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Adoption de la résolution 1769 de l’ONU : Une aube nouvelle au Darfour ?

Publié le jeudi 2 août 2007 à 07h41min

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Voilà qui est fait. Et les populations avaient depuis espéré son avènement : la résolution 1769 de l’ONU est désormais une réalité sur le papier. Et il reste le gros morceau, sa concrétisation sur le terrain, c’est-à-dire le théâtre des opérations. Cela ne nous empêche aucunement de saluer cette résolution qui a vraiment du répondant !

Voilà en un mot comment on pourrait qualifier la courageuse décision du Conseil de sécurité de l’ONU qui, mardi dernier, a adopté la résolution 1 769 autorisant le déploiement de quelque 26 000 soldats et policiers au Darfour.

Une très grande lueur d’espoir pour les centaines de milliers de réfugiés et autres déplacés qui peuvent maintenant commencer à parler du début de la fin de cette guerre presque oubliée. C’est dire qu’avec cette résolution, le bout du tunnel n’est plus cette ligne imaginaire où le ciel et la terre semblent se toucher.

En effet, depuis l’éclatement de cette très sanglante crise en 2003, les différents textes adoptés par l’ONU et l’Union africaine (UA) n’ont pas été d’un grand secours pour les populations civiles de cette province soudanaise où les Djandjawid sèment la terreur en pillant, violant et brûlant tout sur leur passage.

Reléguée jusqu’à récemment dans les conflits oubliés et n’intéressant pas véritablement la communauté internationale, la guerre du Darfour a commencé à compter parmi les crises qui préoccupent le monde. Un intérêt certainement suscité à cause des conséquences néfastes que cette crise a eues sur certains pays, principalement le Tchad d’Idriss Deby Itno.

Cette espèce de no man’s land a été utilisée comme base arrière par différents mouvements rebelles cherchant à casser du Bozizé et du Deby à la fois.

Cette situation a fini par détériorer dangereusement les relations entre le Soudan et le Tchad qui s’accusent depuis, à tour de rôle, d’actions déstabilisatrices et de soutien aux rebelles l’un de l’autre. Les deux Etats étaient même à un moment donné entrés en situation de belligérance.

Pour faire baisser la fièvre, N’Djamena et Khartoum avaient accepté le déploiement de quelque 7 000 soldats de l’UA. Mais la situation dans cette partie du Soudan ne connaissait aucune amélioration notable.

Mal équipés, sous-financés, mangeant presque de la vache enragée, ces soldats n’ont jamais eu les moyens d’une vraie action efficace surtout même que la résolution du Conseil de paix et de sécurité de l’UA ne leur donnait pas assez de pouvoir pour agir. Conséquence, ils ont été impuissants à enrayer les expéditions punitives des Djandjawid, ces supplétifs de l’armée soudanaise, contre d’innocentes populations civiles.

Depuis, il était question que l’ONU entre en scène pour sauver les civils qui peuvent l’être encore. Seulement, le Soudan ne voulait pas en entendre parler, refusant tout déploiement d’un quelconque casque bleu à ses frontières.

Dans cette position, Khartoum a toujours bénéficié du soutien presque tacite de la Chine, qui lorgne le pétrole soudanais et pour qui le respect des droits de l’homme n’est aucunement une préoccupation majeure. Un soutien qui, malheureusement, a permis à Omar El Béchir de retarder le plus longtemps possible une intervention salvatrice de l’ONU.

C’est ce qui fait que l’adoption même de la résolution 1 769 est un grand événement, surtout que mention est faite des dispositions du chapitre VII de la charte de l’ONU, qui autorise le recours à la force si jamais une partie réfractaire à la paix entreprenait de bloquer l’application de la résolution.

Mais il ne faut pas trop vite crier victoire. Il reste encore à mobiliser les 26 000 soldats et policiers de cette force hybride (ONU-UA) et les deux milliards de dollars nécessaires à son financement. Ce n’est donc pas une bataille de remportée même si on sait qu’avec la grande notoriété dont jouit l’organisation onusienne, trouver cette somme est loin d’être la mer à boire.

Reste à gagner la guerre dans les mois à venir puisque la force, si aucun obstacle ne venait perturber l’agenda, ne pourra être déployée avant décembre 2007, car de nombreux problèmes sont à résoudre comme la cruciale question de l’eau.

Après avoir longtemps résisté, le Soudan a fini par plier l’échine devant les exigences françaises, américaines et britanniques. Il faut maintenant espérer que Khartoum jouera le jeu jusqu’au bout pour permettre de sauver des milliers de civils. Pourvu que son mentor, la Chine, s’en tienne également à cette résolution en favorisant son application.

La communauté internationale doit faire en sorte que la bouée que constitue cette résolution pour les populations brimées et violentées se concrétise.

C’est vrai que déployer 26 000 hommes sur ce théâtre d’opérations n’est pas une partie de plaisir, mais il faut que l’ONU et l’UA tiennent bon.

Rien de grand ne s’acquiert aussi facilement. Et pour cela, Rodolphe Adada, le représentant de l’ONU et de l’UA au Darfour, se doit de mouiller un peu plus le maillot pour qu’enfin la paix revienne dans cette partie de l’Afrique.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga,

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