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Présidentielle de 2005 : Trois candidats pour l’alternance

Publié le vendredi 28 mai 2004 à 07h40min

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Plus que jamais, l’opposition burkinabè doit transcender ses divergences et au nom des intérêts supérieurs de la nation s’unir pour battre par la voie des urnes le président Blaise Compaoré et son CDP. C’est la substance de cet écrit qui ne manque pas d’intérêt, que Neebnoma Boniface Ouédraogo, étudiant de son état, a fait parvenir à notre rédaction.

Bravo à l’Observateur paalga pour son analyse du 24 mai courant relative aux éventuelles candidatures de l’opposition. Je dis bravo, parce que ladite analyse est sans complaisance ni passion aucune, et reflète à mon avis l’opinion d’une grande partie des observateurs de la scène politique nationale, et même, pourquoi pas, du citoyen lambda. Pour qui connaît les positions habituelles de l’Observateur vis-à-vis de Hermann Yaméogo et surtout du sankariste Norbert Tiendrébéogo, il faut reconnaître que la rédaction du journal donne là à tous une belle leçon de civisme et de fair-play.

Pour emboîter donc un peu le pas à ce journal tout en empruntant des voies autres, je tenterai de donner mon point de vue sur les trois (3) candidats susceptibles de rassembler le maximum de voix face à Blaise Compaoré, à son CDP et à ses mouvanciers. Car je suis de ceux qui estiment qu’un seul candidat de l’opposition face à l’actuel chef de l’Etat serait purement et simplement réduit à néant grâce aux fraudes et aux manipulations multiples, quel que soit le degré d’organisation de l’opposition et de mobilisation de l’électorat. Tout d’abord, il faut dire que l’alternance tant souhaitée par nos compatriotes est possible et réalisable.

Elle dépend simplement des acteurs politiques et surtout du peuple burkinabè dans son ensemble. Pour ce qui est du peuple, donc des électeurs, il va de soi que celui-ci ne se mobilisera vraiment que si le jeu en vaut la chandelle, autrement dit, si les chances d’alternance existent réellement à travers des programmes alternatifs bien ficelés, mais surtout des candidats représentatifs de ses aspirations profondes. En ce qui concerne les candidats, il est vrai que la priorité devrait pouvoir porter sur les trois grands pôles de regroupement que constituent les libéraux, les sankaristes et les socialistes.

Quid des libéraux ?

A mon avis, Hermann Yaméogo constitue le meilleur des candidats, compte tenu de son expérience politique, de ses relations tant nationales qu’africaines et internationales. Il faut ajouter à ces deux atouts celui d’une relative connaissance de la gestion des affaires publiques et enfin, mais pas des moindres, la surface financière confortable dont il semble disposer.

Si Hermann arrivait jamais à rassembler autour de sa candidature une bonne partie de l’opposition toutes tendances confondues, il ferait très mal au premier tour dans un tournoi à quatre. Seulement, Hermann et son UNDD arriveront-ils à approcher et à tenter de convaincre son jeune « frère ennemi » Gilbert Ouédraogo et son ADF/RDA de la nécessité de s’unir pour terrasser le vrai « ennemi » commun, quitte à reprendre la bagarre interne plus tard ?

Le comportement des deux hommes dans un futur très proche nous éclairera sur leurs capacités réelles à constituer une véritable alternative pour notre pays. Cependant, je pense que compte tenu de son jeune âge (les mauvaises langues me diront que la valeur n’attend point...), Gilbert, qui a tout son avenir devant lui et certainement des leçons à prendre encore, devrait être le plus conciliant possible dans l’intérêt bien compris du peuple burkinabè.

Et chez les sankaristes ?

Le scénario semble être le même que chez les libéraux, avec deux candidats de taille, à savoir Norbert Tiendrébéogo et Bénéwendé Sankara. Je pense cependant que Norbert constitue le meilleur challenger de l’opposition, tant il se présente depuis des années comme l’antithèse du régime de Blaise Compaoré, un régime passé maître dans l’art de la corruption, de l’impunité, des détournements, etc.

Norbert Tiendrébéogo, affectueusement appelé « prési » par tous les militants sankaristes, ou encore « Nelson Mandela » depuis la machination dont il a été l’objet dans l’affaire de la tentative présumée de putsch, se présente aujourd’hui comme une référence sûre en matière d’intégrité, d’engagement et de respect de la parole donnée. Si l’on ajoute à cela l’aura inestimable et la sympathie de toute l’opinion dont il bénéficie depuis cette sombre affaire de tentative présumée de coup d’Etat, on peut considérer qu’il dispose de grands atouts pour rassembler autour de son nom et de sa candidature de nombreux suffrages qui pèseront très lourd à l’élection présidentielle.

