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Alphabétisation et éducation non formelle : Des fonds privés sollicités pour plus de résultats

Publié le lundi 24 septembre 2007 à 07h36min

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La Première dame du Burkina Faso Mme Chantal Compaoré a procédé, le 18 septembre 2007, au lancement officiel d’une campagne d’information/communication et de levée de fonds en faveur de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle. D’une durée de cinq (5) mois, la campagne se déroule autour du thème "Valorisation du capital humain pour un développement durable : le défi de l’AENF au Burkina Faso".

L’alphabétisation et l’éducation non formelle (AENF) au Burkina Faso viennent de bénéficier d’un coup d’accélération avec le lancement hier 18 septembre 2007 d’une campagne d’information/communication et de levée de fonds en leur faveur. Cette campagne, parrainée par l’épouse du chef de l’Etat Mme Chantal Compaoré, s’étalera sur 5 mois (septembre 2007 à janvier 2008). Il s’agit au cours de la campagne de mener des activités à même de faire percevoir le rôle important de l’AENF dans le développement socio-économique et culturel. Ainsi, espèrent les initiateurs, le pays des Hommes intègres pourra voir l’émergence d’un élan et d’un cadre général favorable à cette "occasion offerte à des milliers d’enfants, de jeunes et d’adultes qui n’ont pas eu la chance d’avoir accès au système d’éducation de base formelle ou qui ont été très tôt déscolarisés, de bénéficier d’un minimum de formation/instruction". Comme pour dire qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre. Et mieux, l’AENF, participe pour beaucoup à la valorisation du capital humain, problématique si chère au "progrès continu pour une société d’espérance", programme politique du président du Faso, Blaise Compaoré. Mais pour arriver à donner à l’AENF toute la place et tout le rôle qui lui reviennent, d’énormes ressources sont nécessaires.

C’est pourquoi la présente campagne travaillera à susciter des contributions financières et matérielles d’ONG, d’associations, du secteur privé pour appuyer les efforts déjà accomplis par l’Etat burkinabè et ses partenaires techniques et financiers (PTF). Pour sa part, la marraine Chantal Compaoré a annoncé de façon solennelle dans la salle de conférences de l’UEMOA, sa détermination à accompagner la promotion de l’AENF. Elle qui, a rappelé la ministre de l’Enseignement de Base (MEBA) Marie Odile Bonkoungou, "depuis la conférence de la Maison blanche en septembre 2006 sur l’alphabétisation dans le monde (...) multiplie les actions de mobilisation et de sensibilisation de l’opinion".

Il est clair qu’au-delà de la Première dame, c’est toute bonne volonté (burkinabè et d’ailleurs) qui est ainsi interpellée en faveur de l’AENF. Sinon, les chiffres actuels de 28,4% de taux d’alphabétisation au Burkina Faso sont encore loin des taux de 40% en 2010 et 60% en 2015 que s’est fixé le pays. Les différentes projections estiment à environ 1 146 515 le nombre de personnes à alphabétiser pour atteindre les 40% en 2010. Un effort qui nécessitera la mobilisation de vingt milliards neuf cent dix sept millions dix neuf mille six cent soixante (20 917 190 660) F CFA, soit environ 18 244 FCFA par alphabétisé. Des défis colossaux qui ne doivent pas faire perdre de vue les progrès non négligeables obtenus en matière d’AENF sur le territoire national.

Des acquis quand même

En effet, les premiers programmes de développement de l’AENF au Burkina Faso datent des années 70. Du projet UNESCO/Haute-Volta d’accès de la jeune fille et de la femme à l’éducation (1965-1974) aux formules alternatives avec les centres d’éducation de base non-formelle (CEBNF en 1995) en passant par les opérations "commando" et "Bantaaré" (1985-1987), que de stratégies aux résultats mitigés.

L’AENF a connu véritablement une amorce de promotion avec l’adoption en 1999 du Plan décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB). En 2000, l’institution d’un secrétariat d’Etat à l’AENF (qui deviendra en 2001, un cabinet de ministre délégué) a été une expression concrète de la volonté du gouvernement de racheter les "exclus" de l’école classique. Depuis 2002, le Fonds national à l’AENF (FONAENF) permet au gouvernement de mettre en œuvre la stratégie du "faire-faire" : accorder sur la base de critères explicites et dans la transparence, des subventions à la société civile organisée pour assurer l’alphabétisation des communautés de base".

Toutes ces mesures ont permis une augmentation sensible des effectifs dans les centres de formation. Selon les statistiques du MEBA, ces effectifs sont passés de 211 242 en 2003 à 302 670 en 2007 pour l’alphabétisation initiale et la formation complémentaire de base, soit un taux d’accroissement de 24, 16%. Des résultats salués comme il se doit par le Conseil économique et social (CES) lors de sa session extraordinaire tenue du 4 au 11 septembre dernier, exclusivement sur l’AENF. Peut mieux faire, estime le CES qui recommande la prise en compte de l’AENF comme une composante obligatoire de tout projet et programme de développement.

