Dans son discours d’investiture, il s’est engagé à oeuvrer à l’amélioration des relations avec Pékin tout en estimant que Taïwan doit renforcer ses défenses face à la menace continentale.

"Nous aimons la paix mais nous sommes également préoccupés par la sécurité de la nation", a souligné M. Chen. "En réponse à la démonstration de force de l’armée adverse, il nous faut renforcer nos défenses nationales."

Chen Shui-bian a été réélu le 20 mars après avoir fait campagne contre l’imposant rival chinois, affirmant que lui seul pourrait empêcher le régime communiste d’annexer Taïwan. Pékin a répondu en n’excluant pas une guerre si Taipeh refusait la réunification.

Taïwan et la Chine sont deux pays distincts depuis la fin de la guerre civile en 1949.

Le président réélu a assuré que les changements constitutionnels qu’il appelle de ses voeux ne toucheraient pas à la question de la souveraineté, qui inquiète Pékin.

"Nous ne disposons pas d’une majorité consensuelle sur l’unification, l’indépendance ou la souveraineté. Ces questions ne s’incriront donc pas dans les révisions", a-t-il expliqué.

M. Chen s’est néanmoins prononcé pour un nouveau "cadre de paix, de stabilité et d’interaction" avec la Chine, prévoyant que Pékin ne peut changer unilatéralement le statut politique de Taïwan.

Le président avait auparavant salué le drapeau taïwanais et a prêté serment à l’intérieur du Bureau présidentiel avant d’accepter les sceaux verts et blancs de la présidence.

"Je jure devant notre peuple que je respecterai la Constitution, remplirai mes devoirs, protégerai le bien-être du peuple et le pays", a-t-il déclaré.

Chen Shui-bian avait remporté le scrutin présidentiel avec seulement 30.000 voix d’avance, sur un total de 13 millions de suffrages, déclenchant la colère de l’opposition qui dénonçait des fraudes. Selon son rival Lien Chan, la tentative d’attentat présumée dont ont été victimes le président et la vice-présidente la veille de l’élection a joué en sa faveur.

La réélection de Chen Shui-bian a provoqué des manifestations d’opposants dans les rues de la capitale Taipeh. Un recompte des voix a été décidé. Il a débuté le 10 mai mais pourrait prendre plusieurs semaines.

Jeudi, plusieurs centaines de partisans de l’opposition se sont rassemblés dans un parc de Taipeh alors qu’avait lieu la cérémonie d’investiture. Des accrochages se sont produits avec la police tandis qu’était déployée une banderole sur laquelle on pouvait lire : "pas de vérité, pas de président".

AP