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Excédent céréalier : Incohérences et espoir

Publié le vendredi 9 novembre 2007 à 14h31min

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La campagne agricole 2007-2008 au Burkina Faso dégage un excédent céréalier de 777 200 tonnes. Cet excédent représente 28% des besoins nationaux en produits vivriers qu’on évalue à 3 625 000 tonnes. Il est bon de dire que ce sont des chiffres prévisionnels. Donc des données qui sont appelées à varier en hausse ou en baisse.

Ces précisions ont été données par le ministère d’Etat, chargé de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des ressources halieutiques, le 7 novembre, au cours d’une conférence de presse axée sur la situation céréalière du Burkina Faso. La conférence de presse visait à rassurer les populations, mais surtout à faire taire les rumeurs de famine, qui seraient le fait de "profanes". Soit !

Mais, tout en faisant confiance aux chiffres qu’il a donnés pendant sa conférence, on éprouve des difficultés à croire aux chiffres de ses experts et de ses spécialistes, vu les réalités sur le terrain. Les inondations ont touché de nombreuses provinces. Paradoxalement, les pluies se sont arrêtées prématurément. Des gens ont des difficultés à croire aux chiffres que donnent les experts. Au regard de l’ampleur des catastrophes qui ont frappé certaines régions, on se demande s’il s’agit de la même saison hivernale. En tous les cas, à l’heure actuelle, environ un million de Burkinabè n’ont pas suffisamment produit pour se nourrir jusqu’aux récoltes 2008-2009. Elles se trouvent dans une situation de famine ou sont sur le point de la connaître.

En tout état de cause, les décideurs burkinabè sont appelés à la vigilance. Les uns et les autres sont appelés à faire vite, à agir avant qu’il ne soit tard, à prendre des mesures pour qu’aucun Burkinabè ne meure plus de faim en ce 21e siècle. Ce serait injuste. Ce serait impardonnable.

Comme l’a reconnu lui-même le ministre d’Etat Salif Diallo : "C’est un excédent fragile." C’est pourquoi, il faut applaudir chaudement et longuement Salif Diallo quand il dit : "On n’est pas en situation de famine et l’État va prendre des dispositions pour "activer les mécanismes de gestion des crises alimentaires au profit des régions déficitaires. La Société nationale de gestion des stocks de sécurité sera mise à contribution". C’est un excédent fragile et "une lutte efficace contre les spéculations dans le commerce des céréales passe par la communication d’informations justes à l’opinion publique." Mais force est de reconnaitre que, jusqu’à cette première conférence, cette "communiction d’informations justes à l’opinion publique" a cruellement fait défaut, ce qui a laissé le champ libre à la rumeur.

Il était temps de dissiper l’inquiétude qui avait commencé à saisir les populations de certaines régions, en indiquant comment les autorités comptent gérer la situation créée par les inondations et l’arrêt précoce des pluies. Dans les campagnes, ils sont nombreux aujourd’hui qui imputent cette cessation abrupte des précipitations à l’Opération Saaga. Comme on le voit, il va falloir une véritable campagne d’explication pour rassurer les uns et les autres que l’opération d’ensemencement des nuages en vue de provoquer des pluies n’est pas la cause de l’arrêt des pluies.

Enfin, il faut reconnaître que cette situation alimentaire précaire intervient dans un contexte difficile caractérisé par la vie chère qu’accentue la montée des prix du carburant et d’autres produits de grande consommation. Au lendemain de la célébration des "20 années de renaissance démocratique avec Blaise Compaoré", dans toutes les régions, il est certes gênant de lancer un appel à la communauté internationale pour cause de famine.

Mais le gouvernement a certainement en sa possession des éléments qui font dire que tout se passera dans le meilleur des mondes. Pourquoi ne pas le croire, en attendant de voir effectivement ce que les prochaines semaines nous réservent en matière de disponibilité et de coût des céréales ?

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