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Niger : Cette rébellion qui ne dit pas son nom....

Publié le mardi 24 juillet 2007 à 07h58min

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Depuis quelques décades, le désert nigérien est agité par des « mouvements d’humeur » qualifiés de rébellion par les uns et d’actes de vandalisme par les autres. A bien y regarder cependant, surtout avec l’éclairage d’un passé récent, les ingrédients d’une conflagration grandeur nature sont en passe d’être réunis au pays de Tandja Mamadou.

On veut bien croire le président nigérien Mamadou Tandja lorsqu’il affirme que ceux qui s’activent dans le désert nigérien sont des « bandits de grands chemins » avec lesquels le « dialogue des armes » est le plus approprié.

Il reste cependant qu’au regard des actes posés jusque-là par lesdits « bandits », les traiter par dessus la jambe peut se révéler in fine gros de dangers pour le pays, voire la sous-régon avec la porosité des frontières et le « continium » culturel qui existe entre touaregs de la sous-région, avec des plates-formes programmatiques quasi-identiques. Sur le premier point, il vous souviendra que la « rébellion » touarègue a dynamité récemment un camp militaire nigérien avec plus d’une cinquantaine de morts à la clé et de nombreux matériels militaires emportés.

La soudaineté et la précision de l’attaque, de même que la cible sont le fait « d’experts » en maniement des armes et de théories sur la guerre, plus que de vulgaires manants en quête de subsides. Il faut en effet connaître le désert nigérien pour réussir sans anicroches un pareil « coup » qui a quelque peu terni l’image de marque de l’armée nigérienne. On comprend l’ire du président nigérien, colère qui, semble-t-il, l’aveugle au point de refuser, d’après certaines sources, la médiation spontanée proposée par le Burkina Faso pour solutionner ce problème naissant.

Djibrill Bassolé, le ministre burkinabè en charge des Affaires Etrangères qui s’était rendu à cet effet à Niamey, aurait reçu, sinon une fin de non recevoir, un accueil peu enthousiaste des autorités nigériennes. « Je ne négocierai pas avec des bandits », a réitéré Tandja lors de son entrevue avec Bassolé, position qui ouvre la voie à un pourrissement de la situation et à des négociations plus ardues quand les uns et les autres seront revenus à la raison.

Le Mouvement national pour la justice (MNJ) « porte-voix » de la rébellion a, en effet, indiqué sa « résolution » à poursuivre la lutte jusqu’à épuisement, de sa plate-forme politique. Laquelle se décline autour d’une plus grande prise en compte des touaregs dans les projets et programmes de développement, par la valorisation de leur région et la promotion de leurs fils. Rien de nouveau en fait sur les causes de cette nouvelle rébellion qui a cependant la particularité de « naître » à un moment où le Nord malien est sujet, lui aussi à des soubresauts. Si le président Amadou Toumani Touré (ATT) est parvenu à une paix des braves avec « ses » touaregs, la grogne est cependant perceptible dans leurs rangs.

Pour certains radicaux, cette paix laisse les problèmes en suspens et passe par pertes et profits les « intérêts supérieurs » de la « nation » touarègue. Et comme dans le landerneau politique malien, certains inclinent à penser que ATT a négocié « trop vite », le feu couve sous la braise dans le Nord malien. L’étincelle nigérienne pourrait lui donner l’occasion de se rallumer, embrasant du coup toute la sous-région. Bien instruite de cette donne, la diplomatie burkinabè veut circonscrire le danger, d’où cet activisme que des esprits chagrins ont qualifié de « précipité ».

Une analyse qui emprunte à la courte vue et qui ne doit pas décourager le monsieur bons offices burkinabè, pouvoir nigérien et « rébellion » étant condamnés à s’asseoir tôt ou tard à la table de négociations. Le front touarèg ne peut-être vaincu en raison de l’immensité de son théâtre d’opérations où lui seul maîtrise toutes les subtilités géographiques. Niamey devra s’en faire une religion et garder à l’esprit que plus les problèmes perdurent, plus les médiations sont « corsées », avec les rancœurs qui s’accumulent.

Il urge donc d’emprunter le chemin de Ouagadougou pour une thérapie à la hauteur de celle déjà administrée au Niger dans un passé récent.

Boubacar SY

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 24 juillet 2007 à 13:57, par Yamyélé En réponse à : > Niger : Cette rébellion qui ne dit pas son nom....

    Attention ! Si le Burkina a proposé cette négociation au Niger, c’est surtout du fait que notre Président est aussi Président de la CEDAO où il est également chargé des questions de paix dans la sous région. Donc attention Mr Tandja. Vous connaissez certainement l’histoire des touaregs mieux que moi.

    Rappelons-nous que historiquement les tracés des frontières actuelles ont royalement ignoré la grande nation touaregue qui existait bel et bien avant. Si bien que ces derniers se sont retrouvés répartis entre justement le Niger votre royaume, le Mali, la Lybie, l’Algérie et le Burkina. Si au Burkina, en Lybie et en Algérie, la politique de développement ne les a pas ignoré du fait de leur nombre par rapport aux autres, ce ne fut pas le cas au Niger en particulier et au Mali. Les revendications de vos touaregs sont claires et le prouvent.

