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Darfour : Le nouveau "champ de mines"

Publié le mercredi 3 octobre 2007 à 07h53min

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L’attaque samedi dernier de la force africaine basée au Darfour (Ouest du Soudan) avec dix morts à la clé a de nouveau braqué les projecteurs sur cette région. Une région où se joue la nouvelle tragédie africaine sur fond de divergences ethno-politiques mais surtout de commerce lucratif d’armes conventionnelles.

Cataloguée dans un premier temps "conflit ethnique" (sic) avec les oppositions entre tribus arabes (les Djenjawids) et les forces de résistance à l’hégémonie de Khartoum (noires pour la plupart), la guerre du Darfour est en passe de devenir inclassifiable de nos jours. En effet, la "rébellion noire" a éclaté en plusieurs factions avec les partisans de la paix et ceux y opposés, cependant que les Djenjawids eux-aussi n’ont plus un commandement homogène.

Du coup, resurgit en surface, la vraie cause de tous ces conflits et crises qui ne cessent de déchirer l’Afrique depuis son indépendance et que l’on peut résumer vulgairement au "deal" des armements conventionnels, devenu peu florissant sous les autres latitudes. Les guérillas d’Amérique du Sud sont en effet presque toutes rentrées dans le rang avec la démocratisation progressive de ce continent, cependant que les groupuscules terroristes d’extrême-gauche européens ont été réduits à néant (même l’ETA et le Sein-fein irlandais se "cherchent") grâce à la force de frappe, des services secrets et des polices européennes.

Une part de marché non négligeable des armes conventionnelles s’est ainsi volatilisée, alors que l’important et lucratif stock de ces armes se retrouvent entre les bras d’occidentaux, de chinois et de russes qui n’en ont plus besoin pour se tenir en respect. Il ne reste plus donc qu’à les "fourguer" aux "bougnoules", africains et arabes étant gentiment regroupés sous ce vocable. Irak, Afghanistan, Liban et Palestine sont actuellement les marchés les plus porteurs pour les seconds, alors que le Soudan et la région des grands Lacs le sont pour les africains, depuis que l’Ouest africain s’apaise progressivement.

Dans le cas du Darfour, le marché est d’autant plus florissant que le conflit est d’abord culturel, ce type de conflit étant on le sait, le plus difficile à résorber. Mieux ou pire, l’instabilité politique du Tchad et de la Centrafrique rend la situation encore plus volatile. Et, ceux qui pensent que ces brûlots peuvent être résolus au niveau du conseil de sécurité de l’ONU se trompent lourdement, car, les cinq membres dudit conseil sont les principaux fabricants et vendeurs d’armes conventionnelles.

Avec la flambée du cours de l’or noir et la concurrence de la Chine qui fragilisent chaque jour davantage leur tissu économique, Anglais, Américains et Français trouvent dans ce "deal" une bouffée d’oxygène. La France elle "lorgne" même du côté du nucléaire civil avec son intention non avouée de vendre une centrale nucléaire à l’Iran. C’est que Paris a touché le fond en matière économique avec des déficits colossaux de ses finances publiques qui ont amené François Filon à déclarer la "faillite" de l’Etat.

Quant à l’Angleterre, elle subit les contrecoups du "blairisme" (la politique économique de l’ex PM Tony Blair) avec ces emplois superficiellement créés au début de la décennie 90 et qui sont en train de disparaître. En économie, c’est connu, on ne resoud pas une crise structurelle (celle de l’emploi) avec des mesures conjoncturelles. A ce niveau, il faut saluer la clairvoyance de Jean Pierre Raffarin qui a refusé la création de ces emplois précaires en France, préférant réviser la législation du travail avec les conséquences que l’on sait.

Pour en revenir à notre sujet, n’allez pas demander à de tels grands de respecter l’éthique et les règles internationales qu’ils ont eux-mêmes édictées. "No pitié in business" comme dirait Cauphy Gombo, et, le Darfour est appelé à être un champ de mines encore plus explosif. Jusqu’à ce que de nouvelles conditions économiques, ne viennent reléguer au second plan le commerce des armes. Qui a dit que l’infrastructure déterminait la superstructure ?

Boubakar SY

Sidwaya

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