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Lutte contre la corruption : Entre théorie et réalité

Publié le mardi 4 septembre 2007 à 07h15min

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La corruption, comme un cancer, est un véritable obstacle au développement socioéconomique, politique et administratif d’un Etat. Et c’est pour cette raison que le combat contre ce phénomène est sous la coordination de l’Etat. Des stratégies sont élaborées et mises en œuvre pour tendre vers la tolérance zéro.

Mais, l’ampleur de la corruption n’impose-t-elle pas que l’on adapte les stratégies à la réalité du moment ? D’autant plus que la lutte contre la corruption semble de nos jours prise à défaut entre la théorie et la réalité.

La corruption est un fléau des temps nouveaux qui constitue une menace pour la paix sociale et le développement économique. Dans les pays où elle sévit, les citoyens perdent confiance aux institutions dont le rôle est complètement dévoyé. Cette situation entraîne la frustration des populations qui s’engagent dans une dynamique d’incivisme. Dans une économie dominée par la chasse aux pots-de-vin, les décisions d’investir ne sont plus motivées par l’opportunité de l’investissement, mais par l’importance des pots-de-vin à toucher.

La recherche du gain facile entraîne certains agents à emprunter le chemin de la corruption. La pratique des pourboires pour obtenir un traitement rapide des dossiers va conduire les agents à canaliser leurs énergies vers la recherche des voies et moyens pour soutirer de l’argent aux citoyens pour la moindre de leurs prestations, même dans des conditions normales. Il faudra alors payer de plus en plus cher pour avoir un service rapide. À travers des actes de corruption, ils peuvent ainsi accroître leurs revenus et améliorer leurs conditions de vie sur le dos des citoyens qui ignorent pour la plupart les procédures à suivre.

La tolérance zéro est possible si...

Dans le cadre de la lutte contre ce phénomène, l’Etat met en place une structure de coordination des actions. Au Burkina Faso, c’est la Haute autorité de lutte contre la corruption (HALCC) qui a en charge de mener la politique nationale de lutte contre ce fléau. Pour mener à bien sa mission, la HALCC s’est fixé comme objectif l’atteinte de la tolérance zéro en matière de corruption. À cette structure, il faut ajouter l’Inspection générale d’Etat qui œuvre également à l’atteinte de cet objectif. Pour y parvenir, elle s’est dotée de stratégies capables d’atteindre son objectif. Ces stratégies sont basées sur la production d’un rapport annuel sur l’état de la corruption au Burkina et la communication pour un changement de mentalité de la population.

Depuis l’avènement de cette structure étatique de lutte contre la corruption, il est certes vrai qu’elle a publié des rapports annuels, mais la publication de ces rapports ne semble pas booster la lutte contre ce fléau. Pour preuve, le dernier rapport a nommément cité des personnes qui sont suspectées d’actes de corruption. Et depuis lors, plus rien. Or dans ce cas précis, le parquet général a obligation de s’auto-saisir de ce rapport pour engager une action de justice. Car des dispositions légales existent pour sanctionner les fauteurs en la matière. Et il faut les appliquer si l’on veut éliminer la corruption.
Si la HALCC et l’Inspection générale d’Etat (IGE) ont le mérite de publier des rapports sur le phénomène, il est à reconnaître que ces institutions communiquent peu sur leurs rapports.

Comparativement au RENLAC qui fait un tapage médiatique autour de son rapport dans lequel des services sont cités pour avoir franchi le seuil de tolérance. Ce qui a pour conséquence, la mise en œuvre d’une gestion rigoureuse dans les services épinglés par le rapport du RENLAC. Toute chose qui pourrait être un appoint à la recherche de l’objectif. La dénonciation par voie de presse peut aussi faire des résultats dans ce combat et c’est du reste ce à quoi la HALCC et l’IGE doivent désormais s’atteler.

En plus de la dénonciation, elles doivent mettre un accent particulier sur la communication pour un changement de mentalité. Sensibiliser au quotidien l’ensemble des Burkinabè à adopter un comportement anti-corruption dans l’exercice de leur fonction doit être le leitmotiv. Car si aujourd’hui on a pu atteindre de bons résultats en matière de lutte contre le VIH/SIDA en une décennie, c’est grâce aux efforts de sensibilisation de toutes les couches socioprofessionnelles par notamment les acteurs de la société civile à la prévention.

Il serait aussi indiqué de mettre en place des comités intersectoriels de lutte contre la corruption et de les doter de moyens pour mettre en application la stratégie de communication pour un changement de mentalité. Plus on communique sur la corruption et plus on sanctionne les fauteurs, plus on tendra vers la tolérance zéro.
Il n’est donc pas tard pour bien faire dans ce domaine ; les structures étatiques mises à cet effet doivent repenser leur façon de travailler afin d’apporter leur contribution à l’édification d’un Burkina exempt de tout acte de corruption.

Abou OUATTARA (Babououattara@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 6 septembre 2007 à 18:32, par un usager de l’administration En réponse à : > Lutte contre la corruption : Entre théorie et réalité

    Oui, cet article est le bienvenu pour insister pour que les dirigeants surtout veille bien sur l’appareil administrtif : en effet, lorsque certains dans leur poste sont comme des rois, loin du controle de la tutel, il ne saurait être autrement que des dealers. Par exemple, la prefecture de SAABA, à deux pas de Ouaga laisse à redire. Des dossiers de demande de terrains par des investisseurs qui y sont envoyés juste pour signature (après contrôle par les structures techniques habilitées) y restent pendant trois mois sans suite. Le maitre des lieu, toujours absent du bureau. Il y a des bordereau d’enregistrement de l’arrivé et des départs. on peut vérifier que ces dossiers importants aussi bien pour lancer l’investissement, la création d’emplois, la création de richesse nationale et même payer des droits et taxes à l’Etat sont bloqués.

    Dans cette manière de faire, lorsque l’investisseurs est fatigués de marcher, il sera obliger de voir le signataire "de côté" ! Et voilà comment la corruption d’installe dans le milieu des affaire.

    IL FAUT JUSTE QUE L’ADMINISTRATION ASSUME PLEINEMENT LE CONTROLE DE LA QUALITE DE SES SERVICES POUR PARVENIR A REDUIRE CETTE HISTOIRE QUI TUE L’ECONOMIE. LES DOSSIERS DOIVENT ETRE SUIVI DE DELAIS DE TRAITEMENT DANS LES DIFFERENTS ADMINSTRATIONS ET CONNUS DES USAGERS !

    A BIENTOT.

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