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Vivre avec la flambée des prix

Publié le lundi 17 septembre 2007 à 07h52min

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Si le gouvernement burkinabè a procédé à une augmentation générale des salaires de l’ordre de 5% pour toutes les catégories salariales depuis le 1er avril 2007, la hausse généralisée et en cascades des prix des produits de première nécessité et de consommation courante vient comme pour annihiler cet effort des pouvoirs publics en faveur des travailleurs salariés de notre pays.

Le phénomène de l’inflation galopante, en effet, est général ces derniers temps. Partout dans le monde, la valse des étiquettes est devenue monnaie courante et concerne toute la chaîne des produits de consommation et des biens de production. A la base de cette situation, il y a entre autres, la flambée des prix du pétrole qui n’est pas prête de s’arrêter.

Face à cette envolée des prix du brut, le cartel pétrolier, regroupé au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), réuni le 12 septembre dernier à Vienne, a décidé d’augmenter sa production de 500 000 barils de plus par jour à partir du mois d’octobre prochain. En attendant, le record historique de 77,78 dollars le baril atteint le 1er août 2007, est battu de nos jours avec environ 80 dollars le baril enregistré le 13 septembre dernier. Où va-t-on dans ces conditions ?

Les fortes demandes pétrolières des pays émergents tels que la Chine, l’Inde, la Malaisie et la Thaïlande, le vieillissement des installations pétrolières en Arabie Saoudite et dans les autres pays de l’OPEP, les risques d’attentats contre les puits en Irak et l’insécurité dans certaines zones de production sont entre autres des facteurs qui expliquent l’emballement du prix du baril de nos jours. En l’espace de trois ans, le prix du pétrole aura plus que doublé. Et cette hausse, selon l’Agence internationale de l’énergie, pourrait s’accélérer si les capacités de production ne sont pas significativement augmentées au cours des prochaines années.

Et comme si cela ne suffisait pas, les marchés financiers sont secoués par une crise sans précédent, conséquence de la spéculation capitaliste et des incertitudes de la conjoncture internationale, liées notamment à la politique étrangère et à l’économie des Etats-Unis d’Amérique qui ne cessent de pratiquer une politique de baisse des taux financiers. L’euro, la monnaie européenne, auquel est accroché le franc CFA, a battu, mercredi dernier, un record historique face au dollar (1, 3879 dollar l’euro), compromettant ainsi la compétitivité de nos économies, et nous condamnant à importer à bon marché l’inflation dans nos pays.

A ces turbulences économico-financières, il convient d’ajouter les intempéries dues sans doute aux aléas climatiques qui ont compromis certaines productions telles que le blé, le maïs, le riz et le lait, réduisant de ce fait l’offre mondiale. Conséquences, le pain et les produits lactés et carnés coûtent plus cher de nos jours un peu partout dans le monde. Si dans notre pays le prix de la miche de pain est passé de 120 à 125 francs, une hausse qui semble avoir été tolérée par le consommateur sans doute en raison de sa modicité, ailleurs dans un pays voisin au nôtre, il est passé de 150 à 180 francs, entraînant une bouderie momentanée des consommateurs.

Dans un autre pays, le gouvernement a décidé pour un temps de subventionner cette denrée de première nécessité en renonçant à prélever la TVA pour éviter l’inflation en ce temps de jeûne du ramadan. Face à un phénomène inflationniste mondial qui semble échapper au contrôle des gouvernants, ceux des pays pauvres comme le nôtre notamment, la tendance pour certains pêcheurs en eau trouble est de trouver des boucs émissaires sur lesquels charger tous les maux et les frustrations. C’est ainsi que les pouvoirs publics sont à tort ou à raison montrés du doigt dans certains pays.

A propos de la structure des prix des hydrocarbures qui serait défavorable au consommateur burkinabè, notre gouvernement se défend souvent en avançant que les taxes prélevées servent notamment à subventionner la production de l’énergie électrique pour la mettre à la portée des ménages ; une partie des taxes sur les produits pétroliers serait également versée aux communes, à la place des plaques et vignettes sur les véhicules supprimées depuis 1994 suite à la dévaluation du franc CFA. Au-delà de la polémique et des incompréhensions entre gouvernants et gouvernés dans cette circonstance où personne ne sait où donner de la tête, il s’agit en réalité et avec lucidité de rechercher et d’appliquer des mesures de changement comportemental au niveau individuel et collectif face à la tempête inflationniste qui fait rage partout, afin d’apprendre à vivre avec cette flambée des prix.

