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Rencontre des anciens et nouveaux parlementaires : pour une culture démocratique et républicaine

Publié le lundi 10 novembre 2003 à 07h27min

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Avec le soleil des indépendances, le Burkina à l’instar des autres Etats africains, a pris le pari de construire son avenir politique sur un socle démocratique.

Les conditions objectives d’un tel défi se mesuraient par la maturité d’une classe politique éprouvée par la lutte anticoloniale et surtout, par l’expression d’un pluralisme florissant, illustration d’une vitalité politique. Mais, très vite sous le fallacieux prétexte de bâtir des Etats-nations, le multipartisme a été phagocyté, emporté par l’éclosion des partis uniques qui ont donné naissance aux Etats-partis. Ainsi, la démocratie était mort-née.

La dictature de la pensée unique va s’imposer et triompher. La liberté de penser, de s’organiser, la liberté politique tout court, était déniée au peuple. Cette forme d’oppression sournoise va ouvrir la voie aux excès, au bafouement des principes démocratiques. Et contre cette férule, la résistance politique va s’organiser. Elle viendra à bout du système monopartisant le 3 janvier 1966 en inaugurant une ère politique sombre avec le raccourci des putschs comme solution à nos divergences politiques. Faisant ainsi, du putschisme, l’idéologie des médiocres dans notre pays. Mais cette terreur politico-militaire ne viendra pas à bout de l’aspiration profonde du peuple à la démocratie.

En effet, depuis 1991, le Burkina a engagé un nouveau processus démocratique. Cette nouvelle donne a besoin pour se consolider de la contribution de tous sans exclusive. C’est pourquoi en organisant la rencontre des anciens et nouveaux parlementaires, toutes colorations politiques confondues, dans un contexte où le putschisme rode à nos fenêtres, l’Assemblée nationale (AN), fait preuve d’un sens élevé de culture démocratique. Ce qui manque le plus aux leaders politiques burkinabè, c’est le "bagage" démocratique. Les larmes et les diverses émotions qui ont accompagné ce "jamboree" des élus d’hier à aujourd’hui, marquent une volonté commune d’inscrire définitivement le Burkina dans le concert des nations démocratiques. Le rassemblement de tous ces démocrates et républicains est une réponse cinglante à l’aventurisme politique. Désormais, les "choses" les mieux partagées et qui doivent être aussi les mieux défendues sont la démocratie et la République.

Toute chose qui impose aux parlementaires, le sens de la responsabilité républicaine. N’est-il pas honteux pour une démocratie que de voir des élus du peuple tergiverser sur une condamnation énergique d’un putsch ? Le député doit pouvoir se mettre au-dessus de la mêlée. Son attachement à la démocratie et à la République doit prendre le pas sur son appartenance politique et sur ses ambitions partisanes.

Aucune confusion ne saurait trahir sa conviction républicaine. A moins qu’il ne croit pas à la démocratie. L’Assemblée nationale (AN) vient de donner un signal fort. C’est dorénavant toute la classe politique burkinabè qui est interpellée. Car avec cette initiative, il est permis de rêver. De réaliser ce rêve dans lequel tous les anciens et nouveaux parlementaires et leaders politiques se retrouveront au chevet de ce Burkina malade du putschisme, afin que ce syndrome soit banni de nos mœurs politiques. C’est à partir de cet instant que la patrie des hommes intègres aura fait un bond en avant, vers une véritable culture démocratique qui prépare à une civilisation républicaine.

Par Michel OUEDRAOGO
Sidwaya

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