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Gestion du pouvoir suprême : Ces femmes qui dérangent

Publié le jeudi 8 novembre 2007 à 13h16min

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Elles sont de plus en plus nombreuses ces femmes qui veulent briguer la magistrature suprême. Mais dans l’arène politique, elles sont parfois victimes de coups bas. Qu’à cela ne tienne, elles démontrent à la face du monde qu’elles savent se battre pour mériter leur place et promouvoir les droits humains. Elles sont visibles tant dans les républiques bananières que celles démocratiques.

"Des dames de fer", c’est ainsi que l’on pourrait surnommer ces femmes politiciennes, tenaces et "téméraires" à travers le monde prêtes à braver les pièges politiques pour se frayer un chemin et faire avancer la démocratie dans leurs pays respectifs. Certaines luttent sur des terrains très hostiles. Tel est le cas de Benazir Bhutto au Pakistan et Aung San Sun Kyi en Birmanie. La première a réussi le 1er décembre 1988, à être la première femme à occuper le poste de Premier ministre dans un pays musulman. Une nomination qui a irritée, les milieux islamistes, toujours puissants au Pakistan. Accusée de corruption, Bhutto a été démise de ses fonctions en 1990 et son époux a même été détenu.

Mais elle va devenir, à nouveau, Premier ministre en 1993. En 1999, "la thèse de corruption" fait de nouveau surface. En exil, elle est condamnée à ne plus pénétrer sur le territoire pakistanais en 2002. Le président Pervez Musharraf fait voter, la même année, un amendement à la constitution, interdisant de faire plus de deux mandats de Premier ministre.
Aujourd’hui, Benazir Bhutto est rentrée au pays après huit années d’exil. Le jour même de son retour, elle échappe à un attentat qui coûtera la vie à plus de 150 personnes. Toutes les manœuvres sont mises en œuvre pour l’écarter mais elle n’a pas peur du danger.

Tout comme elle, Aung San Sun Kyi est en proie à toutes sortes d’injustice en Birmanie. La junte militaire a, en 1988 au moment où Bhutto était Premier ministre au Pakistan, maté le mouvement démocratique conduit par Sun Kyi. Ces 18 dernières années, la "dame" de Rangoun, prix Nobel de la paix 1991 en a passé 12 en prison ou en résidence surveillée. Une situation qui irrite six femmes, elles aussi Prix Nobel. Jody Williams (USA 1997), Chirin Ebadi (Iran, 2003), Wangari Maathai (Kenya, 2004), Rigoberta Menchu Tun (Guatemala, 1992), Betty Williams et Mairead Corrigan Maguire (Irlande du Nord, 1976) exhortent les Nations unies à faire libérer Sun Kyi. Le secrétaire général de l’ONU, Ban-Ki-Moon, a demandé au chef de la junte, le général Than Shwe de libérer Sun Kyi.
Si Bhutto et Sun Kyi sont contraintes de faire face aux adversités, aux armes, d’autres femmes quant à elles, profitent bien de la bonne image de leurs époux anciennement présidents.

En Argentine, Cristina Fernandez de Kirchner a réussi à sa faire élire à 54 ans à la tête du pays. Première femme élue un an après l’élection au Chili de Michelle Bachelet. En battant une autre dame, Elisa Carrio, Mme Fernandez est la deuxième femme présidente de l’Argentine. Isabel Peron, épouse de l’ex-président Juan Peron a en 1974, succédé en sa qualité de vice-présidence, à son mari décédé. Mme Fernandez, élégante et fine politicienne a mené la campagne sur le bilan de son mari, Nector Kirchner au pouvoir depuis 2003. Celui-là même qui a sorti son pays de la banqueroute des années 2001 et 2002. L’économie du pays a connu une hausse de 8 à 9%.

Mme Kirchner doit donc maintenir le cap de la croissance de la troisième économie latino-américaine et la confiance du peuple est la preuve qu’elle en a les moyens. Comment ne pas faire un parallèle entre Christina Fernandez de Kirchner et Hillary Clinton aux USA. Elle aussi sait que son époux Bill Clinton reste l’un des ex-présidents les plus adulés du peuple américain. Hillary "la stratège", entend bien en profiter et elle est sur la bonne voie. Elle pourrait donc à l’image de Mme Kirchner passer du statut de première dame à celui de présidente.
La Latino-américaine a réussi ce tour de passe au pays de Diégo Maradonna et son époux est désormais "premier homme", une donne peu rare. Krichner épouse a rejoint le cercle très restreint des femmes présidentes.

En Afrique, on pourrait citer Ellen Johnson Sirleaf, première femme présidente du continent.
Arrivée au pouvoir dans un climat sociopolitique trouble, "La tantie" a fait montre de savoir-faire. Elle a reçu le 23 octobre 2007, à Memphis dans l’Etat du Tennessee dans le Nord des Etats-Unis, le Prix international de la liberté décerné par le Musée des droits civiques des USA. Elle a été distinguée en même temps que la légende du basket-ball, Magic Johson et l’historien John Hope Franklin.
Les trois "John" ont aussi été distingués pour leurs contributions à la promotion des droits humains. Ellen Johnson démontre par ce prix, qu’une femme peut bien être efficace et conduire des populations en guerre sur le chemin de la paix. Son pays, le Liberia, connaît une certaine stabilité politique.

Les femmes, une fois à la magistrature suprême, ont également des valeurs indéniables pour faire des résultats probants et ce, dans un climat démocratique. Le cas de Angela Merkel en est une parfaite illustration.
Elle a su lutter contre le phénomène du chômage dans son pays.
Et sur les grandes préoccupations du moment entre autres, les attentats terroristes, le réchauffement climatique... Elle a su faire approuver la vision de son parti. Le constat est clair, les femmes tant en terres hostiles que dans les Etats dits démocratiques font leurs preuves. Mais force est de reconnaître qu’elles sont victimes de préjugés le plus souvent.

N’est-ce pas ce qui fait dire à la candidate malheureuse à la dernière présidentielle française, Ségolène Royal que l’Argentine est un des laboratoires de notre modernité qui a su donner une belle leçon d’égalité en élisant Cristina Krichner. "Ces dames de fer", présidentes ou à des postes pas des moindres tels que celui de secrétaire d’Etat des USA occupé par Gondoleezareece entendent de par leur engagement, montrer aux yeux du monde que la parité homme et femme est possible à tous les niveaux. Des femmes candidates à la présidentielle, il faudra donc s’attendre à en voir un peu partout et pourquoi pas au Faso ?

Hamadou TOURE (hatoure@yahoo.fr)

Sidwaya

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