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Crise ivoiro-ivoirienne : Gbagbo a les clés

Publié le lundi 10 novembre 2003 à 07h28min

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Crise ivoiro-ivoirienne : Gbagbo a les clés

Demain, s’ouvre à Accra au Ghana, un "énième" sommet de la CEDEAO consacré à la crise ivoiro-ivoirienne. Un sommet auquel le président du Faso prendra, en principe, part et qui apparaît comme celui de la dernière chance (de l’espoir aussi) pour peu que les autorités d’Abidjan le veuillent.

Au regard des derniers développements de la crise ivoiro-ivoirienne et sans vouloir anathémiser quiconque, force est de reconnaître que le pouvoir d’Abidjan a une grande part de responsabilité dans l’actuelle situation de blocage. Par le biais d’attitudes, d’actions (achat massif d’armes, entretien de milices) et d’un langage frisant à la fois la provocation et l’insulte, les autorités d’Abidjan sont parvenues à se mettre à dos tous les autres protagonistes de cette crise. Ce sont d’abord les Forces nouvelles, outrées par les "libertés" prises par ledit pouvoir vis-à-vis des Accords de Linas-Marcoussis (nomination non consensuelle des ministres de la Défense et de la Sécurité) qui claqueront la porte du conseil des ministres et qui campent depuis, sur leur position.

C’est ensuite le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Dramane Ouattara, qui fera de même suite aux accusations de "complot" à l’encontre de leur leader, mais aussi aux "persécutions" et arrestations arbitraires des militants de ce parti. C’est enfin le PDCI/RDA qui menacera lui aussi de se retirer suite à l’arrestation de certains de ses militants dans le cadre de l’invraisemblable tentative de coup d’Etat du sergent-chef Ibrahim "IB" Coulibaly.

Donner des gages de bonne foi

C’est dire que le sommet d’Accra tombe comme "marée en carême" pour une éventuelle remise en marche de la maison ivoire. Cette occurrence ne peut être rendue possible que si le pouvoir d’Abidjan consent enfin à donner des garanties aux autres parties prenantes, quant à son attachement aux Accords de Marcoussis.

Des garanties sécuritaires pour les populations autochtones dont certaines sont persécutées pour "délit" de faciès, de patronyme voire de religion. Pour les allogènes aussi, martyrisés quotidiennement et en passe d’être dépossédés de leurs terres par le biais de la réforme scélérate du régime foncier ivoirien.

Une loi qui, si elle venait à passer, ouvrirait la porte à toutes sortes "d’aventures" pour le pays.

Il y a aussi les garanties politiques consistant en un partage réel du pouvoir tel que le préconise les Accords de janvier 2003. Aussi, l’intégrité physique des politiques devra être garantie et, last but not the least, un langage civilisé devra être tenu à leur endroit.

Les déclarations à l’emporte-pièce de certains caciques du pouvoir ont jusque-là, contribué à pourrir un climat politique déjà malsain. Enfin, le pouvoir ivoirien devra donner des garanties économiques en protégeant le tissu industriel des vandales.

On est mémoratif que des "jeunes patriotes" avaient entrepris de saccager certaines entreprises françaises, pour punir cet Etat de sa "partialité" dans la gestion du conflit. Des actes qui portent préjudice non seulement à la Côte d’Ivoire, mais à la sous-région dans son ensemble, ce pays étant devenu par le fait colonial, la locomotive de l’Ouest-africain. Si la Côte d’Ivoire "fait" l’UEMOA, c’est parce que l’ancienne puissance tutrice l’a voulu ainsi en y implantant 210 filiales d’entreprises françaises, et en y investissant en masse (deux milliards d’euro en fin 2000).

La mort de Jean Hélène ayant servi d’électochoc au niveau de
la France, il appartiendra à ce pays dont le rôle est prépondérant dans la résolution de la crise de "forcer la main" aux uns et aux autres pour remettre le processus sur les rails. Autrement, l’horizon 2005 sera plus que jamais un mirage. Pour le plus grand malheur du pays.

Boubakar SY

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