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Rood Woko : un an après, pas grand chose

Publié le vendredi 28 mai 2004 à 07h25min

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27 mai 2003 - 27 mai 2004, soit une année après l’incendie du marché central de Ouagadougou "Rood Woko", les commerçants sont encore éparpillés dans les "Yaars" et ne savent plus à quel saint se vouer.

Le 27 janvier 2004 dernier, les autorités politiques et municipales présentaient deux boutiques-témoins construites sur le site de l’hippodrome aux responsables des associations de commerçants de Rood Woko. Depuis lors, aucune autre boutique n’a été construite sur cette aire. A l’occasion du premier anniversaire de ce triste événement (incendie de Rood Woko), Sidwaya a fait un tour à l’hippodrome, hier jeudi 27 mai 2004. Constat : sur les quelque 14 hectares sur lesquels doit être érigé le nouveau marché, se dressent seulement deux boutiques.

Le reste du terrain est occupé par un espace vide qui s’étend à perte de vue. Les deux mille neuf cent quatre vingts (2980) emplacements prévus devant servir de lieux de commerce, restent jusque-là du domaine du virtuel. Les principales voies d’accès sont à l’heure actuelle, à l’état de remblaye. Des travaux que la saison des pluies risquent d’handicaper quelque peu.

A quand donc la fin des travaux de reconstruction de ce nouveau marché ? Serait-ce le manque de financement qui paralyse les travaux ou tout simplement le fait que la plupart des commerçants rejettent du revers de la main, la construction de ce marché ?

A. Verlaine KABORE


* Moumouni Tapsoba : "Nous accusons les journalistes"

"Depuis l’incendie, nous nous sommes installés ici (aux abords du marché Rood Woko) parce que nous n’avons pas le choix. Les activités commerciales ne marchent pas. La réhabilitation du marché dont on a parlé depuis l’incendie ne démarre pas jusqu’alors. Et à ce niveau, nous accusons d’abord les journalistes. Un journaliste ne s’est jamais approché de nous pour savoir comment vont nos affaires depuis que nous n’avons plus de marché. Une année après l’incendie et jusque-là, nous n’avons pas de place pour nous installer. Au départ, les autorités nous avaient trouvé un espace vers l’ASECNA, mais c’était pour une durée de trois (3) mois. Et c’est pour cela que nous n’y sommes pas restés parce que ça ne nous arrangeait pas. Si on nous avait dit clairement que c’est jusqu’à ce que le marché centrale soit réhabilité, on ne serait pas là aujourd’hui.

Entretemps, on nous a fait comprendre que le marché était transféré à l’hippodrome. Là aussi, on nous fait savoir qu’il fallait payer pour y accéder. Franchement, après le malheur que nous avons connu, on ne plaint pas notre sort, on nous demande encore de l’argent...

Rood Woko n’était pas un lieu de riches, mais celui de la "débrouillardise". Depuis l’incendie du marché, rien de concret n’a été fait pour les commerçants. Il y a un flou autour de la question. Les autorités nous avaient fait savoir au début du sinistre que le site de l’hippodrome était provisoire. Maintenant on dit qu’il est définitif. Cela fait déjà un an que les commerçants de Rood Woko sont sur le qui-vive. Rood Woko n’est pas reconstruit, le fameux site de l’hippodrome non plus, alors que voulez-vous que l’on fasse ? Les autorités attendent-elles la fin de nos jours pour résoudre le problème ? Combien de familles crèvent de faim à cause de cette situation. Je leur demande simplement de nous dire clairement à quel saint devons-nous nous vouer au lieu de nous faire tourner en rond".

* M. Idrissa Ouédraogo : "Merci aux autorités"

Nous, nous avons eu la chance de vieillir, mais nos enfants ne connaîtront point cette chance. L’incendie de Rood Woko n’est pas le premier du genre dans l’histoire du monde. Il y a eu des marchés dans la sous-région qui ont pris feu, mais le problème n’a pas été géré de cette façon. Je n’ai pas autre chose à dire si ce n’est pour dire un grand merci aux autorités de notre pays pour le bienfait. Merci d’avoir laissé choir notre commerce.

* M. Moussa Ilboudo, vendeur de batik : "Actuellement, c’est la galère"

"Nos activités ne marchent plus depuis l’incendie de Rood Woko. Dans le temps, je pouvais vendre au moins 10 articles par jour à raison d’au moins 25 000 FCFA par article. Actuellement, c’est la galère. Vous avez dû remarquer que depuis que le grand marché est "mort", le banditisme a pris de l’ampleur. Beaucoup de gens se sont retrouvés sans lieu fixe pour mener à bien leurs activités. Mon souhait est que Rood Woko soit réhabilité le plus tôt possible. On parle de construction d’un marché à l’hippodrome de Nonsin. Je ne suis pas de cet avis, car Rood Woko est au centre ville et le déplacement pour y arriver, ne coûte pas cher en termes de taxi (200 F minimum). L’hippodrome est trop excentré et ne peut tenir lieu d’un marché à l’allure de Rood Woko. En tous les cas, ce sont ceux qui le veulent qui y iront. Moi je reste attaché à Rood Woko".

* M. Mahamoudo Zongo, délégué du marché : "C’est dur..."

Le discours que je tiens actuellement, c’est celui de la réhabilitation de Rood Woko. Je suis présentement sans commerce et c’est dur pour ma famille et moi. Je suis diabétique. Je n’ai plus rien pour me soigner. Je ne suis pas le seul dans cette situation, il y a plein de cadavres ambulants comme moi. Certains commerçants ont perdu la vie pour cause de misère. Je lance un appel aux autorités pour qu’elles décantent la situation.

* M. Madi Kaboré, occupant anarchiste

Nous sommes fatigués du nomadisme. Nous demandons aux autorités d’activer la réhabilitation de Rood Woko, car nous savons depuis la nuit des temps que lorsqu’une case brûle, on refait la toiture ; on ne change pas de concession. Nous savons aussi que ce qui est arrivé à Rood Woko relève de la volonté de Dieu.

Salam Bikienga, vendeur de tissus

Depuis l’incendie du marché, nous rencontrons d’énormes difficultés. C’est la souffrance. Les autorités nous avaient promis de nous recaser, mais jusqu’à présent, rien. Même si c’est à Kokologo, je serais partant. Au moins, on pourrait dire que le grand marché est à Kokologo. On nous avait dit d’aller sur la place de l’ASECNA pour 3 mois. Est-ce qu’il est possible de s’installer correctement avant ce délai ? Nous souhaitons avoir des places fixes que nos clients pourront fréquenter. Par rapport à l’hippodrome de Nonsin, le gouvernement nous a demandé une participation financière pour sa construction. Cela est déplacé à mon avis, surtout que nous pleurons toujours nos pertes. Je serais d’accord même si le gouvernement se contentait de construire de simples hangars sur ces sites. De toutes les façons, le souhait des commerçants est la réhabilitation de Rood Woko. Les Yaars ne nous arrangent pas du tout. Beaucoup de commerçants ne tiennent plus le coup, certains sont morts de chagrin. Ils (les gouvernants) ont leurs moyens et quand ils prennent leurs décisions, on ne peut pas les faire fléchir. A notre niveau, nous ne pouvons que nous vouer à Dieu.

Alassane KARAMA
Sidwaya

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