    Mr le Président du Niger doit arrêter ce faux orgueil et négocier sinon il va perdre toute dignité. Lorsque les autres touaregs vont apporter leurs appuis à leurs frères, l’armée nigérienne sur laquelle compte Tandja ne pourra pas contenir les assauts des touaregs, qui, ne l’oublions pas sont aussi des guerriers redoutables historiquement connus. Mr Tandja ne doit pas oublier qu’il n’est pas très loin du Tchad et que les Goranes ont aussi la même culture que les Touaregs qu’ils pourront aider en cas de besoins, et le Soudan n’est pas loin du Tchad non plus. Mr Tandja, votre pays est sur une ligne droite et rappellez-vous qu’au Tchad, ce sont toujours les Goranes qui ont combattu chaque fois pour faire tomber les gouvernements. Demandez à Habré et Idriss qui sont Goranes. L’histoire du Tchad le montre : un Gorane se ralie ses frères Goranes et vient chasser un Gorane du pouvoir. Il ne faut pas inscrire votre pays dans cette logique. Alors, dire comme Mr Tandja l’a fait qu’en négociant ’’les peuls, les toubous, etc vont aussi revendiquer’’ relève simplement de l’hypocrisie et du racisme nègre. Mr Tandja, il faut négocier, évite la fierté inutile. Ce n’est pas parce que c’est le Burkina qui offre ses bons offices qu’il faut vous dresser sur vos ergots, c’est parce le Burkina est aussi concerné car le Niger est sont voisin. Si vous ne le comprenez pas, au moins Blaise compaoré lui, le comprend. Alors, acceptez ces bons offices SVP.

    • Le 25 juillet 2007 à 18:26, par Lawali W. En réponse à : > Niger : Cette rébellion qui ne dit pas son nom....

      Bonjour à tous !
      J’ai lu le commentaire du camarade Yamlélé et je vais d’ores et déjà vous dire que je ne partage pas ce point de vue. moi, je suis nigerien et à priori donc je connais cette situation mieux que toi et surtout que moi même suis d’origine touarègue. Je te comprend dans ta façon de réagir du fait que les autorités de Niamey n’ont pas voulu de la médiation burkinabé qui à mon avis est "précoce", quand tu traitait la réaction de Tandja "d’orgueil inutile". Mais crois-moi, si cette situation s’avererait être une question d’ordre ethnique ou raciale, les autorités nigeriennes et le MNJ reviendront s’asseoir à Ouagadougou, sous la présidence de Blaise, pour négocier comme ils l’ont fait déjà en 1990 surtout que ce dossier n’est pas étranger à la diplomatie burkinabé.

      Mais, cher ami, laisse-moi te dire que cette revendication du MNJ à demander "plus de justice sociale pour les touarègu" n’est que la partie immergée de l’iceberg. Ce problème est loin d’être une question de la situation des touarègs mais plutôt une question d’intérêt économiques que veulent préserver à tout prix certaines societés industrielles (j’ai nommé AREVA française qui est la seule et unique société detenant un monopole sur l’uranium nigerien et dont le contrat avec le Niger s’expire fin 2007 et qui est confrontée à la volonté des autorités de diversifier l’exploitation de ce métal via notamment des sociétés chinoises, indiennes ou australiennes ayant déjà reçu des permis d’exploration : d’où l’enlèvement du ressortissant chinois dans la region ayant pour but d’instaurer un climat de peur qui chasserait ces sociétés pour que AREVA puisse rester le seul maître à bord !) et un pays voisin qui se dit "frère" (j’ai nommé la Libye de Khadafi qui dans une correspondance diplomatique datant de mai dernier reclamait une portion de 30 000 km2 du nord nigérien : en effet cette partie du Niger regorge du pétrole et est située sur la même nappe phréatique que la Libye, son exploitation diminuerait et entrainerait l’épuisement plus rapide des gisements libyens. Et ce conflit entre Khadafi et le Niger date de longtemps puiqu’il y a opposé déjà Khadafi au 1er president du niger indépendant dans les années 1970 et continue toujours. Khadafi a même, dans la lettre que je vous citai plus haut, "interdit" aux autorités nigeriennes d’attribuer des permis de prospection du pétrole dans cette zone qui "lui appartient". Par ailleurs, le même Khadafi - selon des sources très sûres- approvisionnent ces rebelles avec armes et formation militaire, Pouquoi selon toi ? Et bien pour ce qu’il appelle "l’édification du grand Sahara" puisqu’il a réussi à les faire croire qu’il est un de leur frère et à même réussi à se faire élire "Grand sultan de tous les touarègs du Sahara" il y’a de cela 3 mois à Agadèz même( region fief des tensions) à l’occasion du Mouloud.) Tout ceci n’est qu’un pétit aperçu des preuves que les Nigeriens détiennent et je ne crois pas que tout un peuple puisse se tromper !

      Mais bien sûr, à première vue, tout ce que je raconte semble absurde pour le lecteur et l’observateur non avertis mais pour comprendre cela il faut bien entendu vivre cela et connaitre l’histoire. Je me suis efforcé de te faire un résumé objectif de la situation qui prévaut dans le nord de mon pays. Et pour bonus, je t’informe que la section arabe du MNJ a déposé les armes et a apporté son soutien au gouvernement et dénonçait dans sa déclaration "la volonté de contrôler les chefs du MNJ par des mains étrangères". Cela pour te dire que ces arabes sont dans la même situation que les touarègs mais se sont rendu compte que la lutte qu’ils menaient n’avait rien d’une question d’ordre ethnique et ont choisi la voie de l’unité nationale. Donc pitié ne traitez pas ces rebelles de rebellion touarègue oeuvrant pour la cause touarègue. Ces gens sont manipulés et les Nigeriens s’en sont rendu compte comme quoi "on ne peut pas duper tout un peuple..........."

      Mais wait and see l’histoire me donnera raison cher ami burkinabé ! Le cas échéant, si ça s’avère être la "cause touarègue", rendez-vous alors à ouaga pour les négociations ! A bientôt !

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