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"Kadhafi", nouveau PDG de PETROFA-MOBIL : "C’est l’emploi qui garde l’employé"

Publié le vendredi 21 mai 2004 à 07h32min

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Ce qui n’était qu’une rumeur a finalement été confirmé le 17 mai dernier. En effet, le groupe pétrolier de droit burkinabè Petrofa, dont le PDG n’est autre que Mahamadi Sawadogo dit "Kadhafi", a racheté Mobil oil Burkina, filiale du Groupe américain.

Hier en fin de matinée nous avons rencontré le repreneur, le nouveau patron de Petrofa-Mobil, qui s’exprime sur plusieurs aspects de cette cession. On lira par ailleurs le communiqué commun y relatif.

Monsieur Mahamadi Sawadogo. C’est officiel désormais, vous avez racheté Mobil-oil Burkina, quels sont les raisons d’un tel rachat ?

• Ce rachat s’inscrit tout simplement dans la droite ligne des objectifs du Groupe Petrofa. Les gens ne connaissent pas souvent l’évolution des secteurs économiques, et c’est malheureux. Au niveau de Petrofa, nous avons un back ground, car déjà dans les années 80, nous étions en partenariat avec Shell. Puis quand Shell a été privatisé, nous sommes rentrés dans le capital, et on a ainsi évolué dans le secteur.

Lorsque nous avons créé Petrofa, on avait des ambitions. Et notre expérience avec Shell nous a aidé à réaliser ces ambitions.

Pouvez-vous nous faire une petite genèse de cette transaction entre Petrofa et Mobil-oil Burkina ?

• Il s’agit d’une cession d’actions, et une cession d’actions comporte deux facettes, le passif et l’actif : la manière dont les grandes firmes procèdent à la mise en vente de leur société, ce n’est pas souvent connu dans notre environnement. Nous avons à faire des exercices pour nous mettre au diapason de ces pratiques.

C’est très important pour un homme d’affaires ce "knowledge", cette connaissance. Mobil-oil est une société pétrolière de droit américain qui respecte d’abord la juridiction américaine et ensuite les lois des pays où elle est installée. Vous savez aussi qu’à cause du terrorisme et des transactions douteuses, les USA ont mis en place des systèmes de contrôle pour tout ce qui touche les transactions commerciales. Cela conduit Exxon Mobil à ne pas traiter avec n’importe qui.

Ainsi, lorsque nous nous sommes intéressé à Mobil-oil, Exxon nous a exigé notre CV ; nous avons envoyé le CV de Mahamadi Sawadogo, la situation de toutes les sociétés qu’il dirige. Ensuite, on nous a envoyé un contrat de confidentialité qui nous faisait cas de toutes les obligations que nous devions remplir : la plus importante est la confidentialité, sous peine de poursuite judiciaire.

Puis il y a eu un pack contenant tous les aspects du contrat de vente qu’Exxon nous a envoyé. Nous avons travaillé alors avec deux cabinets d’experts comptables, un cabinet d’avocat, des banquiers, qui étaient astreints aussi au silence, sous peine de poursuite aussi. Je profite d’ailleurs de cet entretien pour les remercier, car on a travaillé de jour comme de nuit pour boucler le dossier.

Nous étions 4 sociétés sur la ligne de départ, mais Petrofa était la seule société burkinabè à postuler. C’est en février 2004 que Petrofa et une autre société furent retenues sur la short list et, après la "dew diligence" (vérification sur place des différents documents) à l’hôtel Silmandé et d’autres vérifications à Dakar, Paris, Dallas et Petrofa a été finalement retenue. On a finalisé le contrat et nous l’avons signé à Paris.

Des remous ont eu lieu au sein du personnel, notamment la séquestration du directeur délégué, une grève..., car certains craignaient qu’on remette en cause leurs acquis et avantages

• En fait, ce sont quelques personnes, qui n’avaient pas compris le processus engagé, qui faisaient du tapage. Quand vous rachetez une société il y a les droits et les devoirs dont vous héritez en même temps.

La vie même n’est pas une garantie. J’ai dit à toutes les rencontres que nous avons eues, avec le ministre délégué à l’emploi, avec la directrice du travail..., que le mode utilisé dans la présente transaction est la vente d’actions. Tous les contrats de travail demeurent valables. C’est par anticipation que les gens se sont mis à faire du bruit.

Ils savent bien que l’article 39 du Code du travail dit que le transfert se fait dans ce cas-ci avec les contrats des travailleurs. Donc si c’est le fait que Petrofa a racheté Mobil, personne ne sera mis à la porte. Mais, par exemple, prenez cette grève illimitée que certains ont entamée, cela nous a empêché de faire des livraisons ce matin (NDLR : hier 18 mai). Chacun doit enlever son blouson Mobil et porter celui de Petrofa-Mobil.

Nous sommes des investisseurs et nous sommes guidés par le souci de la rentabilité. Le personnel doit aider à cela. C’est l’emploi qui garde l’employé.

Interview réalisée par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

Communiqué commun : Petrofa SA acquiert Mobil-oil Burkina

Ouagadougou, 17 mai 2004. L’acquisition par Petrofa SA de Mobil oil Burkina a pris effet à compter du 17 mai 2004. "Nous tenons à remercier le personnel de Mobil oil Burkina pour ses nombreuses contributions et lui souhaitons plein succès avec Petrofa" a déclaré John Bell, directeur régional d’Exxon Mobil pour l’Afrique et le Moyen-Orient. "Nous tenons à rassurer les employés, les clients et les partenaires de Mobil oil Burkina quant à la continuité des activités de la société.

Nous promettons de faire de notre mieux pour les satisfaire davantage et nous nous tenons à leur disposition pour qu’ensemble nous allions de l’avant" a déclaré Mahamadi Savadogo, administrateur général de Petrofa SA.

Contacts média : Mobil oil : Didier Lutsen +32 2 722 44 87 (Belgique)

Petrofa SA : Mahamadi Savadogo +226 50 33 31 35 (Burkina Faso)

L’Observateur

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