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M. Gbagbo règle ses comptes avec ses opposants, le processsus de paix menacé

Publié le jeudi 20 mai 2004 à 20h22min

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Le processus de paix en Côte d’Ivoire est plus que jamais menacé après la décision du président Laurent Gbagbo de limoger trois ministres de l’opposition, dont sa "bête noire" Guillaume Soro, leader des ex-rebelles contrôlant le nord du pays.
Le décret présidentiel, lu mercredi soir à la télévision nationale, démet de leurs fonctions M. Soro et un autre membre des Forces nouvelles (ex-rébellion), le ministre de l’Enseignement professionnel Youssouf Soumahoro, ainsi que le ministre des Infrastructures économiques, Patrick Achi, jeune baron du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ancien parti unique).

Tous trois sont remplacés à titre intérimaire par des ministres déjà en place, tous issus du parti de Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI).

M. Soro, ex-ministre d’Etat chargé de la Communication, a aussitôt accusé le président Gbagbo de faire un "coup d’Etat" contre les accords de paix de Marcoussis, signés fin janvier 2003 en France par les principaux partis politiques et les rebelles qui ont pris les armes en septembre 2002.

Le secrétaire général des FN a une nouvelle fois demandé le départ du pouvoir de Laurent Gbagbo, principal obstacle à la paix selon lui.

M. Gbagbo avait toutefois annoncé la couleur dès mardi dans un discours à la Nation, indiquant avoir remis au Premier ministre Seydou Diarra une liste des personnes qu’il ne "souhaitait plus voir" dans le gouvernement.

Les accords de Marcoussis "nous obligent à respecter un équilibre dans la formation du gouvernement, ils ne lient pas le sort de la République à des individus", avait estimé le président ivoirien.

Ces accords avaient notamment accouché, dans la douleur, d’un gouvernement de "réconciliation nationale", dont l’avenir semble aujourd’hui des plus incertains.

L’équipe du Premier ministre Seydou Diarra était déjà réduite à la portion congrue depuis que sept mouvements d’opposition, dont les Forces nouvelles, avaient décidé de boycotter le conseil des ministres.

Le PDCI avait pris cette décision début mars pour protester contre la gestion du pouvoir par le camp présidentiel.

Cinq autres partis signataires des accords de Marcoussis et les Forces nouvelles l’avaient rejoint dans ce boycottage, après la répression meurtrière de la "marche pacifique" qu’ils avaient maintenue à Abidjan le 25 mars, en dépit d’un décret interdisant toute "manifestation de rue".

Selon le rapport d’une commission d’enquête de l’ONU, que Laurent Gbagbo et ses partisans contestent, la répression a fait au moins 120 morts. Les autorités ivoiriennes parlent de 37 morts en deux jours.

La coalition d’opposition refusait depuis lors toute négociation directe avec le président ivoirien, qui a durci le ton mardi en prenant une série de sanctions contre les ministres absents : pas de salaires pour le mois de mai, plus de voitures de fonction et interdiction de voyager hors du pays sans son autorisation expresse.

Après le discours du chef de l’Etat, le Premier ministre Seydou Diarra, clef de voûte du processus de paix ivoirien, a préparé sa lettre de démission mais il ne l’a pas encore présentée à M. Gbagbo, selon certains journaux ivoiriens.

M. Diarra est resté silencieux, sans confirmer ni infirmer l’information.

Elément surprenant, le décret limogeant les trois ministres d’opposition, daté du mardi 18 mai, a été pris "sur proposition du Premier ministre".

Sans se prononcer sur l’authenticité du libellé, une source proche de la Primature a indiqué à l’AFP que "ce ne serait pas la première fois qu’un décret est attribué au Premier ministre sans que cela soit vrai".

Dans ce contexte radicalisé, comme aux premiers jours de la crise, seule la communauté internationale semble en mesure de relancer une "réconciliation nationale" de plus en plus virtuelle.

A commencer par les Nations unies et la France, qui ont déployé des forces de paix dans le pays pour surveiller le cessez-le-feu, réduisant les risques d’une reprise du conflit mais limitant d’autant la marge de manoeuvre des diplomates.

AFP

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