Dans notre pays, les principaux produits de consommation courante touchés par la flambée des prix sont entre autres les hydrocarbures, le pain et les pâtes alimentaires, le lait, le ciment,... Le terme « viima yaa kanga » (la vie est dure) est on ne peut plus actuel. Les actions susceptibles d’atténuer les rigueurs de ces hausses de prix peuvent porter par exemple sur les économies de consommation des produits pétroliers. Une campagne pour la rationalisation de la consommation du carburant et de l’énergie électrique pourrait être entreprise par le ministère de tutelle et ses services techniques.

Ainsi sur le plan collectif et individuel, chacun prendra conscience de la nécessité de réduire la consommation de l’énergie électrique dans les services, les ateliers et à domicile, ainsi que celle du carburant en s’interdisant les courses inutiles ou en préférant un moyen de locomotion plus sobre. Une meilleure production et valorisation de la production laitière dans notre pays permettra la réduction de la facture due à l’importation des produits lactés. La relance et le suivi de la culture du blé dans la vallée du Sourou et la réhabilitation effective des Grands Moulins de Banfora pourrait également atténuer la dépendance totale de notre pays vis-à-vis de la farine boulangère.

Si les aléas climatiques qui perturbent l’écosystème planétaire expliquent en partie de nos jours la crise inflationniste actuelle, le pétrole semble cependant être le facteur numéro un de cette tourmente mondiale qui n’est pas prête de s’arrêter. Alors nous revient à l’esprit cette allusion on ne peut plus actuelle de Cheikh Yamani, ancien ministre du pétrole saoudien. Pour lui, de même que « l’âge de la pierre ne s’est pas terminé par manque de pierres, l’âge du pétrole ne s’achèvera pas avec le manque de pétrole ». La recherche pour des énergies alternatives, chez nous comme ailleurs dans le reste du monde, plus que jamais s’impose donc comme une nécessité et une urgence, pour nous éviter les tourments des pénuries futures si rien n’est fait dès aujourd’hui pour y faire face.

Jean-Paul KONSEIBO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 17 septembre 2007 à 23:08, par kanzim En réponse à : > Vivre avec la flambée des prix

    Mosieur Konseibo : on ne peut pas développer un pays avec des "il n’ y a qu’à...", pour reprendre l’expression du Professeur Guissou. Vos propositions ne me paraissent pas assez bien mûries sur le plan économique, social et politique. Quelques petites démonstrations :
    1. Sur le plan économique, le développement du bio carburant que vous proposez est une chimère au Burkina, du fait de la dépendance technologique que les politiques ne veulent pas résorber. Même ailleurs, ceux qui sont nantis de cette technologie font face à des équations posées par les variations de péculations agricoles, d’environnement et de puissance alimentaire. Quand prochainement voulez évoquer le acs du lait ou du blé qui pourraient apporter des solutions à l’hémorragie des devises et à la faim, prenez soin de vous documenter, et de faire une lecture économique et historique des ces documents, avant de chanter des rêves.
    2. Sur le plan social : la réduction de consommation de carburant doit plutôt être un impératif pour l’Administration Burkinabè et assimilés : les voitures de service utilisées hors à propos, et les climatiseurs non éteints en dehors des heures de service, devraient plutôt être un créneau. Je ne partage pas votre point de vue si vous vous adressez plus au consommateur lamda qu’aux prédateurs de l’Administation publique. Si pendant les week end vous n’êtes pas en ville, vous êtes au moins dans une campagne ; alors exercez vous à reconnaître et compter les fonds rouges et bleus qui caractérisent les véhicules de l’Etat.
    3. Sur le plan politique : là c’est un comble : qui pensez vous qu’il est un pêcheur en eaux troubles pour trouver des boucs émissaires ? Les syndicats, les étudiants ou toute cette masse empêtrée dans les épines de la misère ? Il n’ y a pas de boucs émissaires en dehors des prédateurs maîtres de la mal gouvernance ; il faudra noter que même ces prédateurs ont besoin des mouvements de ceux que vous appelez pêcheurs en eaux troubles, pour jauger le degré d’acceptabilité de leur forfait, par les victimes massifiées de la faim. Ils ont beaucopoup plus besoin des thermomètres sociaux que de laudateurs chansonniers et magnifiicateurs de prétendus hauts faits d’armes économiques qui en fait, ne dépassent pas le pet d’un coquelet. Journalisme et Laudatisme : voilà bien un sujet qui pourrait être donné à beaucoup...

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