Hortefeux l’a voulu, Hortefeux l’a eu. Désormais le regroupement familial, pour un homme, une femme ou un enfant qui souhaite rejoindre sa famille en France, le passage « facile », selon les concepteurs de la loi, serait de subir un test ADN. Ce sigle qui signifie Acide désoxyribonucléique est censé être la caractéristique du chromosome et permet de savoir si untel est bien le père de ou le fils de...

Une disposition de la énième loi de l’immigration qui fait des gorges chaudes dans tous les milieux français, y compris au sein du gouvernement où des voix discordantes se sont fait entendre.

Et pour l’Afrique, concernée au premier chef par la venue d’étrangers en France, n’est-ce pas qu’elle est la patrie de nos ancêtres les Gaulois, comment ne pas imaginer que ce bout de phrase rajoutée est destinée avant tout à ses habitants.

Mais pour faire joli et amener une pilule, trop grosse pour être facilement avalée à passer, il a été précisé que « ce sera administré à ceux qui le veulent ». A l’heure où la mondialisation s’éclate au niveau des échanges commerciaux, la circulation des personnes est donnée indésirable dans cette nouvelle marche de la planète - le paradoxe est trop visible pour ne pas être stigmatisé.

Choix des termes

Des lois sur l’immigration, il y en eu plein, c’est connu. Toutes ont eu pour ambition de limiter les flux, surtout ceux venant d’Afrique, jugés d’un niveau atteignant la cote d’alerte.

Donc, cette habitude n’est pas dérangeante en soi, sinon que cette fois, elle soulève des questions éthiques, de morale et historiques.
La patrie des droits de l’homme qu’est la France, celle de la révolution de 1789, pour autant qu’elle se sente envahie par une horde de « hors-la-loi », n’a pas le droit d’usiter certains termes. Mieux encore, se laisser tenter par des pratiques qui heurtent la conscience humaine, la disqualifie désormais de donner des leçons, un de ses péchés mignons.

L’Afrique peut se consoler quelque part de savoir que jamais une loi n’a autant soulevé en France même, une telle controverse. De l’immigration choisie à ce test ADN, il y a comme une surenchère volontaire pour braconner sur les terres du Front National. Et ce n’est pas anodin que Nicolas Sarkozy ait choisi son plus fidèle lieutenant pour une telle mission.

Quelqu’un dira qu’il est la voix de son maître, tant il est toujours resté dans son ombre et lorsqu’il en sortait, c’était pour dire à « zéro nuance près » ce que pense Sarkozy.

Stratégie électorale

A 52 ans, on devine aisément que Nicolas Sarkozy va briguer un deuxième, voire un troisième mandat. Aller à la retraite politique avant soixante-quinze ans, n’est pas dans les gènes des politiciens français. Comment alors s’assurer des élections tranquilles et comme on dit dans le sac, si ce n’est en pensant une stratégie infaillible.
Avec les 15 à 17 % régulièrement pris par Jean-Marie Le Pen, inutile d’aller chercher autre part des voix dans un pays reconnu majoritairement à droite. Le compte a été vite fait et son positionnement lors de la dernière présidentielle qui l’a consacrée roi finit de prouver la pertinence du choix.

Désormais, il faut pour Sarkozy et le locataire du ministère le plus emblématique de son mandat, finir le travail. Et quel cadre peut mieux s’y prêter, sinon les cinq prochaines années où il détient avec le débauchage de quelques socialistes et centristes, tous les rouages du pouvoir et de l’Etat.

Cinq ans donc pour traduire dans les faits, le discours extrême droitiste adopté quelques mois plut tôt. Il sait qu’en agissant ainsi, notamment en donnant cette impression que les Français bon teint pourront désormais vivre en toute sécurité dans leur quartier, sa succession n’est pas prête d’être ouverte.

Les bons pensants peuvent toujours se plaindre et sortir les grandes théories de la bienveillance et du « pastouche » aux acquis de la révolution. Les partisans du président ont eu à leur endroit, l’argument qui fait mouche. Nicolas Sarkozy a été élu sur un programme et par plus de 53 % des suffrages.

Ajouté à cet excellent score, le taux exceptionnel de plus de 80 % de participation et ils en viennent à railler les voix voulant empêcher la mise en œuvre de ce qui fut si massivement approuvé par les Français.
C’est pourquoi, la loi Horte-feux est passée telle une lettre à la poste. Au Sénat, pas de problème non plus et on voit mal le Conseil constitutionnel mettre un véto. Reste maintenant à savoir si ce test ADN mettra un frein à ce qui est aujourd’hui inéluctable.

Souleymane KONE

L’Hebdo