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Saison hivernale 2007 : Le bilan otage des politiques ?

Publié le vendredi 23 novembre 2007 à 10h04min

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La saison des pluies n’est pas encore définitivement terminée qu’elle donne déjà lieu à une guerre des chiffres. En cela, rien d’anormal, car le Burkina Faso, qui est par essence un pays agricole, doit s’interroger sur les capacités de son agriculture à assurer les trois repas quotidiens de ses citoyens.

Récemment donc, le gouvernement, par la voix de Robodopé, le tout-puissant ministre en charge de l’Agriculture, a déclaré, à la surprise générale, qu’il n’y avait rien au village et que les Burkinabè mangeraient à leur faim. Une telle déclaration a créé quelques inquiétudes çà et là, du moins chez les profanes, qui craignaient plutôt une saison hivernale désastreuse.

Cela s’explique essentiellement par les inondations qui ont créé de nombreux dégâts et par une saison des pluies finie en queue de poisson. C’est d’ailleurs pourquoi la sortie médiatique du ministère de l’Agriculture continue de susciter de la curiosité. Le débat s’impose d’autant plus que les populations ne savent pas comment le gouvernement a fait ses calculs pour aboutir à une campagne excédentaire. Les Burkinabè et certains observateurs en sont maintenant à se demander si les propos tenus au cours de la conférence de presse n’étaient pas trop beaux pour ne pas cacher des desseins politiques.

En effet, il n’aurait pas été politiquement correct d’annoncer une mauvaise saison hivernale après avoir célébré avec faste les vingt ans « de renaissance démocratique avec Blaise Compaoré ». Salif Diallo a donc voulu dire qu’avec eux il y aura toujours à boire et à manger. On se rappelle le refus du gouvernement nigérien, il y a seulement quelques années, de faire appel à l’aide internationale. Mamadou Tandja et son gouvernement avaient réfuté l’existence de famine au Niger alors qu’une bonne partie de sa population croupissait dans la faim. Evidemment, certains vont trop loin pour oser la comparaison avec le Coréen Kim Jong Il, qui a livré son peuple à la mort en niant toute famine dans son pays. La suite fut macabre, avec des centaines de milliers de morts.

En outre, Salif Diallo, en tenant de tels propos, défend sa chapelle, car, en sa qualité de ministre en charge de l’Agriculture, c’est son bilan qui est en jeu. Quelles que soient les motivations du gouvernement, les Burkinabè le prendront au mot. Si effectivement le pays des Hommes intègres a réalisé une production excédentaire, le gouvernement a le devoir de faire en sorte que toutes les provinces soient servies en céréales. D’ores et déjà, des dispositions idoines doivent être prises pour éviter que les commerçants n’imposent leur loi aux consommateurs par la création de pénurie artificielle. La Société nationale de gestion des stocks de sécurité doit sortir de sa bureaucratie afin de donner un sens à la solidarité nationale. En tout état de cause, les autorités ont le dos au mur car l’opposition, qui veut elle aussi montrer sa proximité avec le peuple, n’a pas hésité à bondir sur l’occasion que lui a donnée la conférence de presse du ministre Diallo pour se rappeler au bon souvenir des Burkinabè. Ainsi, même le G14 qui était tombé dans les oubliettes a donné de la voix.

Pour ce regroupement de partis d’opposition, l’occasion était vraiment belle, tant les propos de Salif Diallo paraissent invraisemblables. Pour éviter que ceux-ci aient raison, les responsables du gouvernement doivent se retrousser les manches car les nouvelles qui viennent des marchés des céréales sont plutôt alarmantes et tendent à donner raison à ceux qui craignent que dans les jours à venir la vie au Faso, qui est déjà corsée, ne soit extrêmement ‘’kanga’’.

Adam Igor

Journal du jeudi

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