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« Regards de femmes », « Classes d’art » : Déconstruire les clichés pour un monde meilleur !

Publié le jeudi 18 octobre 2007 à 07h44min

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« Regards de femmes » et « Classes d’art »sont des documentaires. Ils sont le fruit de la collaboration entre le théâtre Eclair d’Alain Hema (Burkina Faso), le Zetetique théâtre, le théâtre des 04 mains et le Centre culturel de Marchin, tous de Belgique. Ces œuvres sont originales car elles braquent le projecteur sur les inégalités sociales Nord-Sud.

C‘est la fabuleuse histoire de la perception entre deux races (Les femmes noires et celles Belges). Cette perception est certes fondée sur des préjugés. Mais la philosophie première de ces documentaires, officiellement présentés à Ouagadougou le 09 octobre 2007, c‘est la promotion du dialogue interculturel pour une « civilisation de l’universel ».

« Regards de femmes », donne la parole aux femmes. Ce documentaire s’inscrit dans le projet « Paroles Croisées » qui est une démarche de dialogue interculturel, de découverte des autres cultures, de rencontres par le corps et l’esprit via les disciplines artistiques. La spécificité des spectacles créés est qu’ils sont écrits par les femmes et sont l’expression d’un vécu féminin, d’une vision de leur réalité. L’échange est bouleversant et change la pensée. Les femmes africaines et leurs consoeurs belges évoquent ensemble leurs difficultés tout en cultivant la solidarité. Elles poursuivent en réalité les mêmes objectifs de respect de l’intégrité de la personne, d’émancipation et d’épanouissement. Tout commence en juin 2005.

Après une rencontre entre le Zététique Théâtre, le Théâtre des 4 Mains et Alain Hema du Théâtre Eclair. L’idée de travailler ensemble germe. Elle prend appui sur le projet « Paroles Croisées » qui concerne déjà des enfants de Belgique et du Burkina. Au fil des échanges, le groupe de femmes de Beauvechain (Belgique) décide alors de s’intégrer en mettant en place un cadre de concertation avec des femmes de Ouagadougou. Le groupe de femmes dont Alain Héma s’occupe de l’encadrement manifeste un grand engouement pou l’initiative. Les dés sont jetés. Les choses se mettent en place progressivement. L’idée prend forme. Trois compagnies de théâtre interviennent dans la réalisation du projet : le Théâtre des 4 Mains de Beauvechain, le Zététique Théâtre de Liège et le Théâtre Eclair de Ouagadougou. Elles sont appuyées par le Centre Culturel de Marchin.

Mieux connaître et accepter l’autre !

Le premier objectif du projet, tel qu’on le perçoit dans les documentaires, réside dans la rencontre de populations féminines différentes. Il s’agit de modifier les représentations universelles et les stéréotypes des participantes ainsi que des populations locales. Comme l’explique Alain Héma, la démarche qui consiste à faire travailler ensemble les femmes au sein d’ateliers répond à une préoccupation : déclencher des prises de consciences collectives qui mettront en lumière les universalités et divergences relatives à la problématique de la condition féminine. Ces réflexions seront ensuite relayées auprès du public local pour susciter un véritable débat de citoyens, avec pour finalité ultime d’éveiller auprès des populations locales un sentiment de proximité et une meilleure connaissance des communautés du sud. Le second objectif du projet consiste à sensibiliser les populations locales à la condition de la femme au Burkina Faso.

En effet, les femmes peuvent jouer le rôle de moteur de développement en Afrique comme en témoignent les mises en place réussis de systèmes de micro crédits. Mais encore faudrait-il que leurs droits et libertés fondamentaux sont respectés L’originalité de cette démarche c’est qu’elle engendre des récits intimes. Les arts de la scène interviennent en tant qu’outils dans une logique de construction critique qui mobilise les individus dans leur globalité : corps et esprit, intelligence et sensibilité. Offrir un pareil espace de création permet à l’individu de se raconter et de devenir acteur, créateur de sa propre vie. La multiplicité des langages artistiques proposés permet au participant de trouver une voie par laquelle il se raconte plus librement.

De ce récit peut naître ensuite une réflexion puis un engagement réel de sa parole. La diversité des techniques artistiques (écriture, jeu dramatique, danse, mouvements, musique, chant et rythme) répond également à l’envie de révéler la complexité des représentations qui parcourent notre société : expérimenter une multitude d’approches pour dégager une multitude de pistes vers une meilleure connaissance du monde et des communautés qui nous entourent. Suite à la participation des femmes du Théâtre Eclair au forum « Regards de femmes » organisé en Belgique, un groupe de femmes de Marchin, encadrées par Pierre Lambotte, animateur du Zététique Théâtre a séjourné à Ouagadougou du 1er au 11 octobre 2007. Elles ont entre autres rencontré des femmes du milieu rural, participé à des ateliers…

Le clou du séjour a été marqué les expositions photos, la présentation de petites formes théâtrales des participantes et par la projection des films documentaires « Regards de femmes » et « Classes d’arts ». « Classes d’Arts » est justement un processus de rencontre entre des enfants de Belgique et du Burkina Faso par le biais des arts de la scène. Le processus de création est le même au Burkina Faso et en Belgique : des ateliers ont lieu durant l’année scolaire pour aboutir à une présentation publique. Les participants sont amenés à s’exprimer sur un même thème par le biais de plusieurs disciplines artistiques : le théâtre, la danse ou encore la musique. Après le succès de ces différentes entreprises, Alain Hema envisage organiser un festival sur les femmes en 2008 à Ouagadougou.

Arsène Flavien Bationo (bationoflavien@yahoo.fr)
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Le Théâtre Eclair de Ouagadougou

Le Théâtre Eclair est une structure de l’association Entr’Arts née à Ouagadougou en 1994 et reconnue comme organisation culturelle en 1995. Le but de cette association est de favoriser la rencontre des différentes disciplines artistiques et de soutenir la création et la diffusion entre le Burkina Faso et le reste de la Francophonie.

Depuis sa création, la Compagnie du Théâtre Eclair a monté de nombreux spectacles de contes africains, sans négliger au passage, des pièces de théâtre issues de son répertoire.Les membres de la compagnie dirigée par Alain Hema sont également actifs dans le domaine de l’animation culturelle proposant de nombreux ateliers - musique ou contes - en milieu scolaire. De nombreux autres artistes, plasticiens et artisans, viennent ponctuellement rejoindre les projets de la Compagnie du Théâtre Eclair.

Depuis 2004, le Théâtre Eclair a mis sur pied un atelier « femmes », qui s’adresse aux femmes du quartier Gounghin de Ouagadougou. Bien implanté dans ce quartier pauvre de la capitale, le Théâtre Eclair agit directement sur le pouvoir d’agir des femmes en leur donnant cette opportunité de prendre la parole. Des thèmes comme le travail forcé, la polygamie, l’excision, la sorcellerie, la violence envers les femmes sont abordés.

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