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Situation nationale : faut-il croire que tout va bien ?

Publié le lundi 10 novembre 2003 à 07h25min

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Il est quelque peu curieux de voir dans l’éditorial du quotidien national, une longue diatribe contre les dérives de l’opposition avec un ton véhément et partial comme une mère défendant son fils.

Je pense que le rôle d’une opposition dans une société démocratique est de créer les conditions de réalisation d’une alternance et naturellement, d’œuvrer au plan social, politique et économique pour que les idées qu’elle défend au nom du peuple trouvent à s’exprimer et à être représentées dans les institutions de la république.

Peut-on reprocher à l’opposition burkinabè de s’emparer des sujets que la situation nationale lui apporte sur un plateau ? Mieux, peut-on lui tenir grief de faire valoir son esprit critique et d ’adopter une attitude différente de celle du pouvoir ? Peut-on par exemple lui reprocher sa réserve à propos de la tentative présumée de putsch alors que sa position de réserve reflète tout simplement l’attitude que devrait avoir toute opposition respectueuse des lois et partant, de la présomption d’innocence ?

Au stade actuel, l’opposition tout comme l’opinion publique nationale et internationale attendent qu’on leur présente des charges pour pouvoir mieux cerner les contours de la présumée réalité de ce putsch. Pour d’évidentes raisons de stratégie, l’auteur de l’éditorial emploie indifféremment les termes présumé et avéré, susceptibles de créer la confusion dans l’opposition et la société civile qui du reste, sont pour l’instant, exempts. De même, c’est sans doute sous l’effet de quelqu’amnésie qu’on dénonce une surmédiatisation de l’affaire Liermé Dieudonné Somé.

Pourtant, ce dernier n ’a-t-il pas succédé à un certain feu Norbert Zongo décédé à la suite de ses investigations à propos d ’affaires touchant l’exercice du pouvoir ? N’en déplaise à certains, si d’aventure la surmédiatisation qu’ils dénoncent permettait de sauver une vie en danger, qui de la société civile ou de l’opposition ne se satisferait pas d ’avoir participé à ce concert de protestation et de mise en garde par ailleurs salutaire ? (se rappeler la crise multiforme consécutive au drame de Sapouy qu’a connue le pays). Dans des histoires du genre, l’expérience a montré qu’il valait mieux prévenir que guérir.

Mais pendant que certains tentent de ridiculiser l’opposition, d’autres amusent la galerie avec le mois de la solidarité. En effet, que peut apporter à la cohésion sociale, ce show politico-médiatique absurde qui consiste pour les puissants, à donner des miettes de leurs fortunes pour soi-disant enrayer la misère du peuple ? On est aujourd’hui rendu à cette situation où incapables malgré tous les pouvoirs qu’ils accaparent d’engager une véritable lutte contre les racines de la pauvreté et pour le développement durable (profitable au plus grand nombre), il ne leur reste plus d’autre alternative que de mettre la main à leur porte-monnaie personnel pour en tirer quelques petites pièces qui de toute façon, laisseront toujours ceux qui les recevront dans leur état originel de pauvreté.

Pourtant la Bible dit qu’il vaut mieux apprendre à pêcher le poisson plutôt que de le donner. Comparé à la timidité de cet élan de solidarité, on est surpris par les sommes à collecter dans le cadre de l’initiative nationale de soutien aux Etalons. Sans doute que pour le sport, les enjeux politico-médiatiques sont-ils beaucoup plus cruciaux et justifient-ils que le pouvoir demande aux opérateurs économiques des sacrifices qui leur vaudront une reconnaissance du Président du Faso.

Pour tous les acteurs de la société civile qui accompagnent les populations touchées par les effets de la pauvreté, cette disproportion n’a qu’un seul sens : pour le prince au pouvoir et sa cour, la pauvreté est un fait acquis contre lequel ils ont tout simplement renoncé à lutter au profit d’une politique de divertissement (sport et loisirs) et de prestige (projet ZAKA, Ouaga 2000 et consorts par exemple) qui malheureusement, est loin de trancher d’avec les préoccupations du Burkina Faso.

Pour ceux qui prétendent que l’opposition se complaît dans des dîners de gala et qui lui proposent de changer son fusil d’épaule dans l’intérêt supérieur du peuple burkinabè, n’est-ce pas là l’occasion d’ouvrir grandement et consciemment les yeux et de se demander qui de l’opposition et du pouvoir, a ouvert le bal ?

Evariste Faustin KONSIMBO
Président du Cercle d’éveil


NDLR : L’association qui se veut de culture civique et de défense des droits humains et sociaux (CEDEV) a usé de son droit. Les "assauts" répétés contre le quotidien national (Sidwaya) est la preuve que nous dérangeons une certaine opinion. Mais en fait, l’association (CEDEV) est-elle politique ou apolitique ? Certes qu’on nous fendra d’une rhétorique d’un apolitisme qui pue la "clochardisation" intellectuelle. Pour être critique, l’association doit savoir que son "mentor", de l’ombre qu’il veut défendre par des raccourcis est la preuve de cette irresponsabilité que nous dénonçons.

Dans ce pays, "on se sait", dixit Nobert Zongo. Pour le reste, le peuple appréciera. Un conseil amical tout de même. L’association (CEDEV) doit éviter de toujours "botter" en touche face aux questions nationales. Les hommes passent, mais le Burkina demeure. Il en sera ainsi pour le quotidien de tous les Burkinabè : Sidwaya.

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