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Législatives au Togo : Les espoirs reposent sur l’Union européenne

Publié le jeudi 18 octobre 2007 à 08h03min

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Le 14 octobre 2007, les Togolais de tous les partis politiques-pouvoir et opposition confondus - ont accompli leur devoir civique pour élire les 81 députés devant siéger à l’Assemblée nationale que les uns et les autres espèrent le plus multicolore possible.

Les espoirs de nombre de Togolais restent accrochés à l’Union européenne qui sous-tend, du reste, la reprise de son partenariat avec ce pays par une ouverture démocratique conséquente. Cela passe déjà par la réussite des élections législatives anticipées que viennent de vivre Faure Essozimna Gnassingbé et ses concitoyens.

A l’instar des observateurs de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et des observateurs nationaux, ceux de l’Union européenne étaient également déployés dans les bureaux de vote sur l’ensemble du territoire national. Ils étaient identifiables à leur gilet bleu nuit frappé des douze étoiles jaunes du drapeau de l’institution européenne.

Au centre de vote de l’Ecole primaire catholique Notre- Dame des apôtres - Amoutivé, ils étaient très attendus par les électeurs. En effet, arguant que les Togolais ont toujours été déçus par les différentes missions d’observateurs à l’occasion des élections passées, les électeurs de l’EPCNDA espèrent cette fois-ci que ceux de l’Union européenne sont venus pour sauver la mise. "Les observateurs ne font pas bien leur travail", ont signifié sans ambages des jeunes, haussant le ton pour bien se faire entendre des deux observateurs nationaux qui accomplissaient pourtant leur tâche avec minutie. Nullement décontenancés par ces propos, ceux-ci ont traversé la foule d’un pas alerte pour se diriger vers un des bureaux de vote, là où Gilchrist Olympio, le président national de l’Union des forces du changement, (UFC) devait voter. "Après, ils diront que tout s’est bien passé, même quand des militaires tirent sur les populations et emportent des urnes devant eux", enfoncent les "anti-observateurs".

D’un autre groupe de plaignants se détachent deux hommes et une femme. "Nous souffrons trop au Togo et maintenant nous voulons la vérité", signifie, presque suppliante, la dame. "Cette fois-ci, s’ils disent encore qu’ils ont gagné, ce n’est pas vrai", ajoute-elle. Une autre dame est venue lui murmurer quelque chose à l’oreille en langue nationale. Plus fougueuse que jamais, la première crie : "Non, on ne peut rien me faire, je suis en train de dire la vérité aux gens afin que le Togo soit sauvé." Elle jette cependant un regard autour d’elle. De quoi a-t-elle peur ? C’est alors qu’un des hommes du lot accuse Jacques Chirac et la France d’avoir contribué, à cause de leurs propres intérêts, à accentuer les malheurs du Togo. "Mais maintenant ça va finir avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy (le président français, ndlr)", sont convaincus les plaignants. "Avec ces élections auxquelles tous les partis prennent part, c’est déjà la preuve qu’il y aura du nouveau", ont reconnu les électeurs survoltés.

Pour eux, seule l’Union européenne, qui avait suspendu ses relations de partenariat avec le Togo, est en mesure de redresser le navire qui tangue. Mauvais présage, les vignettes qui authentifient les bulletins de vote viennent de finir. Les plaintes fusent de partout, mais il n’y a pas de geste méchant. Tout le monde entend rester dans la logique d’élections apaisées. Cet esprit qui a marqué la campagne électorale où la tolérance était le maître-mot, permettent au Rassemblement du peuple de togolais (RPT) de tenir des meetings dans le quartier populaire de Bê qui a, de tous les temps, manifesté une hostilité très marquée à l’ex-parti unique. De même, c’est cette acceptation de la différence ethnico-politique qui a permis à Gilchrist Olympio, l’opposant historique, de propager "l’évangile" selon l’UFC jusqu’au Nord du Togo, fief incontesté de la famille Gnassingbé, donc du RPT. Mieux, les forces de l’ordre ont joué leur partition en se mettant au service de tous les enfants du Togo, tant pendant la campagne électorale que lors du scrutin proprement dit.

"En dépit de petits problèmes de logistique, tout se passe bien, avec une grande affluence et un enthousiasme exemplaire des Togolais" Ce constat est celui de Fiona Hall, la chef de mission d’observation électorale de l’Union européenne. Quelle confiance peut-on accorder aux observations de l’UE, surtout que les observateurs ont l’habitude de se taire sur des détails qui pourtant sont très importants pour la transparence des élections ? Réplique de Fiona Hall : "J’ai beaucoup confiance aux membres de la mission d’observation de l’Union européenne qui ont fait des constatations adéquates partout où ils sont passés." Tout en relevant de petits problèmes liés à la logistique, la chef de mission n’a pas manqué de relever que globalement, tout se passait bien. Question : les populations placent un immense espoir en l’UE, de quels atouts dispose celle-ci pour faire changer les choses au Togo ? "Nous allons continuer notre mission d’observation, rester attentifs jusqu’à la fin du processus et, à mon avis, c’est la meilleure façon dont nous pouvons aider les Togolais, en tant qu’observateurs".

Fiona Hall, après cette conclusion, a poursuivi avec ses collègues sa randonnée de surveillance électorale. Elle n’est pas près de déposer sa loupe de scrutatrice, car les Togolais et la communauté internationale sont toujours dans l’attente des résultats de ces législatives anticipées.

Par Morin YAMONGBE

Le Pays

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