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Flambée des cours du blé : Le prix du pain augmentera si...

Publié le lundi 13 août 2007 à 07h20min

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Morceaux choisis dans le Marcket Report de CEREALIS : Au Maroc, les cours du blé tendre flambent sur le marché mondial et les minotiers se rabattent sur les stocks des semences. La prochaine saison agricole sera difficile. Le prix du blé sur le marché international s’inscrivait à la hausse ces dernières semaines (...).

A l’heure où le pouvoir d’achat est l’une des préoccupations majeures des ménages sénégalais, une vague inflationniste est à craindre d’ici septembre. Et le consommateur va de nouveau devoir se serrer la ceinture pour acheter du pain, des pâtes alimentaires, etc.

Partout dans le monde, la situation diffère très peu de celle du Maroc et du Sénégal, et avec la flambée du coût du blé, des transports, des hydrocarbures, du fret maritime, de la baisse du cheptel laitier, et la modification des mécanismes d’aide européens (subventions), etc., on commence à craindre qu’au Burkina le prix du pain augmente un jour, à l’instar de celui de l’essence, du pétrole ou du gasoil.

"Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front." Ainsi s’énonce un adage célèbre, accepté comme valeur de conduite par tous les hommes travailleurs, soucieux de gagner honnêtement leur vie. Mais sur le terrain, et au sens propre, le pain quotidien est gagné de plus en plus difficilement, compte tenu de certains facteurs connus sous le qualificatif "vie chère". Bientôt, le pain lui-même, cet aliment de base de presque toutes les populations à travers le monde, risque de subir une augmentation de prix si les tendances de forte demande en blé demeurent inchangées.

En effet, la croissance démographique, la modernisation et la mondialisation entraînent une grande consommation de pain, de farine de blé et d’autres produits qui en sont les dérivés, notamment les pâtes alimentaires. L’Asie, plus peuplée que les autres continents, est en première ligue dans la consommation de pain et de farine de blé. Cette tendance est très ostensible en Chine et en Inde où, malgré la mécanisation poussée de l’agriculture, l’offre en la matière reste très en deçà de la demande.

Plus rien ne va

D’un autre côté, les Etats-Unis et l’Europe subissant les conséquences des caprices climatiques n’arrivent pas à faire face à cette forte demande. C’est aussi le cas de certains pays africains étroitement tributaires de la production venue d’ailleurs, les fameux produits importés. A ce titre, le Burkina n’échappe pas à cette augmentation constante du cours du blé sur le marché mondial. Les minotiers et les boulangers ont commencé à passer des nuits blanches, travaillant pour la plupart à perte depuis un certain temps. De janvier 2007 à ce mois d’août, le coût du blé a connu une hausse exponentielle. "ça ne fait que monter et bientôt nous n’en pourrons plus", confie, amer, un opérateur économique. Comme les hydrocarbures, le blé connaît un renchérissement difficilement maîtrisable.

Au Sénégal, l’Etat a dû autoriser en début décembre 2006 une hausse sur le prix de la farine et du pain, selon le Market Report de CEREALIS. Mais les boulangers sénégalais ne paient plus de TVA. S’ils ne sont pas encore soumis à ce genre de régime conjoncturel, les minotiers et boulangers burkinabè pensaient que les prix du blé et de la farine chuteraient ou, tout au moins, se stabiliseraient avec la nouvelle récolte.

Malheureusement, les conditions climatiques qui se détériorent de jour en jour n’arrangent pas les choses. En France, les preuves constituent un préjudice lourd, particulièrement pour les producteurs de blé qui sont dans la saison des pleines récoltes. Pendant ce temps, la hausse du prix du baril de pétrole favorise les initiatives pour la production du biocarburant. Dans cette logique, d’immenses surfaces initialement destinées à la culture de blé servent maintenant à celle de céréales comme le maïs, le colza ou autres, avec lesquels on fabrique du biocarburant.

Tous les pays sont menacés, tout comme ils vivent dans la hantise de la hausse du baril du pétrole. A ce rythme, le prix de la farine de blé et par ricochet celui du pain et des pâtes alimentaires augmenteront inéluctablement, si ce n’est déjà le cas, ont estimé des spécialistes en économie. "Ce sera comme le carburant, quand ça flambe, ça flambe." Et les stocks mondiaux de sécurité en blé sont au plus bas, vu que la production est faible par rapport à la demande.

Une fois de plus, le consommateur sera contraint de trinquer, à moins que l’Etat prenne la mesure des choses et mette en place un dispositif approprié pour sauver les populations de cette autre difficulté qui frappe déjà à la porte des ménages burkinabè. La suppression de TVA pour les boulangers, une baisse conséquente des droits de douane et autres frais prélevés sur le blé à son entrée sur le territoire, une souplesse dans l’imposition, etc., pourraient constituer des solutions. Mais, l’Etat pourra-t-il dans ce cas, en supporter le poids à long terme ?

Si c’est dur ailleurs dans le monde, ça l’est davantage pour le Burkina, pays sahélien enclavé, sans ouverture sur la mer, essentiellement agricole et dépendant encore sérieusement des aléas climatiques. Si l’on en croit le président de la ligue des consommateurs du Burkina dans un entretien à la télévision nationale, à cause de ce coût de plus en plus élevé de la farine, conséquence de la faible production de blé, certaines boulangeries utilisent de la farine de mauvaise qualité pour fabriquer le pain. Ce comportement à condamner risque d’entraîner des problèmes de santé publique, vu que le pain sert d’aliment de base au Burkina.

Selon CEREALIS, les acteurs s’accordent sur une chose : une situation catastrophique pointe à l’horizon à la mi-août et début septembre prochains. "Si les prix ne changent pas, meuniers et boulangers travailleront à perte." "Avec un septembre noir, les meuniers répercuteront, dans la mesure du possible. Et les boulangers feront de même en prenant en compte l’augmentation générale de leurs charges. Quant au consommateur, en bout de chaîne, il constatera." Telle est la sentence de CEREALIS, qui affirme avec dépit que selon la Banque mondiale, " une hausse de 40% du blé, du riz ou du maïs représente une baisse de 6%, voire plus, du revenu des ménages les plus pauvres dans certains pays". Aujourd’hui la miche de pain coûte 120 FCFA. Si le blé continue à danser le yo-yo à la Bourse, combien le consommateur devra-t-il débourser demain pour avoir son pain quotidien ? Question sans réponse pour l’instant.

Par Morin YAMONGBE

Le Pays

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