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Dépenses militaires : forte croissance du commerce mondial des armes

Publié le mardi 31 juillet 2007 à 07h55min

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En 2006, les dépenses militaires mondiales ont augmenté de 3,5%, atteignant 1.204 milliards de dollars (873,4 milliards d’euro).

Le 11 juin dernier, l’Institut international de la recherche pour la paix SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute), fondé à Stockholm en 1966, a publié son dernier rapport annuel, offrant un large panorama de la situation en termes d’armements et de sécurité mondiale. L’analyse du P. John Flynn, L.C, publiée par Zenit.org

Considérant l’augmentation de l’année dernière, la dépense militaire mondiale a augmenté de 37% en dix ans (1997-2006). Le SIPRI constate également une augmentation du commerce mondial des armes conventionnelles, qui enregistre une hausse de 50% par rapport à 2002.

Pour Elisabeth Sköns, expert du SIPRI, « il convient de se poser la question de la rentabilité des dépenses militaires comme moyen d’augmenter la sécurité des vies humaines, si l’objectif est de sauver ou de protéger des personnes dont la vie est aujourd’hui menacée par les dangers actuels ».

« Nous savons par exemple que des millions de vies pourraient être sauvées avec des interventions sanitaires de base ne coûtant qu’une fraction de ce que le monde dépense pour les forces armées chaque année », affirme-t-elle dans un communiqué de presse joint à la publication du rapport.

Le rapport relève un déséquilibre dans la distribution des dépenses militaires à travers le monde. En 2006, 15 pays ont couvert à eux seuls 83% du total mondial des dépenses. Les Etats-Unis ont dépensé 528,7 milliards de dollars (383,5 milliards d’euros), un chiffre en nette hausse et dû aux opérations militaires en Afghanistan et en Irak.

Concernant la Chine, le rapport constate une croissance accrue des dépenses en 2006, avec un chiffre estimé à 49,5 milliards de dollars (35,9 milliards d’euros) qui dépasse pour la première fois celui du Japon estimé à 43,7 milliards de dollars (31,7 milliards d’euros), la Chine se classant ainsi en quatrième position dans la liste des pays ayant le plus de dépenses militaires au monde.

Le Japon a en effet diminué ses dépenses l’année dernière pour la cinquième année consécutive. L’Inde s’est, quant à elle, stabilisée en troisième position par rapport aux autres pays d’Asie, avec 23,9 milliards de dollars (17,3 milliards d’euros).

Augmentation des ventes

Les ventes d’armes des 100 principales entreprises d’armement (données de 2005) ont augmenté de 3% par rapport à 2004, et de 18% par rapport à 2002. Les industries américaines sont en tête avec 40 compagnies qui couvrent 63% des ventes, avec une enveloppe de 290 milliards en 2005.

32 entreprises ouest-européennes couvrent 29% des ventes et 9 sociétés russes 2%. Les 6% des ventes mondiales d’armements restantes sont attribués à des compagnies ayant leur siège au Japon, en Israël et en Inde, dans un ordre décroissant.

D’après le rapport du SIPRI, le coût élevé des nouveaux systèmes d’armements constitue un facteur déterminant dans l’évolution de la production d’armements. En effet, l’augmentation croissante de leur coût ne permet en général pas aux gouvernements de maintenir les niveaux actuels de dépense.

Concernant l’exportation mondiale, les Etats-Unis et la Russie sont les deux plus gros fournisseurs des principales armes conventionnelles, chacun comptant pour près de 30% des livraisons mondiales d’armements lourds entre 2002-2006. Les exportations de l’Union européenne ne couvrent que 20% de la production d’armements. La Chine et l’Inde figurent en première et deuxième position dans la liste des 10 principaux pays importateurs d’armes, où figurent également cinq pays du Moyen-Orient.

Le rapport signale également une augmentation en 2006 des exportations d’armes à l’intention de groupes rebelles, et relève un manque de transparence certain dans les activités. Malgré certaines améliorations enregistrées dans les années 90, concernant notamment la qualité et la fréquence des rapports nationaux sur les exportations d’armes, plus aucun progrès n’a été enregistré ces dernières années dans ce domaine.

Préoccupations nucléaires

La situation relative aux armes nucléaires est inquiétante, relève le rapport. En octobre 2006, la Corée du Nord a procédé à un essai nucléaire, faisant exploser sa première bombe atomique. Les années passées, Pyongyang effectuaient déjà des tests de missile balistique. L’Iran, quant à lui, a mis fin à la suspension volontaire de son programme d’enrichissement d’uranium.

En ce qui concerne les armes chimiques, l’année butoir (2012) fixée par la convention pour la destruction totale de tous les stocks d’armes de ce type risque de ne pas être respectée par tous les Etats.

Quant aux armes biologiques, le rapport relève un engagement constant en termes d’amélioration des contrôles et des réponses, et une poursuite des négociations sur les mesures de non prolifération et de désarmement. Cela dit, il est encore difficile pour le public d’avoir des informations fiables concernant les programmes d’achat, de développement ou d’utilisation de ces armes.

Le Rapport SIPRI 2007 fait par ailleurs état de la poursuite des négociations sur le contrôle et la réduction des armes conventionnelles, mais ne relève aucune avancée significative en la matière. Il note cependant une augmentation positive du nombre des Etats qui adhèrent à la Convention de 1997 sur les mines antipersonnel et se réjouit de voir les Etats s’intéresser de plus en plus au travail que les missions humanitaires déploient pour tenter d’enrayer les conséquences du fléau que provoquent de telles « armes inhumaines ».

Poursuivre les efforts

L’année dernière, les représentants du Vatican sont intervenus plusieurs fois à la tribune des Nations Unies pour faire valoir la position de l’Eglise sur les armements.

Le 6 octobre dernier, Mgr Celestino Migliore, Observateur permanent du Saint-Siège, a parlé face à la première Commission de l’Assemblée générale chargée du dossier ‘désarmement et sécurité internationale’.

Il a fait remarquer que beaucoup d’efforts réalisés pour assurer le contrôle des armements avaient échoué. Par exemple, les rencontres de l’été dernier sur le thème des armes légères n’ont produit aucun résultat concret et le coût des dépenses militaires continue d’être élevé.

« Trop souvent, les débats sur les armes légères et sur les armes nucléaires sont menés de manière trop abstraite, basés sur des préjugés. On note une absence de bonne volonté pour apprendre », avait dit Mgr Migliore.

Il avait toutefois remarqué une diminution du nombre des conflits entre les Etats, et une bonne efficacité des interventions menées par les forces de maintien de la paix, dans beaucoup d’endroits, pour tenir les guerres sous contrôle. Le représentant du Saint-Siège avait ensuite invité les Nations Unies à poursuivre leurs efforts de dialogue en termes d’armements, insistant en particulier sur l’urgence de prendre des mesures de surveillance concernant la prolifération des armes nucléaires.

Quelques jours plus tard, le Conseil pontifical Justice et Paix publiait une déclaration exprimant son soutien à une résolution de l’ONU sur le contrôle international du commerce et du transfert des armes conventionnelles.

Dans son communiqué, daté du 10 octobre, le Conseil pontifical déplorait les millions de personnes mortes, ces dernières décennies, à cause de l’utilisation de ces armes conventionnelles durant les conflits. Il existe en effet - avait-il souligné - peu de contrôle sur les ventes de ces armes et aucun système efficace de monitorage sur leur commerce.

« Les armes ne peuvent être considérées comme un bien quelconque pouvant être échangé sur le marché global, régional ou national », affirme la déclaration. « Leur possession, leur production et leur commerce ont de profondes implications éthiques et sociales. Elles doivent être réglementées en accordant une juste attention aux principes spécifiques d’ordre moral et légal », exhortait le Conseil.

Sur la question des armes nucléaires, à signaler également une intervention de Mgr Michael W. Banach lors d’une rencontre des Nations Unies, le 1er mai dernier à Vienne, sur le thème de la révision du Traité de non prolifération relatif à ce type d’armes.

Mgr Banach avait souligné l’importance du désarmement et celle de la non-prolifération des armes nucléaires, non seulement par opposition au terrorisme nucléaire, mais comme moyen fondamental pour arriver à réaliser « une culture de vie et de paix capable de promouvoir de manière efficace le développement intégral des peuples ».

« La vérité de la paix exige que tous - tant les gouvernements qui sont ouvertement ou secrètement en possession d’armes nucléaires, que ceux qui ont en programme de les acheter - décident clairement et fermement de changer de route et de lutter pour un désarmement nucléaire progressif et concerté », affirmait Mgr Banach. Aux vues des derniers résultats concernant la vente des armes, atteindre cette vérité de paix reste un objectif très difficile mais il est tout aussi urgent de pouvoir l’atteindre.

Zenit.org

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