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Burkina : Les voies insaisissables du développement

Publié le vendredi 24 août 2007 à 07h20min

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Il y a quelques semaines, a été lancé dans la capitale, un programme de construction de dix mille (10 000) logements sociaux. Cette manifestation qui a été présidée par le Premier ministre, Tertius Zongo, signifie que mettre des logements décents à la disposition des populations et à un coût acceptable, c’est-à-dire abordable pour la majorité, est la priorité du gouvernement formé le 11 juin dernier.

C’est là un souci louable des autorités. Mais, ce n’est pas toujours que le gouvernement affiche ainsi clairement ses priorités.

On dit que la route du développement passe par le développement de la route. Mais, à voir l’état dans lequel se trouvent certains quartiers de cette même capitale, on ne peut pas manquer de se demander à quoi bon construire des logements si l’on ne peut pas y accéder à certaines périodes de l’année. Du fait des eaux stagnantes, des activités sont mises en berne, en atttendant l’évaporation ou une hypothétique intervention de la voirie pour y remédier. C’est une véritable prouesse que les habitants des quartiers qui sont nouvellement lotis accomplissent chaque jour quand la pluie les surprend dehors alors qu’ils rentrent chez eux ou quand il pleut pendant qu’ils se trouvent chez eux et veulent sortir pour rejoindre leurs lieux de travail.

Dans certains cas, les rues ont été sommairement dégagées, dans d’autres endroits pas encore. Certes, les autorités municipales font des efforts, mais les populations de la capitale ne saisissent pas leurs efforts. Elles vivent résignées, se considérant comme des laissés-pour-compte.

Les populations vivant aux abords d’une voie bitumée ne se sentent pas pour autant en sécurité. La raison principale est que les entreprises chargées de la construction desdites voies goudronnées ont laissé des caniveaux ouverts (quand il y en a) véritables dangers en ces temps de pluies pour les enfants surtout et pour les usagers nocturnes de ces routes. Les concepteurs de ces voies ont-ils omis le dallage des caniveaux ? Les entrepreneurs et les donneurs d’ordres ont-ils ajusté les coûts des travaux à leur niveau ?

A l’absence d’un éclairage public dans la plupart des quartiers nouvellement lotis, s’ajoute une autre, celle-là très grave à l’heure où il est question d’insécurité. Il manque des commissariats de police dans les zones qui viennent d’être loties. Dans ce cas, il est superflu de parler d’une brigade de sapeurs- pompiers. Cependant le commissariat de police, la brigade de gendarmerie et une caserne de sapeurs-pompiers devraient être les premières fenêtres du citoyen sur le monde moderne, leurs premiers contacts avec l’administration moderne.

Ces insuffisances relevées dans la capitale prennent des proportions encore plus grandes hors des grandes agglomérations. Pour cacher cette face hideuse de nos villes, lors des visites de personnalités étrangères, le protocole ne les conduit que dans les quartier huppés et sur les voies interurbaines bien entretenues. Tout est mis en place pour leur dissimuler les laideurs des secteurs périphériques et des non lotis. Pourtant, comme ou le dit, il faut vendre sa maladie pour espérer un remède. A l’intérieur du Burkina, le manque d’infrastructures de base est encore plus manifeste. Dans les chefs-lieux de départements, et même dans les capitales provinciales, les commissariats de police sont abrités par des casemates. Cette situation de vétusté des bureaux déteint énormément sur la crédibilité et le rendement du policier. Il en est de même des brigades de gendarmerie dans les localités où il en existe. Quant aux services des sapeurs- pompiers, peu de villes du Burkina en possèdent. Le drame qui a eu lieu il y a à peine deux semaines à l’entrée de la ville de Fada N’Gourma, capitale de la Région de l’Est, a montré toute l’importance d’avoir à proximité une caserne de sapeurs-pompiers. Il a fallu que des camions de sapeurs- pompiers quittent Ouagadougou, distante de près de deux cents kilomètres, pour aller éteindre le sinistre. C’est impensable pour un Etat qui se veut moderne. Voilà ce qui donne l’impression de désordre quand on examine de près le caractère insaisissable des priorités de l’Etat. Par exemple, la ville de Pouytenga est connue comme un poumon important dans les échanges économiques en tout genre du Burkina. Malheureusement, cette importante agglomération manque d’un service de sapeurs-pompiers. On y pensera lorsque surviendra un sinistre.

Or, la construction de commissariats de police, de brigades de gendarmerie ou de casernes de sapeurs- pompiers, fait partie du rôle régalien de l’Etat. Au demeurant, comment comprendre que de gros villages situés aux frontières avec nos voisins, qui auraient pu être des chefs-lieux de départements, ne soient que de simples agglomérations humaines sans commissariat, gendarmerie et autres ? Le banditisme local et transfrontalier prospère en chantant, dans ces zones. Mais, comme pour le bitumage ou l’entretien des routes rurales, l’érection d’une zone en département, obéit plus à des considérations politiques qu’à des besoins sécuritaires, sociaux ou économiques. Il est souhaitable que le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et celui de la Sécurité mettent sur pied un vaste programme de construction et de réhabilitation de commissariats de police, de brigades de gendarmerie et de casernes de sapeurs- pompiers. Un tel programme aiderait à la concrétisation du concept de la police de proximité et partant à une lutte efficace contre l’insécurité. L’autorité d’un gendarme, d’un policier ou d’un douanier passe aussi par des locaux dignes de ce nom.

Il y a également les services de santé. Certes, des centres de santé et de promotion sociale ont été construits un peu partout, soit par des partenaires au développement, soit par l’Etat. Mais lorsqu’on visite certains de ces services, on est frappé par leur dénuement matériel qui est parfois pallié par le dévouement du personnel soignant.

Soyons clair : personne ne dit que le gouvernement travaille sans priorités, sans tableau de bord. Mais il y a des secteurs où son rôle est irremplaçable. Il devrait davantage imposer sa présence dans ces domaines, sur l’ensemble du territoire national.

"Le Fou"

Le Pays

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