Norbert semble desservi cependant par sa surface financière très réduite et aussi par le fait qu’il n’est pas présent à l’Assemblée nationale ; mais quand on sait la hargne avec laquelle le parti au pouvoir agresse et spolie son FFS depuis les législatives de 1997 jusqu’à celles de mai 2002, ce manque d’élus ne devrait point constituer un handicap insurmontable, car la présence du parti sur le terrain dans plusieurs régions est incontestable.

Pour terminer avec les sankaristes, on peut signaler que Norbert, tout comme Hermann, dispose d’une grande expérience politique, qui manque cruellement à son cadet Bénéwendé sankara, en butte à des problèmes internes graves dans son parti (l’UNIR/MS), même si avec ce dernier, ils ont pu se tirer très bien des législatives 2002 avec trois élus, et après seulement un an d’existence (là aussi, l’on me dira qu’aux âmes bien nées... mais enfin !). En conclusion, Bénéwendé devrait selon moi être le porte-étendard de la candidature de Norbert pour le compte des Sankaristes, et essayer avec lui de ratisser large (tiens !) dans les rangs de l’ensemble de l’opposition. Comme Gilbert, il a aussi tout son avenir devant lui.

Voyons enfin chez les socialistes

Le Professeur Joseph Ki-Zerbo aurait été le candidat idéal, mais il est grandement handicapé par son grand âge et apparemment une santé fragile. Au sein de son PDP/PS, il semble plutôt difficile de dégager une candidature crédible, tellement la personnalité du « vieux » a éclipsé toutes les autres, y compris le Boussouma et le nouveau venu François Wendlassida Ouédraogo.

Alors que reste-t-il ? Disons-le tout net, l’OBU de Laurent Bado et d’Emile Paré (transfuge du PDP/PS) ne dispose pas d’une personnalité crédible à même de rassembler des voix des autres partis de l’opposition, surtout après les dernières sorties peu reluisantes de ses leaders. Se présenter dans ces conditions sans la bénédiction du PDP/PS serait un hara-kiri politique. Et si le PDP/PS, fort de son implantation et de la relative aisance financière du Professeur, faisait de Norbert Tiendrébéogo son candidat en même temps que les sankaristes ? (les sankaristes ne sont-ils pas en fait des néo-socialistes ?). Nous aurions alors de très chaudes empoignades à cette présidentielle !

Mais ne rêvons pas trop et revenons sur terre, pour dire que mon choix se porterait sur Ram Ouédraogo pour le compte des socialistes, afin de boucler la boucle. Ayant déjà participé à l’élection présidentielle de 1998 avec Frédéric Guirma et Blaise Compaoré, Ram dispose d’une petite expérience en la matière, qui pourrait servir, si jamais le reste de l’opposition lui faisait confiance, et si le PDP/PS, auquel il est apparenté depuis bientôt trois ans, acceptait de taire son « orgueil » socialiste pour investir cet « écolo » qui, somme toute, peut bien défendre ses couleurs.

Tout ceci pour dire quoi ?

D’abord, que l’opposition dans son ensemble, à commencer par ceux dont les noms transparaissent dans ces lignes, devrait enfin faire preuve de maturité au nom du peuple burkinabè. Ensuite, qu’Hermann, Norbert et Ram ne sont peut-être pas les meilleurs hommes de ce pays, mais qu’ils constituent les hommes du moment, les hommes de la situation. Enfin, que tous ces schémas ne tiennent que si toute l’opposition y est partie prenante, et que les candidats et leurs différentes équipes jouent le jeu jusqu’au bout, c’est-à-dire réaliser véritablement le report des voix, qui assurerait la victoire au second tour. Il est donc nécessaire que les uns et les autres se parlent, discutent d’homme à homme pour nous permettre de sortir enfin du long règne de Blaise Compaoré et de son CDP.

Vive l’alternance ! Vive le Burkina Faso !

PS : Au moment où je terminais cette analyse, Sidwaya, le quotidien gouvernemental, nous a appris que des internautes classent les possibles candidats de l’opposition à l’élection présidentielle. On peut douter fortement de la portée de tels sondages, eu égard à la qualité de ces fameux internautes, qui ne sont certainement rien d’autres que les hommes du régime ! Cette autre roublardise ne saurait tromper les vrais militants de l’opposition, qui aspirent à une alternance salutaire. Les chiens aboient, la caravane passe...

Ouédraogo Neebnoma Boniface Etudiant à l’U.O.

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