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Amélioration du climat des affaires : la partition de l’Etat et du secteur privé

Publié le lundi 12 novembre 2007 à 17h18min

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La semaine écoulée a été marquée par deux événements économiques majeurs dans notre pays.
Il s’agit d’une part de l’organisation les 5 et 6 novembre 2007 des premiers Etats généraux de l’industrie burkinabè et de la tenue le 8 novembre du forum Doing Business, suivi de la cérémonie officielle de remise de prix à cinq pays africains, parmi lesquels le Burkina Faso, considérés par la Société financière internationale (SFI), comme les plus grands réformateurs en Afrique, en matière d’affaires, au titre de l’année 2006-2007.

Faut-il le rappeler, si c’est depuis longtemps que la nécessité d’organiser des Etats généraux de l’industrie burkinabè est apparue, c’est seulement en 2005, à l’occasion de la traditionnelle rencontre annuelle entre le gouvernement et le secteur privé que l’idée a pris forme. Après la dernière rencontre gouvernement - secteur privé à Bobo-Dioulasso le 28 septembre dernier, le secteur de l’industrie est le premier à tenir une réunion sectorielle. L’objectif de ces assises est d’approfondir la réflexion sur les problèmes spécifiques du secteur industriel, proposer des solutions pour sa dynamisation, en améliorant notamment les rendements, afin de faire de l’industrie le moteur de la croissance de l’économie nationale.

A entendre les industriels, l’environnement des affaires au Burkina est malheureusement tributaire d’un certain nombre de handicaps, à savoir le coût des facteurs de production, la pression fiscale, la fraude, la contrefaçon, la corruption et d’autres menaces auxquels il faut s’attaquer pour améliorer la compétitivité industrielle de notre pays. Les problèmes de l’industrie burkinabè ayant été mis sur le tapis à l’occasion de ces Etats généraux, les acteurs semblent se tourner désormais vers l’Etat dont le concours est attendu pour apporter la thérapeutique à même de revigorer un secteur appelé à être le moteur de la croissance de notre économie, mais mal en point de nos jours. Et quand des facteurs extérieurs défavorables et tenaces tels que la hausse du prix du pétrole (vers 100 dollars le baril de nos jours), la baisse du dollar et celle du prix du coton, viennent s’ajouter, on se demande de quoi demain sera fait.

Avec une contribution au Produit intérieur brut (PIB) de l’ordre de 17% contre 40% pour le secteur primaire, l’industrie burkinabè apparaît assez marginale dans notre pays. Une situation qui s’explique par le fait que de nombreux produits tels que les fruits, les légumes, le bétail et le coton .sont exportés sans transformation significative, et sont livrés aux aléas du marché international. Une vérité économique élémentaire veut que toute matière première exportée à l’état brut signifie une exportation d’emplois et de plus-value au profit de l’extérieur. C’est la réalité tragique vécue malheureusement par toutes les économies sous-développées comme la nôtre.

Pour le département en charge du commerce et de l’industrie burkinabè, la densification et la diversification du tissus industriel, ainsi que l’accroissement de la compétitivité, constituent trois défis qui, s’ils sont relevés, pourraient entraîner l’émergence d’entreprises performantes, créatrices de richesses, d’emplois, aptes à satisfaire la demande intérieure et à affronter la concurrence internationale. Les opérateurs privés, en tout cas, attendent des pouvoirs publics qu’ils jouent leur partition, en faisant de l’amélioration de l’environnement des affaires une préoccupation constante.

C’est dans ce sens que le forum d’échanges d’expériences entre pays africains sur les réformes en matière d’amélioration du climat des affaires, organisé le 8 novembre dernier dans notre pays, prend toute son importance. Pour la deuxième année consécutive par exemple, Singapour est en tête du classement en matière de facilité de faire des affaires dans le monde, suivi de la Nouvelle Zélande, des Etats-Unis, de Hong Kong et du Danemark.

En Afrique, les pays reconnus comme les plus grands réformateurs, ayant accompli des progrès dans l’amélioration du climat des affaires ces deux dernières années, à savoir le Ghana, le Kenya, le Mozambique, l’Ile Maurice et le Burkina Faso, ont tour à tour donné leur expérience en partage au cours du forum. Ils ont par ailleurs reçu le prix Doing Business au cours d’un dîner gala au palais présidentiel, retransmis en direct par la Radio et la Télévision nationales ; une cérémonie placée sous le haut patronage du Président Blaise Compaoré, en présence du vice-président de la Banque mondiale et économiste principal de la Société financière internationale, M. Michael Klein.

Pour la première fois, le Burkina Faso est classé parmi les cinq pays ayant opéré des réformes significatives destinées à améliorer le climat des affaires en Afrique. La réforme du transfert de propriété (plus de 27% d’augmentation de 2006 à 2007), la facilité de création d’entreprises à travers la création d’un guichet unique (34 à 15 jours pour la durée et 8 à 6 pour les procédures), la réglementation du marché du travail et le règlement des différends commerciaux, sont entre autres, les progrès réalisés par notre pays et constats dans le Rapport Doing Business 2008 qui a donc offert ses prix (African Reformers’ Club Award, Top reformers) aux cinq pays africains ayant effectué au moins trois réformes ces deux dernières années. Pour neuf autres pays qui ont mis en œuvre deux réformes, une mention honorable leur a été décernée.

Selon les autorités burkinabè qui, à juste titre, considèrent une si haute distinction comme une fierté mais surtout comme un défi permanent à relever, ce prix est de nature à encourager et à galvaniser leurs efforts. Aussi se sont-elles engagées à parachever les réformes en cours et à ouvrir d’autres chantiers afin de permettre à l’Etat de jouer pleinement et parfaitement sa partition. Le Conseil présidentiel pour l’investissement qui vient d’être porté sur les fonts
baptismaux participe de cette dynamique, destinée à accompagner les investisseurs privés, véritables moteurs de croissance et de développement. Ces derniers, de leur côté, sont appelés à se secouer davantage pour relever les défis qui sont les leurs, tant il est vrai que sans initiatives privés et sans investissements productifs, le développement demeurera une ligne d’horizon et la lutte contre la pauvreté une vaste utopie collective.

Jean-Paul KONSEIBO

Sidwaya

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