Koumia Alassane KARAMA


L’appel de Chantal Compaoré

Mme Chantal Compaoré : "Il faut que le secteur privé s’implique davantage dans le programme d’alphabétisation au Burkina Faso parce que le gouvernement ne peut pas tout faire. Il faudrait que le privé nous accompagne pour que nous puissions réussir le programme sur tout le territoire national. Je demande à toutes les femmes non alphabétisées de fréquenter les centres d’alphabétisation afin de relever leur niveau pour pouvoir participer au développement du pays".

Mme Odile Bonkoungou : "L’alphabétisation et l’éducation non formelle doivent permettre de mobiliser l’ensemble des acteurs pour atteindre nos objectifs liés à l’éducation. Parce qu’il est démontré l’existence d’un lien étroit entre alphabétisation et développement. Et au regard des résultats que nous avons obtenus au terme d’une trentaine d’années de mise en œuvre de promotion de nos langues, le ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation a jugé bon de voir comment impliquer l’ensemble des acteurs dans cette promotion. Nous avons mis l’accent sur le secteur privé dont l’apport tant matériel que financier peut nous aider à aller de l’avant. Nous avons espoir que notre appel sera entendu pour qu’ensemble nous puissions œuvrer à la réalisation de ce programme".

Le Larlé Naaba Tigré : "Je suis un ministre de Moro Naba, député à l’Assemblée nationale, président-fondateur de l’association Belem Wend Tiiga qui a pour slogan "La vie est comme un arbre de Dieu". Si vous voulez monter sur l’arbre de Dieu il faut respecter Dieu lui-même, la terre, votre père et votre mère. Belem Wend Tiiga c’est le nom de mon père et de ma mère et l’arbre de Dieu lui-même représente la nature".

L’Association œuvre dans le cadre de l’alphabétisation et de l’éducation en apportant son soutien à l’Etat. Elle a créé depuis 1996 une Revue "Tradition et modernité" ; elle a aussi construit, en 2001 un centre d’alphabétisation à Pabré, en 2004 une école à Bangazoum dans le département de Sourgbila et réhabilité l’école communale de Ouidi, un centre de récupération et d’éducation professionnelle à Larlé. En 2006, Belem Wend Tiiga a lancé "La journée de l’espoir qui a donné des allocations scolaires sous forme de bourses aux enfants démunis (plus de 3 000 kits scolaires).

Elle a tenu la même année des séminaires de formation et d’information sur les coutumes traditionnelles, les droits de l’enfant et sur la culture de la paix présidées par Sa Majesté le Mogho Naba. Cette année la même formation est donnée aux enfants du Centre-Est, présidée par le roi de Tenkodogo et parrainée par le ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation. Nous avons le soutien de l’UNICEF, qui est notre principal partenaire, de l’Etat et le COTECNA. Notre objectif est que le Burkina Faso avance sur des racines et non sur du sable".

Rafaël Gansonré : "Je représente l’Organisation catholique pour le développement (OCADES) de Koudougou qui a une gamme d’actions en l’occurence l’alphabétisation et l’éducation non formelle. Nous intervenons dans ce domaine depuis dix (10) ans et aujourd’hui nous sommes très honorés pour la qualité du travail que nous faisons ceci est une interpellation et une invite à doubler d’ardeur dans notre tâche".

Mme la représentante de la coopération danoise : "Notre objectif est de venir en aide au PDDEB et au FONAENF. La coopération danoise est au Burkina Faso depuis quatre (4) ans et œuvre à ouvrir les voies de l’alphabétisation parce que la moitié des jeunes burkinabè sont illettrés. Nous appuyons les programmes nationaux pour arriver à relever les défis du développement".

M. Victor Ouédraogo : "Je suis le chargé de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle au niveau de la province de la Comoé à la Direction provinciale de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (DPEBA). C’est à ce titre que je suis là, notre décoration témoigne des efforts que nous avons fournis dans ce domaine. Nous nous occupons de la formation des animateurs, des superviseurs et également du guide des coordinateurs et des opérateurs dans le montage des dossiers, des requêtes au niveau du FONAENF. L’éducation des personnes dont l’âge est compris entre 15 et 45 ans n’est pas aisée. Ce ne sont pas des enfants qu’on peut manipuler, façonner à souhait.

Il faut négocier, et dans la négociation il y a parfois des réticences. L’école des mille métiers est une réalité chez nous car le CBNF de Bérégadougou a été primé au niveau national grâce aux activités qu’il mène dont la couture, la soudure, etc. Je souhaiterais qu’on intègre le même système au niveau de l’Enseignement général. Aujourd’hui les "connaissances théoriques" ne servent pas, il faut conjuguer la théorie à la pratique c’est-à-dire tendre vers la professionnalisation".

Propos recueillis
par Lassiné KONE
(Stagiaire)

Sidwaya

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