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Député Mahama Sawadogo : "Evitons que les fêtes politiques nous divisent"

Publié le mercredi 3 octobre 2007 à 08h08min

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Dans le point de vue ci-dessous, le député CDP, Mahama Sawadogo explique le fond des fêtes politiques célébrées de part et d’autre par les Etats. L’intégralité de sa pensée vous est livrée dans les lignes suivantes.
Si les acteurs de la Révolution française de 1789 n’ont pas inventé la fête politique, ils l’ont au moins instituée.

En effet, la Constitution de 1791 dispose que "il sera établi des fêtes nationales pour conserver le souvenir de la Révolution française, entretenir la fraternité entre les citoyens et les attacher à la Constitution, à la patrie, aux lois". Pour les révolutionnaires de l’époque, les fêtes constituent un puissant transformateur moral et social ; en outre ils (les révolutionnaires) étaient convaincus que la solidité d’un Etat ne repose pas uniquement sur la vie des institutions, et que ce sont aussi tout un ensemble d’usages, dont les fêtes, qui servent à le maintenir.

Les fêtes sont certes multiples ; toutefois les prétextes qui leur donnent naissance peuvent être regroupés en trois types que sont : la commémoration d’un événement, la célébration d’une institution ou l’invocation d’un grand principe.

Comme l’unanimité sur les événements, les institutions ou les grands principes sont rarissimes dans un pays donné, il en découle qu’en politique les fêtes ont rarement le caractère national ; tout au plus elles peuvent être largement consensuelles. En effet, toute décision politique étant nécessairement celle d’un camp, les dates historiques découlant de considérations d’ordre politique sont généralement objet de plus ou moins grandes divergences au sein des populations.

Dans un contexte de régime totalitaire, certaines dates historiques sont tolérées et fêtées ; d’autres, par contre, sont interdites. Mais il en va autrement dans un régime démocratique où le pluralisme doit être reconnu et garanti.

Cependant, pour des considérations de rationalité, le législateur peut intervenir dans la gestion des dates historiques. C’est dans ce sens que le législateur burkinabè a légiféré sur les fêtes légales et les journées commémoratives. La législation en vigueur reconnaît la proclamation de la République (11 décembre), celle de l’Indépendance (5 août) comme de grands principes, l’avènement de la Révolution (4 août) et de la Rectification (15 octobre) comme des institutions et enfin la lutte politico-syndicale (3 janvier) comme un grand événement.

Si considérée individuellement, aucune des dates historiques ne fait l’unanimité entre les citoyens, les générations ou entre les couches sociales de notre pays, prises ensemble, elles permettent à tous, au moins une fois l’an de célébrer une fête politique. Evidemment les intensités des célébrations respectives ne seront pas les mêmes, du fait de l’action du temps sur la pertinence du principe de l’institution ou de l’événement qui est invoqué, célébré ou commémoré.

Mais cela n’a en soi aucune importance. Ce qui est essentiel c’est de tirer les conséquences politiques qui en découlent pour revisiter périodiquement nos options politiques et idéologiques. Par ailleurs et pour conclure il faut souligner que les célébrations, les invocations et les commémorations sont généralement liées à des noms d’illustres personnes ayant joué les premiers rôles à l’occasion de ces dates historiques.

Mais, dans la mesure où l’histoire d’un pays est davantage écrite par son peuple que par ses dirigeants, il conviendrait de porter davantage l’attention sur les principes, les institutions ou les événements objet de ces fêtes que de mettre en exergue les individus, quelles que soient leurs qualités personnelles.
Si les fêtes politiques ne peuvent nous rassembler, qu’elles évitent au moins de nous diviser.

Mahama SAWADOGO
Député

Sidwaya

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