à maintes reprises que la Région avait été politiquement et économiquement marginalisée depuis la période coloniale. On ne sait pas pourquoi on persiste dans cette voie aujourd’hui. Que cache cette attitude qui pourrait s’assimiler à un mépris ?

Observez l’implantation des universités que le gouvernement entend créer : elles sont toutes au bout ou au milieu d’une voie bitumée. A regarder de près, on n’y voit ni Tougan, ni Dédougou, ni Nouna, ni Toma, ni Solenzo, pas même la ville de Boromo qui est pourtant longée par une route nationale bitumée. Quelle injustice !

C’est pourquoi les OSC de la Boucle du Mouhoun persistent et signent qu’elles n’entendent pas baisser les bras tant que cette situation durera.

Intellectuels de la Boucle du Mouhoun, la preuve est encore faite que la voie pour le développement de ce pays n’obéit à aucun critère d’équité : reprenez tout le DPG prononcé par l’ex-Premier ministre le 30 mars 2006 et vous en saurez davantage.

Populations de la Boucle du Mouhoun, mobilisons-nous pour que nos attentes et ambitions soient sérieusement prises en compte.

Filles et fils, démontrons par notre engagement, notre attachement indéfectible au développement de notre région !

Autorités coutumières et religieuses, garantes de la morale et de l’équité, militants syndicaux et défenseurs des droits humains, militants des associations socioprofessionnelles et de jeunes, citoyens du Mouhoun, démarquez-vous des compromissions nuisibles au développement de votre région, en vous faisant entendre.

Amis de la Boucle du Mouhoun, citoyens burkinabè, travaillons main dans la main pour un développement harmonieux et équitable de notre pays. Faisons en sorte que personne, ni aucune région n’ait le sentiment d’être exclu du fait de la mauvaise gestion du pays par les gouvernements.

Soutenons donc le juste combat que livre les OSC/RBM pour la valorisation des potentialités de la région, et portons plus loin ce combat jusqu’à ce que la région soit considérée comme il se doit.

C’est-à-dire une région à part entière et non entièrement à part du Burkina. Le désenclavement de la région de la Boucle du Mouhoun est une question nationale à laquelle il faut apporter une réponse appropriée.

Population de la Boucle du Mouhoun, répondez sans préjugé ni sectarisme à l’appel des OSC. Organisez-vous dans vos lieux de résidence et de travail, et expliquez le sens de votre combat parce que rien ne justifie politiquement ni économiquement le délaissement total de la région.

Faites du désenclavement de la région et de son délaissement les principaux sujets de vos discussions et dotez-vous de moyens d’action nécessaires pour corriger les injustices subies par une région potentiellement riche.

Au demeurant, les OSC tiennent pour responsables les autorités politiques actuelles de notre pays pour leur comportement qui crée chez les populations de la Boucle du Mouhoun le sentiment d’être exclues du pays.

Rien n’arrêtera le combat de la Coalition des OSC parce qu’il est légitime et citoyen. Du reste, l’éveil de conscience que son Manifeste a suscité confirme la justesse de la cause.

Tous ensemble, mobilisons-nous pour le désenclavement de notre région et le respect de la parole donnée."

Septembre 2007

Ont signé :
CPNPA/BF
B. Pierre DAKIO

ASFD
Aminata COULIBALY

HERE DJIGUI,
Ousmane ZERBO

ANRBF,
Clément BICABA

CHEFFERIE COUTUMIERE,
Basile DAYO

ASAMA,
Nazoun KONDE

UL/CGTB,
Harouna KINDO

UNSL/FO,
B. Esaïe NACRO

ONSL,
Siaka OUATTARA

CNTB,
Gouayilé BANAON

USTB,
Souleymane OUEDRAOGO

ASM,
Alidou OUEDRAOGO

ASPAD,
Boureima SY

ACYD,
Samou DEMBELE

ODJ,
Alexis TAMINI

SYNTAS,
Arrouna ZOUNGRANA

SYNATEB,
Bétélo MANA

SNEAB,
Issa SANGARE

SYNATEL,
Boureima KAGONE

SNESS,
S. Charles VIMBOUE

SYNAPAGER,
Désiré BAYI

UPPM/PANISE,
Elysé SAMA

GERDDES,
Sébastien KAMBOULE

ENFANCE SANS FRONTIERES,
Bétélo MANA

MBDHP,
Lamoussa KADINZA

COMMUNAUTE CATHOLIQUE,
Abbé Ernest BOMBIRI

COMMUNAUTE MUSULMANE,
Issouf BAGAYOGO

COMMUNAUTE PROTESTANTE,
Pasteur T. Simon KAHO

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Vos commentaires

  • Le 15 juin 2009 à 19:56 En réponse à : Désenclavement de la région de la Boucle du Mouhoun : "Le chef de l’Etat n’a pas tenu parole"

    Merci et Félicitations pour le franc parlé.

    Je pense que si les responsables passent et font des promesses, il faut que les politiciens de la région de la boucle du mounhoun suivent pour le leur rappeler.

    Il m’a tout l’air que ces derniers ne protègent que leurs postes, leurs poches donc des intérêts très égoïstes et non collectifs ou communautaires.

    Pourquoi, quelque soit leur bord politique ils n’initieraient-il pas des rencontres pour rendre compte à ceux qui les ont élu ?

    On constate qu’ils participent à des prises de décisions en votant des lois à l’assemblée et ils ne viennent jamais expliquer au électeurs les pourqoui des oui on des non pendant les votes.

    Soyons un peu sérieux en apportant un peu de considération aux électeurs. Il ne faut pas demander leurs voix pour se hisser seulement.

    Merci de dire aux politiciens locaux qu’ils sont là pour le bien de toute la population de la région de la boucle du mouhon et non pour une popignée d’individus avec lesquels ils ont des affinités.

    Que Dieu fasse fructufier nos efforts.

    Salut

    Maurice TRAORE (

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