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France-Afrique : Le miroir déformant de Sarkozy

Publié le jeudi 8 novembre 2007 à 13h16min

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Le discours prononcé par Nicolas Sarkozy à Dakar avait été classé au rayon des "impairs" par certains, tant son contenu a surpris par son anachronisme voire son surréalisme, surtout dans la bouche d’un président de la République française censé être bien au fait des réalités africaines.

En fait d’impair, force est de convenir désormais que ledit discours était pensé et réfléchi au regard des dernières prises de position du même Sarkozy dans l’affaire dite de l’Arche de Zoé. "J’irai chercher moi-même les Français impliqués dans cette affaire à N’Djamena pour qu’ils soient jugés par les juridictions françaises", a ainsi déclaré sans rire, le président français.

Après le mépris manifesté à Dakar, place donc à la condescendance, les Africains étant déclarés peu aptes à juger des citoyens français. Il apparaît ainsi clairement, que "Sarkozy" a une vue déformée à dessein de l’Afrique, vision qui tire son essence du choc des civilisations version Bush, le président français étant un adepte inconditionnel de son homologue américain. Or donc, Bush conçoit les rapports Nord-Sud où dominants-dominés sous le signe de l’imposition des valeurs des premiers aux seconds, auxquels on nie une quelconque civilisation.

On l’a vu en Irak, en Afghanistan, en Syrie... avec à la clé, une recrudescence du terrorisme. C’est donc cette bonne vieille méthode d’agression culturelle enrobée dans un discours savant (?) que Sarkozy veut nous resservir en Afrique. Un exutoire en fait, juste pour détourner ses compatriotes de leurs préoccupations réelles, la situation économique étant peu reluisante en Hexagone. Après avoir promis aux Français de leur "changer la vie" lors de la campagne présidentielle, Sarkozy se rend compte de l’impossibilité de la tâche en cinq ans.

Déficits publics abyssaux, marasme économique, concurrence de ses ex-alliés dans son "précarré", la France ne peut pas opérer une révolution salvatrice dans un temps aussi court. Il faut donc se "défouler" sur les anciens "sujets" pour donner l’impression au peuple français d’être toujours fort et conquérant.

Un leurre, à l’heure où le Niger par exemple, a choisi de prendre son indépendance dans l’exploitation de son uranium (hasard ou coïncidence, le conflit touareg a ressurgi) cependant que les autres Etats diversifient leurs partenaires. La rhétorique sarkozienne dans cette occurrence ne doit point heurter, car à l’image d’un enfant dont on a cassé le jouet, il pleure ainsi ses illusions perdues. Du reste, les autorités tchadiennes l’ont renvoyé dans les cordes en lui rappelant l’indépendance de leur justice. "Miroir, mon beau miroir, suis-je vraiment le plus beau", se demande pendant ce temps Sarkozy, le chevalier sans peur et sans reproches. Que c’est dur parfois de faire face à la réalité.

Boubacar SY

Sidwaya

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