LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Elections législatives au Togo : Le RPT et l’UFC en pôle position, le CAR dans les décombres ?

Publié le jeudi 18 octobre 2007 à 08h02min

PARTAGER :                          

Les Togolais attendent dans le calme et la sérénité les résultats de leurs votes aux élections législatives du 14 octobre dernier. Mais dans les états-majors des partis et de sources proches de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), l’ancien parti unique, le Rassemblement du peuple togolais (RPT) et son opposant de toujours, l’Union des forces de changement (UFC) seraient en pôle position pour le gain du scrutin.

C’est en principe aujourd’hui jeudi que les Togolais connaîtront qui, des 2150 candidats seront élus députés à la nouvelle Assemblée nationale. Au siège de la Commission électorale locale indépendante (CELI) de Lomé commune, des centaines d’urnes compilées sont en train d’être dépouillées.

Sur la terrasse, des présidents des bureaux de vote et leurs rapporteurs attendent encore de remettre leurs urnes aux dirigeants de la CELI. Occupé à éplucher avec minutie une pile de rapports, un membre de la CELI , vous jette à peine le regard : « Ecoutez, nous n’avons pas assez de temps. Nous sommes en retard par rapport aux autres », fulmine-t-il, hésitant à décliner son identité. « Nous vérifions si les rapports correspondent à ce qui se trouve dans les urnes. C’est un autre décompte qui a lieu ici », finit-il par lâcher, toujours les yeux plongés dans ses feuilles aux couleurs blanche et verte.

Avec ces 500 000 électeurs environ, Lomé commune est la plus grosse circonscription électorale du Togo et devrait de ce fait être la dernière à déposer ses résultats auprès de la Commission électorale nationale indépendante. « Nous avons reçu les bulletins de tous les bureaux de vote. Ce qui nous reste ce sont les fiches électorales », indique le vice-président de la CENI , James Amaglo estimant que sa structure s’attellera à rendre les résultats publics d’ici un à deux jours afin de ne pas faire attendre les électeurs. Cette ambition fait d’ailleurs partie des recommandations des différents observateurs internationaux. Dans des points de presse séparés, l’Union européenne, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, et les délégués du Comité interparlementaire de l’UEMOA (Union économique et monétaire Ouest africaine) ont tous exhorté la CENI à rendre publics les résultats du vote dans les plus brefs délais.

Mais dans les états-majors des partis, même si on dit toujours être au stade des décomptes, on a presque visiblement son idée sur les résultats du vote. A l’imposant siège du Rassemblement du peuple togolais (UFC) situé à Tokoin Wuiti à l’Est de la capitale, on a installé une dizaine d’ordinateurs où des opératrices de saisie s’attèlent à mettre la dernière main sur les résultats recueillis dans les bureaux de vote par les délégués du parti. « Il n’y a pas de problème. Tout va bien. Les résultats sont bons pour mon parti. Nous attendons maintenant les résultats officiels de la CENI », affirme Gilbert Bawara, membre du bureau politique de l’ancien parti unique et ministre chargé de la Coopération et du NEPAD.

Dans le quartier Bè au Sud de Lomé, où se trouve le siège de l’Union des forces de changement (UFC) de Gilchrist Olympio, ce sont des militants tout aussi confiants qui occupent les lieux. Ici pas un ordinateur n’est disposé. Le parti tient secret le quartier général de son parc informatique car, à maintes reprises son siège a été saccagé. « Cette fois-ci, tout le monde reconnaît que le vote s’est bien déroulé. Or, l’UFC est le parti majoritaire ici au Togo, ça veut dire que nous avons gagné si on ne nous a pas volé notre victoire que tout le monde ici sait certaine », commente Barthélémy Adjavon, tout de jaune vêtu à l’effigie de M. Olympio et de « detia », le palmier, symbole de l’UFC.

Selon des informations concordantes, le parti du président Faure Essozimna Gnassingbé devrait arriver en tête. Il serait suivi par son opposant éternel. L’UFC est annoncée comme le grand vainqueur dans la région maritime qui regroupe Lomé commune, Kpalimé et une partie d’Atapkamé. Dans la partie méridionale du pays, le RPT arriverait en tête notamment dans la région de Kara. Le frère aîné du président de la République , Kpatcha Gnassingbé est tête de liste dans cette région où le RPT aurait raflé les trois sièges de députés. Par contre, le parti au pouvoir est en difficulté dans la partie septentrionale où il partagerait les sièges avec l’opposition notamment l’UFC. « Nous avons des difficultés dans la région septentrionale du pays. Nous ne pourrons pas remporter tous les sièges. Par contre au Nord, il n’y a aucun problème », assure un proche de Kpatcha joint au téléphone à Kara où il réside depuis le démarrage du vote.

La montée en puissance de l’UFC compromet les ambitions du Premier ministre Yawovi Agboyigbo dont le parti pourrait ne pas dépasser les cinq députés. « Nous avons sombré. D’habitude nous arrivons en troisième position après le RPT et l’UFC, mais cette fois-ci, nous avons largement échoué », a confié avec amertume sous l’anonymat un militant du parti du « bélier noir » aujourd’hui membre du bureau de la CENI. Si les tendances se confirmaient, l’entrée au gouvernement de M. Agboyigbo serait ainsi sanctionnée par ses électeurs qui voient en cette présence, un acte de « collabo » avec les tenants du pouvoir. Ceux-ci ont donc reporté leurs votes à l’UFC qui, lors de sa campagne a prôné la rupture avec les « vieilles méthodes » de gouvernance dans le pays.

Visiblement vexés par l’inconstance, les Togolais semblent amers avec tous ceux qui flirtent avec les tenants du pouvoir à Lomé. Ils n’auraient pas non plus pardonné au président de la Convention patriotique panafricaine (CPP) pour son double passage au gouvernement en 1993 et en 2005. De sources bien informées, M. Edem Kodjo pourrait bien sortir bredouille de ce scrutin tout comme l’Alliance démocratique pour la patrie (L’alliance) de l’ancien dignitaire du RPT tombé dans les disgrâces. Daoukou Péré serait également un grand perdant comme les candidats inscrits sur les 31 listes des indépendants.

Romaric Ollo HIEN,
envoyé spécial à Lomé

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique