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Logements sociaux au Burkina : Un début de réponse à la forte demande

Publié le jeudi 26 juillet 2007 à 08h02min

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10 mille logements sociaux et économiques. Le gouvernement, le Premier ministre en tête, a lancé l’opération en grande pompe le 24 juillet dernier. Enfin ! est-on tenté de dire. Et le Burkinabè lamda se remet à rêver d’un "chez-soi", aspiration somme toute légitime. Auparavant, il y avait un obstacle majeur à la concrétisation d’un tel rêve : le coût exorbitant des loyers proposés par les promoteurs immobiliers privés.

Les citoyens aux petits revenus se contentaient jusque-là d’une baraque dans un "non-loti" ou de vivre en location où près de la moitié du salaire est consacrée au loyer. Une vraie saignée financière. Ceux qui tentaient de construire par eux-mêmes le faisaient brique après brique avec quelquefois le risque de ne jamais achever l’ouvrage. Combien de chantiers sont restés en jachère dans les communes ? Combien de terrains ont été abandonnés par des propriétaires plus préoccupés à survivre qu’à investir dans un logement ? Le yoyo observé sur les prix des matériaux de construction n’est pas fait pour encourager le boom de l’habitat privé.

Le gouvernement a donc ouvert une brèche dans sa politique du logement en permettant à une frange de la population de devenir propriétaire. C’est une possibilité supplémentaire pour se loger.

En attendant les premiers propriétaires de ce nouveau programme, on peut entrevoir la fin d’une certaine forme d’exclusion et cela est tout à l’honneur du gouvernement. Selon les chiffres officiels, ils sont 54 000 dans le public et plus de 100 000 salariés dans le privé en quête de leur première habitation. Le programme répond donc à un besoin pressant.

Il faut espérer également que ce programme fera baisser la spéculation foncière dans les grandes villes. L’urbanisation galopante a développé le phénomène des habitats spontanés qui enlaidissent la cité. Et le code de l’urbanisme adopté en 2006 vise à mettre de l’ordre dans le secteur. Il s’agit donc de maîtriser le développement urbain de nos cités. Ainsi, les maires de nos communes verront la pression baissée sur leurs chantiers de lotissement, devenus au fil des années une véritable caverne d’Ali Baba pour des individus en mal d’enrichissement illicite.

On a vu également que la forte demande sociale en logement a engendré une inflation du loyer jamais enregistrée dans notre pays. Dans ce contexte, les spéculateurs et les faussaires de tous acabits n’ont pas hésité un seul instant à plumer d’honnêtes citoyens en quête d’une parcelle pour y bâtir leur maison d’habitation. Cela dit, sur les conditions de la location-vente proposées par la CEGECI, on peut trouver à redire.

20 ans pour devenir propriétaire, c’est peut-être long, mais c’est mieux que rien du tout. Il est vrai que le plafond de 100 mille francs pour les salariés qui vont y prétendre couvre plus de 80% des travailleurs du Burkina. Cela traduit l’idée de ne laisser personne sur le bas-côté puisque concerant la majorité des Burkinabè. Un calcul rapide sur la base des 6 millions sur 20 ans donne une mensualité de moins de 25 mille F CFA. Que veut le peuple ? De l’eau, du pain et un toit pour se loger.

Dans le principe, le coup est jouable. Mais, on est au Burkina et l’expérience a montré que la mise en oeuvre pratique des programmes a souvent été déviée de son objectif initial. On se souvient encore de l’amère expérience des tracteurs pour les paysans. Ils sont donc nombreux, les Saint Thomas dans notre pays.

Le gouvernement est donc attendu sur le respect du cahier des charges. Faire bénéficier ces logements aux plus nécessiteux et ne pas céder à la tentation de faire profiter les amis et les môgô-puissants. Le gouvernement devra constamment garder ce cap. En affirmant solennellement que ceux qui sont déjà propriétaires d’une maison ou d’une parcelle sont exclus de l’opération, il surprend agréablement. Toutefois, on se demande comment les services techniques vont trier le bon grain de l’ivraie.

Autre inquiétude légitime : la qualité des travaux. Les services techniques devront y veiller scrupuleusement pour ne pas faire de la contre-publicité au programme. Il serait terriblement insultant pour les nouveaux propriétaires de constater que les travaux diligentés n’ont pas été faits dans les règles de l’art. Un logement social, aussi modeste soit-il, doit être conforme aux règles de sécurité en matière de construction.

En Côte d’ivoire et au Mali, la politique de l’habitat à loyer modéré pour les ménages modestes est un succès. Le Burkina ne part donc pas du néant et les errements qui vont survenir ne seront pas excusables.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 27 juillet 2007 à 12:48, par Lemarquis En réponse à : > Logements sociaux au Burkina : Un début de réponse à la forte demande

    Assurément une bonne décision gouvernementale . Cela procurerait à 10000 personnes ou ménages un chez soi.

    La problématique du logement se pose avec plus d’accuité chez la frange la plus jeune de la population active dans les deux grandes villes du pays que sont Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, sans négligence de la préoccupation dans les autres villes moyennes. Il s’agit de ces jeunes cadres supérieurs, moyens ou sulbalternes du public comme du privé qui, au regard de leur salaire modeste à se loger et à survenir d’autres multiples besoins vitaux. Le loyer moyen pour un appartement composé d’une chambre et d’un salon dans les deux villes varie 25000 et 30000Fcfa. Le salaire moyen d’un cadre supérieur débutant de la fonction sans aucune indemnité est 95 788Fcfa ; si nous déduisant de salaire la dépnse de loyer de montant 30000Fcfa, il ne lui reste que 65000Fcfa pour se nourrir, se déplacer, se soigner etc. Il lui est fait interdiction de se marier à une femme non salariée, de tomber gravement malade pour une longue période d’hospitalisation, de soutenir financièrement ses parents etc.

    On comprend alors aisemment pourquoi, ces jeunes sans perdre le temps dès leur prise de service, versent dans des comportements indélicats, tels que la course à des postes dits juteux, la coruption, l’affairisme etc. Ce ne sont pas des excuses à plusieurs points de vue, de la la morale encore moins de la loi, mais des justifications tout aussi inacceptables.
    Aussi leur procurer des logements à loyers modérés est très salvateur.

    Si ce projet est à saluer et à encourager , la question qui se pose est de savoir si on pourrait pas faire mieux avec les mêmes moyens ? de mon point de vue, oui.

    En effet les 154 villas couvrent une superficie de terrain de 46 200 m2. En utilisant un terrain de 600m2 (soit deux parcelles), nous pouvons obtenir qutre (4) appartements de 150 m2 chacun à partir d’un immeuble. Supposons que l’on érige sur ce terrain de 600m2 un immeuble R+4 ; nous dégageons 20 appartements de 150 m2 en lieu et place de deux villas F3 dans la configuration actulle du projet.

    Sur les 46 200 m2, nous obtenons 77 immeubles de 20 appartements chacun, soit 1540 appartements.
    Il y a plusieurs avantages à la réalisation des immeubles par rapport aux villas.
    On économise de l’espace tout en réalisant plus de logements. Si dans le meilleur des cas, ces immeubles sont construits en centre ville, ils participent à l’embelleissement de cette dernière. Du cout, on a point besoin de construire des infrastructures complémentaires sanitaires, éducatives, routières, d’adduction d’eau, d’électricité qui sont plus coûteuses que la construction desdits logements sociaux .
    Nos villes s’étendent et ces insfrastructures ne suivent pas toujours, mais pourquoi ?
    Enfin la construction de ces immeubles d’appartements est la polique de logements sociaux dans toutes les grandes villes du monde car, ils entrainent la création d’emplois par le recrutement de concierges et de vigiles pour le gardiennage.

    Franchement on peut réaliser plus de logements sociaux avec économie d’espace et à moindre coût. Les jeunes ne cherchent pas des villas, mais des appartements décents à loyers très modérés pour y loger décemment et dignement.

    JE NE COMPRENDS PAS CE CHOIX ACTUEL DU GOUVERNEMENT.

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