LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Campagne agricole 2007-2008 : Beaucoup plus d’inquiétudes que d’espoirs

Publié le jeudi 25 octobre 2007 à 06h57min

PARTAGER :                          

La campagne agricole 2007-2008 tire vers sa fin. Elle a été caractérisée par une installation tardive des pluies, suivie d’inondations et de poches de sécheresse. Ces aléas climatiques ont rendu difficile la campagne et ce sont des paysans désespérés que nous avons rencontrés sur l’axe Bobo-Dioulasso-Padéma, le 19 octobre dernier.

Le département de Padéma, dans la province du Houet, est situé à 70 kilomètres de Bobo-Dioulasso. De part et d’autre de la voie qui y mène, se dressent des champs qui présentent des aspects différents. En effet, par endroits, on rencontre des champs de maïs aux épis mûrs déjà secs et prêts à être récoltés tandis qu’ailleurs, ce sont des tiges désséchées sans aucun épi ou avec des épis sans graines. Les champs de mil et de sorgho présentent les mêmes caractéristiques. Quant à ceux du coton, ils offrent une “ bonne mine ” dans certains champs avec des capsules qui laissent voir du coton bien blanc.

A certains endroits par contre, les capsules sont toujours fermées et les cotonniers ont perdu presque toutes leurs feuilles. Sur l’axe Bobo-Padéma, les paysans se font rares dans les champs et un jeune agriculteur rencontré à Séguéré, village situé à une cinquantaine de km de Bobo-Dioulasso, d’ironiser : “ Cette année, tous les paysans sont au village parce qu’il n’y a rien à récolter dans les champs. Alors qu’à pareil moment l’année dernière, seuls les enfants et les malades étaient dans les villages ”.

A quelques encablures de ce village, nous avons néanmoins rencontré un paysan et sa famille en train de ramasser au compte-gouttes, le maigre haricot dans leur champ. Le chef de famille, Paul Sawadogo raconte : “ Nous avons beaucoup souffert cette année à cause des inondations et de la sécheresse. La pluie nous a trahi cette année. Elle est arrivée en retard. Mais lorsqu’elle s’est installée, l’eau est venue en abondance, créant des inondations. A partir du mois de septembre, la pluie s’est brutalement arrêtée et la sécheresse fait actuellement son effet.

Tous nos champs de maïs, de sorgho et de mil, se sont desséchés. Ce sont ceux qui ont semé un peu plus tôt qui pourront récolter quelque chose surtout le coton ”. Oumar Ouédraogo, cotonculteur à Colma, un village de la même localité de Seguéré, est de ceux-là. Il a semé tôt son coton et ne semble pas se plaindre de cette campagne. “ Cette année, tout va bien chez moi. J’ai semé tôt les céréales et le coton et tout se passe bien. La pluie a néanmoins détruit un hectare de mon champ de maïs qui se trouve dans un bas-fond. A part cela, je ne me plains pas ”, dit-il.

Oumar Ouédraogo a été plus chanceux que Oumarou Tamboura, boucher à Zangoma qui lui, ne récoltera presque rien cette année, parce que son champ de maïs a été “ brûlé ” par la sécheresse. Voici ce qu’il dit à ce sujet : “ Les cultures ont été détruites cette année et nous n’allons rien récolter. Les tiges de maïs ne portent aucun épi. Nous allons nourrir notre bétail avec ”, affirme Tamboura. Boureima Ouédraogo à Padéma a pu, quant à lui, avoir quelques grains de maïs de son champ. Assis sous un hangar en train d’éplucher les rares épis récoltés, il déclare : “ Il a bien plu en août et la pluie a cessé en septembre, ce qui a tout gâté. Le maïs, le sorgho, le mil n’ont pas produit cette année. Nous ne savons pas comment faire pour nourrir notre famille ”.

Les conséquences de cette campagne qui s’annonce difficile sont l’augmentation du prix des céréales sur les marchés. Le prix du sac de maïs de 100 kg est actuellement de 10 500 F contre 6 000 F CFA, l’an passé comme le confirme Ladji Ouattara, vendeur de céréales à Bama : “ Nous vendons le sac de maïs à 10 500 F CFA. Ce prix était de 6 000 F CFA l’année passée. Les récoltes ne sont pas bonnes et nous achetons cher les céréales chez les paysans. Ces prix vont toujours grimper parce que jusqu’à présent, les céréales n’ont pas un prix fixe. Nous sommes des commerçants, mais nous avons peur parce que les producteurs sur qui nous comptons n’ont rien récolté ”.

Tous les producteurs rencontrés ont souhaité que l’Etat leur vienne en aide pour traverser la période difficile qui s’annonce. Paul Sawadogo demande à la SOFITEX de les “ comprendre ” parce qu’il y aura beaucoup d’impayés, cette année. Et de s’expliquer : “ les intrants pour le coton sont chers. Le prix du coton a baissé et il n’a pas beaucoup plu cette année. Il faut qu’on s’aide parce que si les cotonculteurs tombent, il aura beaucoup de divorces à la SOFITEX ”. Les paysans qui espèrent que leur appel sera entendu ont également émis le vœu que l’aide de l’Etat s’étende à l’ensemble des producteurs du Burkina parce que disent-ils : “ la campagne va être mauvaise partout ”.

Adaman DRABO

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)