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Foyers et restaurants au sein des services à Ouagadougou : Pertinence et rentabilité d’une activité

Publié le mardi 14 août 2007 à 07h44min

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Les foyers et les restaurants au sein des services permettent aux agents et usagers de s’alimenter sans parcourir de grandes distances.

Pour en savoir plus, une équipe de Sidwaya s’est rendue au foyer de la Direction générale de la police nationale (DGPN), celui de la Direction de la promotion de l’éducation des filles (DPEF) et au restaurant sis à côté du ministère de la Culture, du Tourisme et de la Communication (MCTC).

Il est 12 h 30 mn le mercredi 8 août 2007, lorsque nous arrivons au restaurant "le Goûter" situé au sein de la Direction de la promotion de l’éducation des filles (DPEF). Des clients sont déjà à table. Serveuses et cuisinières s’activent à être à la hauteur de l’attente des uns et des autres. Victorien Ganglia, enseignant à l’Université de Ouagadougou qui s’y restaure, apprécie : "Je trouve le cadre agréable, propre et un peu caché".

Sur la même table que lui, Micheline Ouédraogo, elle, évalue le plat à elle servi : "Le plat, qualitativement et quantitativement, est relativement moins cher (300 F CFA)". Comme ces deux clients (Victorien et Micheline), nombre d’autres travailleurs recourent aux restaurants et foyers de proximité pour calmer leur faim et attendre la reprise du boulot l’après-midi.

Les raisons de cet état de fait se résument à des questions économiques dues aux frais de déplacement. Mais aussi, à des questions d’ordre pratique (souvent la distance du service au domicile rend le parcours fatiguant pour certains). Arouna Ouédraogo du ministère en charge de la Culture que nous avons trouvé au foyer de la Direction générale de la police nationale (DGPN) atteste : "C’est plus pratique voire plus économique pour certains de se restaurer à proximité de leur lieu de travail et attendre la reprise".

Selon les travailleurs de la DGPN trouvés dans leur foyer, la particularité est qu’ils n’ont pas d’heure de descente du fait qu’une fois de service, ils peuvent être envoyés en mission à tout moment. Pour cela, "Il nous est difficile de rentrer à la maison et revenir au service", ont confié des agents de police qui ont préféré garder l’anonymat. "Le Goûter" est géré par Marie Somda. Elle dit employer 6 personnes et alloue 25 000 F CFA au service qui lui a donné l’espace pour son activité.

Djénéba Bâ dont le restaurant est sis à côté du ministère de la Culture, du Tourisme et de la Communication (MCTC) emploie trois personnes sollicitées pour satisfaire sa clientèle. Esthel Sawadogo du foyer de la DGPN, elle, emploie 5 jeunes filles.

La paie mensuelle de ces employeurs tourne dans les trois cas, autour de 15 000 F CFA en sus de quelques petits dons. Dégageant chacune un bénéfice moyen journalier d’environ 15 000 F CFA, les patronnes affirment toutes être à même de faire face aux contraintes financières de leur activité et celles de leur famille : "Avec les retombées de mon activité, je m’occupe de mon enfant", a confié Marie. Esthel, elle, dit satisfaire tous ses besoins à partir de ce qu’elle fait.

De l’avis des trois dames, la restauration nourrit son homme. De plus, elles disent s’y adonner par amour pour ce métier : "Je suis comptable de formation, mais c’est la restauration que je fais", a révélé Djénéba Bâ. Les difficultés qu’elle rencontre vont de l’instabilité des employés à la mesquinerie de certains clients. Toutefois, les restauratrices nourrissent diverses ambitions. Pendant que Djénéba et Esthel comptent varier leur menu, en ajoutant des spécialités aux plats traditionnels (tô, riz, haricot, soupe) qu’elles vendent déjà, Marie rêve de créer un grand restaurant moderne.

Si ces restauratrices affirment tirer profit de leur activité, elle n’en sont pas les seules bénéficiaires.
Leur travail dépend de la disponibilité des travailleurs en leur permettant de s’alimenter sur place sans trop se dépenser. De plus, les services traiteurs de ces restaurants perçoivent des frais de location qui varient entre 15 000 F CFA et 25 000 F CFA de l’avis des restauratrices. Et ce n’est pas tout. Esthel et ses deux "collègues" emploient 14 jeunes dans le cadre de leur activité.

Même si les retombées financières de ce travail n’éloigne pas totalement "le besoin" à ces jeunes, elles ont le mérite de leur épargner "l’ennui et le vice". Ils affirment tous manger chez leur "patronne" et bénéficier de leur appui en cas de maladie ou d’autres petits bobos. "Je travaille avec Marie il y a un an. Elle s’occupe bien de nous. Je vais rester avec elle jusqu’à ce que j’aie les moyens de m’installer à mon propre compte", a confié Aimée, une serveuse au restaurant "le Goûter".

Abdoulaye SERE
(Stagiaire)


Des initiatives à encourager

Il n’est pas rare de voir des jeunes, diplômés ou non, prétextant le manque de travail assis autour du thé à longueur de journée et s’adonnant à des jeux de société et ne se déplaçant qu’en fonction de la position de l’ombre des arbres. Ces jeunes ne sont certes pas à féliciter. Mais, il y en a qui font pire. Il s’agit de ceux-là qui dorment toute la journée, pour commencer leur "travail" une fois la nuit tombée.

De travail en fait, il est fait allusion à la prostitution et au brigandage selon les penchants et les moyens des pratiquants. Par contre, ils sont à encourager les jeunes qui, refusant la voie de la facilité, travaillent durement pour vivre à la sueur de leur front. C’est le cas de ces jeunes (serveurs, plongeurs que nous avons vus travaillant courageusement chez des restauratrices visitées, pour acquérir honnêtement leur revenu, si derisoire soit-il.

Il en est de même des 3 restauratrices elles-mêmes, que nous avons rencontrées se battant pour occuper la place qui est la leur dans la société et faire face à leur responsabilité. Comment ne pas particulièrement féliciter celle-là qui a une formation en comptabilité et qui, au lieu de se tourner vers la fonction publique, s’installe à son propre compte dans la restauration ? Aujourd’hui, elle fait des envieux.

A.S.

Sidwaya

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