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Paris a du mal à peser sur les belligérants ivoiriens

Publié le samedi 22 mai 2004 à 23h29min

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La France, qui tente d’impulser la réconciliation en Côte d’Ivoire, semble de plus en plus incapable de peser sur les belligérants, notamment sur le président Laurent Gbabgo qui vient de limoger trois ministres dont la figure emblématique de la rébellion, Guillaume Soro.

Paris semble réduit à multiplier les déclarations faisant état de sa "préoccupation" et à appeler "toutes les parties" au dialogue et à "s’abstenir de tout nouveau geste de provocation".

"Aujourd’hui, il appartient à tous les responsables politiques ivoiriens de respecter la légalité et les engagements pris devant la communauté internationale. Le gouvernement issu des accords de Marcoussis doit se réunir sans délai. Il y va de la responsabilité de tous face à l’avenir de la Côte d’Ivoire", indique la France dans sa dernière déclaration.

Mais les "responsables" auxquels s’adresse Paris, comme d’ailleurs les Nations unies également impliquées dans la tentative de résolution, ne paraissent plus vouloir écouter l’ancienne puissance coloniale sous la tutelle de laquelle ils ont signé l’accord de Marcoussis, le 24 janvier 2003.

La France, qui a sauvé le pouvoir de M. Gbagbo en bloquant militairement les rebelles, a réussi à sortir un peu du face à face en obtenant le déploiement de 6.000 Casques bleus.

Mais ses quelque 15.000 ressortissants sont toujours en première ligne et constamment sous la menace de représailles des farouches partisans du président ivoirien.

Pour peser de tout son poids sur Laurent Gbagbo, il suffirait à Paris de menacer d’interrompre les versements des salaires de ses fonctionnaires, relève un expert de la Côte d’Ivoire sous couvert d’anonymat. Mais avant, note-t-il, il faudrait organiser le départ des Français.

Or, Paris espère ne pas en arriver là. "Marcoussis est un bon outil, qui va à des réformes en profondeur et il est viable. Mais il y a une mauvaise foi de part et d’autre, Gbagbo et Soro tirent chacun de leur côté, tout à leurs calculs préélectoraux", estime une source diplomatique.

Face à ces difficultés qui s’accumulent et qui rendent inopérant le conseil des ministres dans un pays toujours coupé en deux depuis septembre 2002, le Premier ministre Seydou Diarra, qui n’a jamais pu exercer réeellement sa fonction, songe à démissionner.

"Seydou Diarra est l’épicentre de Marcoussis, sa clé de voute, il doit rester", souligne la même source diplomatique.

Mais Seydou Diarra se retrouve pris entre d’ex-rebelles qui ne veulent pas désarmer et se cantonnnent dans le nord et les farouches partisans de Gbagbo, qui ne veulent pas lâcher le pouvoir. Ces derniers, qui se mobilisent par milliers, tiennent la rue d’Abidjan, capitale économique du pays.

Un rapport de l’Onu, présenté le 14 mai au Conseil de sécurité, affirme que les violences qui ont fait au moins 120 morts le 25 et 26 mars dans Abidjan sont le résultat d’une "opération soigneusement planifiée" organisée par "les plus hautes autorités de l’Etat".

Vendredi, le Conseil de sécurité a de nouveau discuté de la Côte d’Ivoire et des moyens de réduire les extrémistes, qui désintègrent systématiquement chaque avancée pacifique. Le Conseil devrait publier ultérieurement une "déclaration présidentielle" à l’issue de ses débats.

Selon la même source diplomatique, le Conseil de sécurité devrait établir des responsabilités individuelles et pourrait prendre des sanctions ciblées contre certains Ivoiriens.

"Il y a un certain nombre de personnes que la communauté internationale ne voudrait plus voir dans le paysage politique ivoirien", indique cette source.

AFP

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